Connaissez-vous l’histoire de la rue Jeanneney ?

Connaissez-vous l’histoire de la rue Jeanneney ?

Il y a 100 ans, 116 personnes habitaient dans cette petite rue Jeanneney près de la Viotte

rue Jeanneney pigeonnier

Une rue de création assez récente entre la rue du Chasnot et la rue de la Viotte

Selon Eveline Toillon, elle porte ce nom depuis seulement 1911, en hommage à Louis-Camille-Edmond Jeanneney (1865-1900) qui a fait de la ville son légataire universel.
4e régiment d'artillerie
Il ne faut pas confondre ce capitaine au 4° régiment d’artillerie avec le peintre François-Victor Jeanneney né en 1832 à Besançon et mort à Vesoul en 1875.

En réalité, quelques maisons apparaissent déjà sur le plan de 1883, mais à cette date, c’est le seul moyen de relier la rue Viotte et la rue du Chasnot (tracé en angle souligné en rouge)
plan rue Jeanneney en 1883
En 1896, la rue Viotte est prolongée tout droit, le passage en angle n’est plus obligatoire.
plan 1896
En 1926, la photo aérienne montre l’état des lieux : la gare en sombre et les rues en blanc : Viotte, Jeanneney, Chasnot Rotonde, Belfort etc …
rues Viotte, Jeanneney en 1926

Une petite rue très densément peuplée

Selon les résultats du recensement de 1921, 116 habitants répartis en 38 ménages se concentrent dans 8 maisons. A comparer avec la rue Garibaldi voisine qui n’a que 22 habitants à cette époque ! Dix ans plus tard, la rue Jeanneney a encore 95 habitants, elle a perdu un ménage et 21 habitants, mais le contraste perdure avec la rue Garibaldi qui n’a que 9 habitants !
Et pourtant, les familles nombreuses sont rares : seulement 2 ménages de 6 personnes. Il s’agit de la famille Guillemet dont le père né en 1882 est employé à la Cie PLM, avec son épouse, ils ont 4 filles inactives; et de la famille Olivier dont le père né en 1866 est plombier à la Cie du gaz, son épouse et leur quatre enfants dont trois ont une profession employée à la « Chefferie du Génie » ou apprenti mécanicien. A l’opposé, on relève 4 personnes seules et douze ménages de deux personnes. En majorité, les ménages sont composés de 3 ou 4 personnes.
C’est surtout au numéro 10 que le peuplement est dense : 33 habitants répartis entre 10 ménages.
Si le numérotage n’a pas été modifié depuis un siècle, il s’agit de l’immeuble en recul, sachant qu’il n’y avait pas de numéro 12.

Quelles étaient les professions des actifs ? une rue de travailleurs salariés

Sans surprise, vu la proximité de la gare, ce sont les cheminots les plus nombreux : douze personnes (tous des hommes) travaillaient pour la Compagnie PLM.

On dénombrait 7 mécaniciens travaillant notamment aux Automobiles Schneider (avenue Fontaine Argent), chez Groslambert (rue de Vesoul) dont deux apprentis et deux en chômage. Il existait déjà !
Le commerce employait 7 habitants que ce soit aux Docks franc-comtois, au Économiques bisontins, aux Nouvelles Galeries ou à l’épicerie Sancey.
8 rue de la Liberté Druhen
Les femmes actives étaient ouvrières soit bonnetières chez Druhen (rue de la Liberté) ou Félix (à Montjoux) soit à la chocolaterie Jacquemin (rue du Château rose). Les autres travaillaient à la « Chefferie du Génie« . Pas de domestiques.
D’autres employeurs, la Compagnie du gaz, les PTT, la Gangloff (pour un terrassier !), Frossard, Grisot…
Ernest Perrot né en 1860 était charron chez Delacre rue de Belfort, Camille Sire était « perceur » che Dolo.
Vital Mourey originaire de Sancey le Grand était instituteur. Il habitait au numéro 6 avec huit autres ménages
6 rue Jeanneney
Donc, tous des travailleurs salariés à deux exceptions près : Stanislas Nonotte, un patron cordonnier né en 1840 et Gustave Sarrazin, un patron négociant qui habitait avec sa famille, au numéro 4.
4 rue Jeanneney


L’âge et l’origine des habitants de la rue Jeanneney

En 1921, les actifs et chefs de famille sont plutôt jeunes : deux sur trois ont moins de 40 ans.
Les plus jeunes (17 ans) sont deux apprentis mécaniciens. Le plus âgé, né en 1840 est donc Stanislas Nonotte le cordonnier qui habite au numéro 2.
Les adultes étaient nés en dehors de Besançon en majorité dans un village de Franche Comté . Encore une illustration de l’exode rural qui caractérise la fin du XIX° . Un quart est originaire de plus loin comme Dijon, Saint Etienne ou Cholet.
Les bisontins d’origine représentaient moins de 30 % du total. C’est le cas de Gustave Cuenin né en 1890 à Besançon qui était employé aux Nouvelles Galeries. Il habitait avec son épouse Juliette et sa fille Olga Kranzoff au numéro 3
3 rue Jeanneney

La villa située actuellement au numéro 7 a une histoire plus récente :

villa 7 rue Jeanneney
c’est ici que Gérard Mantion a créé en 1951 sa société Maty qui a pris une grande ampleur à d’autres adresses. Voir l’article consacré à Maty
La physionomie générale de la rue a beaucoup changé depuis quelques années :
jardins rue Jeanneney
Les jardins au pied des numéros 10 et 12 sont maintenant dominés par les constructions du pôle Viotte
10 rue Jeanneney chantier Viotte avril 2020
Le chantier de construction en avril 2020

Revoir quelques articles précédents de la série sur l’histoire des rues des Chaprais il y a 100 ans
Rue de la Viotte une rue de passage
Rue de l’Industrie il y a 100 ans, quelles industries ?

Sources Résultats des recensements et plans de Besançon Archives municipales numérisées; Eveline Toillon : Les rues de Besançon
Nous n’avons pas de photos anciennes de cette rue. Si vous en détenez, ce serait sympa de les communiquer chaprais@gmail.com Merci d’avance !