Avec Eveline Toillon, l’histoire des Chaprais et de ses rues devient passionnante
A l’invitation de Vivre aux Chaprais, Eveline Toillon a raconté durant deux heures, l’histoire du quartier des Chaprais et des noms de ses rues le jeudi 29 septembre 2016 au FJT La Cassotte
Jean Pierre Rouillon, président de Vivre aux Chaprais a présenté brièvement l’association et ses prochaines initiatives puis la conférencière de la soirée :
« J’ai l’honneur d’accueillir en lui souhaitant la bienvenue, l’écrivaine et historienne Madame Eveline Toillon qui a accepté avec gentillesse notre invitation à venir nous apprendre la petite et la grande histoire du quartier dans lequel nous vivons Passionnée d’histoire de la ville et infatigable enquêtrice vous allez sans aucun doute nous régaler et je tiens à vous remercier pour cette soirée que nous allons partager. Suivons le guide, mesdames et messieurs, car madame Toillon nous emmène en balade au cœur des Chaprais, ce quartier que nous aimons tant. »
L’exposé de Madame Toillon s’est déroulé en deux temps : d’abord l’histoire du quartier (illustré à l’aide de plans de Besançon à différentes dates) puis la présentation des rues du quartier en indiquant l’origine des noms
Durant des siècles, la ville de Besançon resta blottie dans la boucle protectrice formée par le Doubs. L’expansion de Besançon était limitée à la boucle et à Battant avec des portes fermées chaque nuit de 22 h 45 à 4 heures du matin
De l’autre côté du Doubs, les Chaprais (terme apparu en 1234) étaient « des prés et des champs » puis des jardins avec quelques maisons comme on peut le remarquer sur ce plan en relief.
Des habitations se sont installées le long des rares chemins dont la route de Baume (ou de Strasbourg) devenue rue de Belfort. Les plus riches bisontins ont construit des maisons de campagne aux Chaprais comme celle de l’abbé Millot.
Le siège de la ville en 1814 par les troupes autrichiennes fut dramatique. Le général Marulaz ordonna la destruction de toutes les constructions aux Chaprais. Il semble que seules deux bâtisses réchappèrent le « château rose » et une maison (classée) à l’angle des rues de la Cassotte et des deux princesses
Ce fut seulement à la fin du XIX e que, libérée de lourdes contraintes militaires la ville put se développer en commençant par annexer les hameaux voisins, les Chaprais en premier lieu en 1880.
La construction des deux gares de la Viotte et de la Mouillère a été décisive dans l’essor du nouveau quartier
Besançon voulait devenir une ville thermale
Plusieurs projets furent présentés pour rationaliser le tracé des rues du quartier en particulier le plan Boutterin en 1938 (en rouge sur le plan)
Il a fallu attendre la fin du 20 e siècle pour que le quartier prenne sa physionomie actuelle avec beaucoup de constructions et plus guère de verdure
Dans la deuxième partie de son exposé, Eveline Toillon a expliqué l’origine des noms curieux de certaines rues : Cassotte c’est un petit récipient pour puiser de l’eau à la fontaine, Chasnot vient de chêne, un arbre (ou un bois) point de repère, les Fluttes-agasses (lieu où chantent les pies), Pater vient du latin pastus (pâturage) et non pas d’une prière, Viotte vient du latin viculus signifiant voie, d’abord Viatte de Bonnay, puis Viotte.
D’autres rues ont reçu le nom de personnalités comme Denfert-Rochereau qui défendit Belfort, de Giuseppe Garibaldi, de Tristan Bernard un humoriste joueur invétéré qui prit comme prénom Tristan, le nom du cheval qui lui fit gagner beaucoup d’argent. Les maires de la ville ne furent pas oubliés : Krug (en remplacement de la rue des noyers) , Micaud, Delavelle
En revanche, pas de véritables princesses aux Chaprais mais, selon l’historien Coindre, trois (réduites à deux) femmes très accueillantes dans un hôtel.
Eveline Toillon a évoqué aussi l’église Saint Martin déménagée, puis agrandie et les villas de la rue de Vittel illustrant l’art nouveau comme à Nancy
Bien d’autres informations et anecdotes ont été exposées durant cette riche causerie
La soirée s’est déroulée dans une ambiance détendue avec beaucoup d’interventions des nombreux participants (plus d’une cinquantaine) que ce soit pour apporter des précisions de Jean Claude Goudot sur la rue des Chalets (qui aurait pu s’appeler rue Fred Lipman) et l’avenue Fontaine Argent (sujet du premier café histoire jeudi 6 octobre), pour poser des questions par exemple sur la rue du Cercle, sur le cimetière des Chaprais, proposer des témoignages, des souvenirs ou s’étonner de la délimitation officielle du quartier par la mairie (Pourquoi l’avenue de la Vaite est-elle exclue ?)
L’association Vivre aux Chaprais a remercié notre conférencière si érudite et sachant présenter l’histoire si simplement. Les trois prochains rendez-vous ont été rappelés : café d’histoire jeudi prochain, hommage aux 24 Résistants tués à la Libération le 1° novembre à 11 h place de la Liberté et la réunion débat sur l’avenir du quartier lors de l’Assemblée Générale le jeudi 10 novembre à la Cassotte
Voir l’annonce de la conférence et les ouvrages d’Eveline Toillon