Rue de l’industrie, il y a 100 ans, quelle industrie ? quels habitants ?
Mécanique, dorure, menuiserie, raisins, charrons, cheminots etc .. histoire d’une rue industrieuse ouverte près de la gare Viotte
Poursuivons notre tour des rues du quartier des Chaprais, en exploitant les résultats du recensement de 1921. Après la rue de la Viotte, voici la rue de l’Industrie.
Actuellement connue principalement par son consulat algérien,
Cette petite rue doit son nom depuis 1881 à son activité industrielle. Mais laquelle ?
En haut de la rue, au numéro 18, il y a eu l’importante menuiserie Blanchard et un industriel Charles Frey qui produisait des moteurs et exposait ses réalisations à la 3 ° Foire Comtoise en 1924
Côté impair, au numéro 17, il y a eu jusqu’à une date plus récente la maison Boss spécialisée dans le commerce de ferments de raisins
Il vendait notamment la boisson Raisina
Au milieu de la rue, au numéro 6, se situait les ateliers et bureaux de la maison Bijasson spécialisée dans la dorure
L’activité a été reprise par un dénommé L. Huart à la fin des années 30.
M Bijasson est connu comme pilote et pour avoir été à l’origine de la création de l’aérodrome de Thise au début des années 30.
Ce n’est que plus récemment qu’un immeuble assez moderne a été construit au numéro 2, à l’angle de la rue de Belfort qui a abrité l’entreprise horlogère R. Philippe dans les années 50
puis actuellement un marchand de tissus et des bureaux
Auparavant, le carrefour avec la rue de Belfort et l’avenue Carnot avait une autre physionomie
avec le Café de Lyon au rez de chaussée en face le Terrass hôtel
L’origine de la rue de l’industrie est liée à la création de la gare Viotte.
En 1862, sur le plan Landresse, on n’observe pas de rue, juste quelques maisons à cet endroit. dénommé « les hauts de Battant »
Même en 1883, le plan n’indique toujours pas de rue de l’industrie mais déjà la rue Garibaldi
En 1896, la rue de l’industrie apparaît avec 5 maisons côté impair et 7 côté pair et plusieurs en retrait.
Ni rue Grsojean ni rue du Balcon.
En 1937, sur le plan Siffert les rues Grosjean et du balcon (des voies privées) sont tracées, mais pas la jonction entre les deux.
Après guerre, l’avenue Foch et au fond les toits de la rue de l’industrie
Entre temps, la rue avait gravement subi le bombardement de juillet 1943 détruisant plusieurs maisons.
A la fin du XX° siècle, vue du ciel, la rue de l’industrie se présente ainsi
En 1921, la rue de l’Industrie était peuplée de 181 habitants répartis entre 64 ménages.
Les ménages les plus fréquents étaient composés de 2 ou 4 personnes. Peu de personnes seules, et encore moins de familles nombreuses. Une exception : un ménage réunissait 8 personnes, celui d’Octave Beauvais maréchal-ferrant avec son fils logeant au numéro 4 de la rue.
Les habitants étaient pour la plupart nés en dehors de Besançon (à 80 %) mais une seule personne était étrangère (Suisse) habitant au n° 8 et travaillant au numéro 6 chez Bijasson.
L’âge moyen des chefs de famille et actifs était de 40 ans avec une répartition inégale : en majorité, ils étaient nés entre 1870 et 1890 avec un creux entre 1890 et 1900 (sans doute un effet de la Guerre de 14-18). Le plus âgé avait 73 ans il habitait au n° 1
Quelles activités professionnelles en 1921 rue de l’industrie ?
Au premier rang, on trouvait des cheminots : 15 personnes travaillaient pour la Compagnie PLM. Ils habitaient plutôt côté pair principalement aux numéros 4, 8, 12 et 14.
Le 14 rue de l’industrie au début des années 2000
Les postiers étaient présents en moins grand nombre (4). Les métallos travaillaient aux Automobiles Schneider ou étaient horlogers chez Lipmann ou aux Spiraux (rue Suard). Il subsistait des métiers traditionnels comme charron, maréchal-ferrant, tonnelier, brocanteur. On ne dénombrait que deux maçons travaillant chez Micciolo.
Le commerce était bien représenté avec 6 salariés aux Economiques Bisontins (dont le sous-directeur) et un camionneur aux Docks Franc-Comtois et plusieurs voyageurs de commerce.
Un clerc de notaire (au numéro 10), un employé à la Préfecture, 3 comptables et deux brigadiers de police dont Jacques Poulet habitant au n° 4.
Les femmes sont journalières, coiffeuse, tricoteuse, modiste, cuisinière (à l’hôtel de la gare) ou « accoucheuse ».
Fait remarquable : l’absence de domestiques dans cette rue contrairement à la plupart des autres du quartier.
Cet article rassemble plusieurs documents sur la rue de l’industrie, mais peu de photos de cette rue, si vous en avez, n’hésitez pas à les envoyer à chaprais@gmail.com.
Une question reste en suspens : dans son livre « Les rues de Besançon », Eveline Toillon évoque une dénomination antérieure : rue de la manufacture. Mais quelle manufacture ?
Il y a bien eu une manufacture de tabliers, mais c’est beaucoup plus tard, dans les années 1940
Sources : Merci à Alain Prêtre, Christian Mourey, Archives de Besançon, memoirevive