Portrait du Résistant Louis Renaudin

Portrait du Résistant Louis Renaudin
Portrait de Louis Renaudin

Louis Renaudin

Vingtième portrait de résistant tué lors des combats pour la libération de Besançon et dont le nom figure sur le monument de la Résistance, place de la Liberté. Ce portrait, réalisé comme les autres par mr. Bernard Carré, est enrichi des témoignages d’un de ses fils et de son petit fils Alain Prêtre. Nous les en remercions vivement. Les documents photos ont été proposés par Alain Prêtre.

Voici ce que nous précise, au sujet de Louis Renaudin, son petit fils Alain Prêtre.

Portrait de Louis Renaudin enfant

Louis Renaudin enfant

« Louis, Fernand, Renaudin est né le 25 août 1902 à Petit Noir (Jura) d’une famille d’agriculteurs.

Durant son enfance, il aide ses parents aux travaux de la ferme et trouve plus tard un emploi de majordome au château de Neublans (Jura), où à l’époque 6 employés y travaillent dont une lingère, Ernestine Jacquot,  qui deviendra son épouse le 8 février 1926.  Ils  occuperont une pièce dans les dépendances du château.

Les jeunes mariés Louis et ernestine en 1926.

Louis et Ernestine Renaudin en 1926

Le 2 janvier 1927 naissent des jumeaux, Fernand et Thérèse. La pièce qu’ils occupent est dorénavant trop petite pour la famille. Louis,  avec l’aide de son frère cadet installé à Besançon comme agent de service au Lycée Pasteur, trouve un emploi dans une société qui installe les lignes électriques dans les villages avoisinants.

Photo deLouis et Ernestine Renaudin avec leurs 3 enfants, chemin de Palente, en 1938.

La famille Renaudin, en 1938, chemin de Palente.

 Le couple s’installe donc chemin de Palente à Besançon. Avec la crise de 1930, Louis se retrouve au chômage.  Son oncle, alors commissaire de Police, lui conseille de  préparer  le concours d’entrée à la Police, concours qu’il réussit. En 1935, il entre comme sous brigadier au commissariat de Police de Besançon. Avec l’héritage de ses parents, le couple construit une modeste maison rue des Fluttes Agasse. Entre temps sont nés deux autres enfants…. »

Photographie du policier Louis Renaudin

Le policier Louis Renaudin

Louis Renaudin est donc brigadier des gardiens de la paix dans la Police municipale de Besançon. Dans son rapport du 16 septembre 1940 destiné à la promotion d’agents de police au grade de brigadier, le commissaire central de Police de Besançon, Adrien Aubry, expose l’action professionnelle de Louis Renaudin. Il écrit : « RENAUDIN Louis, Agent de 3° classe, entré au Service en décembre 1935, est excellemment noté, révélant une aptitude confirmée pour faire partie des cadres, à l’échelon de sous-brigadier. Réunissant l’intelligence, la présentation et le sentiment de sa mission, tiendrait opportunément sa place dans le cadre […] » (AM Besançon, 1 J 172, Police municipale – Organisation, dossier 3, …, Pièce .., Rapport du Commissaire central de Police de Besançon à M. le Maire de la Ville de Besançon, n° 10328, 16 septembre 1940). Entre ce rapport et le 31 décembre 1940, il est promu Brigadier. Et par lettre du 22 décembre 1941, le Commissaire central de Police écrit au Maire de Besançon :

« Monsieur le Maire de la Ville de Besançon,

J’ai l’honneur de rappeler à votre attention le Brigadier RENAUDIN  auquel il a été promis pour le début de l’année les galons de Brigadier-chef.    Je vous ai adressé un rapport sur ce gradé qui continue à se manifester comme l’un des meilleurs sujets du Corps des Gardiens de la Paix.

Je vous serais reconnaissant, Monsieur le Maire, d’envisager la possibilité de lui donner l’avancement qu’il mérite.

Le Commissaire Central                                 [Signature manuscrite]                Brochet »

En marge de cette lettre, deux notes manuscrites :

« D’accord pour sa nomination de Brigadier-chef à partir du 1er février 1942 puisque promesse avait été faite au Commissaire Central                                               L’Adjoint             [Signature manuscrite] : A. Coulon »

Et en dessous,                « M. Renaudin sera nommé Brigadier-chef à partir du 1er février 1942

Photographie du laisser-passer allemand (ausweiss) de Louis Renaudin.

Le laisser passer des autorités allemandes d’occupation pour Louis Renaudin.

Le Maire              [Signature manuscrite] : Bugnet »

(AM Besançon, 1 J 172, Police municipale – Organisation, dossier 3, Organisation générale (1873-1942), Pièce .., Lettre du Commissaire central de Police de Besançon à M. le Maire de la Ville de Besançon, n° 19773, 22 décembre 1941)

 

Photo de Louis Renaudin, sur un char américain, le 7 septembre 1944, peu de temps avant qu'il ne soit tué.

Louis Renaudin lors des combats de la libération, sur le char américain.

Il est tué à l’ennemi le 7 septembre 1944 à 18h30, lors d’un accrochage Route de Vesoul à Besançon. Dans son rapport « sur l’expédition de Saint-Claude», Marcel Riffey écrit : « Le jeudi 7 septembre 1944, vers 18h30, nous sommes montés sur 3 chars américains à l’extrémité de la Rue de Belfort, devant le Café Belz. […]

Notre groupe se composait d’environ 25 à 30 FFI et isolés sous le commandement du Lieutenant Manotte.

Nous étions une dizaine sur le premier char ; j’ai reconnu à mes côtés Mussillon, secrétaire de Police, Renaudin, brigadier de Police, Cretin, Agent de Police, Robert, Agent de Police, Renaud, Agent de Police, Renard Henri, avenue de la Vaîtes, Guèpe, Agent de Police.

À 19h15, nous sommes partis grimpés sur les chars en direction de Saint-Claude. Les chars descendirent la Rue de Belfort et montèrent l’Avenue Foch. Celui sur lequel j’étais s’arrêta en face de la Villa Douce. Là, on nous fit prendre la formation de combat en ligne de tirailleurs, direction Saint-Claude. Nous avons traversé les Glacis devant la Gare Viotte et nous sommes arrivés au passage en dessous du Pont de chemin de fer de la Rue de Vesoul. À ce moment, les deux autres chars sont arrivés et tous les camarades sont descendus et se sont joints à nous.

Nous nous sommes engagés dans la Rue de Vesoul en formation de combat de rue.

Le Lieutenant  Manotte nous avertis alors : « Attention les gars, les Allemands sont du côté du Chemin Français ». Nous avons continué de monter la Rue de Vesoul en rasant les murs en accompagnement des chars qui marchaient sur la chaussée. » (Musée de la Résistance et de la Déportation, Besançon, Fonds Devaux-Maurin, Boîte 1, Archives de la SRD2, Groupement de Besançon,  Liasse D 9,  Rapports du groupe Manotte, Document 6, Rapport de Marcel Riffey, FFI, au Lieutenant Manotte).

Il reçoit l’hommage d’obsèques nationales à l’Institution Saint-Joseph, avenue Fontaine Argent le 11 septembre 1944. Il est inhumé dans le cimetière des Chaprais de Besançon.

Photo de la tombe de Louis Renaudin au cimetière des Chaprais. Photo réalisée par son petit fils Alain Prêtre.

La tombe de Louis Renaudin au cimetière des Chaprais (photo Alain Prêtre).

Le 26 février 1945, il est déclaré « Mort pour la France » par avis du Commandant de la Sous-région D2 ; l’acte est transcrit le 13 mars 1945 (cote AC 21 P 21266).

Sources : Archives Municipales de Besançon, Recensement de Population, 1936, Besançon, 10° section (1 F 195) ; État civil, registre des décès, 1944, acte de décès n° 907 (1 E nc) ; Convoi des victimes civiles et FFI décédés les 5-8 septembre à Besançon, obsèques nationales le 11 septembre 1944 (4 H 52/1)  ; (Musée de la Résistance et de la Déportation, Besançon, Fonds Devaux-Maurin, Boîte 1, Archives de la SRD2, Groupement de Besançon,  Liasse D 9,  Rapports du groupe Manotte, Document 6, Rapport de Marcel Riffey, FFI, au Lieutenant Manotte) Les Nouvelles de Besançon, 11, 13 septembre 1944 et n°7 16-17 septembre 1944 ; Memorial Genweb. Org (référence  bp-5167756); recherches de la section du Doubs du Souvenir Français.

Relevés de monuments : Besançon, Monument aux morts; Besançon, Stèle commémorative Place de la Liberté; plaques commémoratives de la Chapelle des Buis;

Le nom de Louis Renaudin figure sur les plaques commémoratives de Notre Dame de la Libération à la Chapelle des Buis.

Inscription plaques commémoratives Notre Dame de la Libération à la Chapelle des Buis.

Besançon, Livre d’or des habitants de Besançon morts pour la France, 1961   (AMB,  4 H 83).

 Alain Prêtre nous précise également :
« J’ai recueilli de mon oncle le témoignage suivant…il avait 7 ans à l’époque.
 Au cours des opérations de la libération de Besançon, les américains bombardaient le quartier saint Claude depuis Montfaucon, les obus  explosaient en altitude et retombaient au sol sous forme de pluie d’éclats. Mon  père, dans la précipitation, et pour protéger la famille, avait construit un abri précaire, dans le fond du jardin, rue  des Flûtes Agasses, avec des rames de haricots, Dans la journée du 7 septembre 44, un voisin est passé et a conseillé vivement, ma  mère et ses 4 enfants de se réfugier dans le sous sol de sa maison, car une dalle y avait été faite et ce serait certainement plus efficace. Nous avons donc  passés la nuit là  et  c’est tôt le matin du 8 septembre que des  collègues de mon père sont venus prévenir ma  mère du décès son époux,  rue Lalande à Besançon. Il avait dû être coupé en deux par la rafale de la mitrailleuse allemande  caché derrière un soupirail de cave. Mon frère, 17 ans à l’époque est allé seul à Saint Joseph reconnaitre son père. Il connaissait  l’endroit ou celui ci cachait son brassard de FFI  (intérieur de sa chaussure droite). Il l’a donc déchaussé et lui a mis le brassard au bras.  Les obsèques ont eu lieu peu après à Saint Joseph et au Sacré Cœur. Puis le convoi, charrette et cheval  chargés  des cercueils,  ont pris la direction du  cimetière des Chaprais.
Quelques jours après ces événements,  un homme a rendu visite à ma mère et lui a remis un cliché, qu’il avait  pris rue de Belfort, le 7 septembre quelques minutes avant le drame. »

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