Rue de la Viotte, une rue de passage. Il y a 100 ans, qui y habitait ?

Rue de la Viotte, une rue de passage. Il y a 100 ans, qui y habitait ?

Toujours proche de la gare, mais méconnaissable, y logeaient des cheminots, ouvriers et artisans

Entre 1937 et 2015, des changements limités

Viotte Garibaldi vu du ciel en 2015

Qui pourrait la reconnaître depuis les constructions des dernières années ?

La rue de la Viotte dans les années 1950

Rue de la Viotte (début)

Il y a encore quelques années, le début de la rue de la Viotte avait cette allure : un hôtel à droite (agrandi) et le bâtiment qui abritait les cheminots de passage dominant la rue à gauche et accessible seulement par la gare.

Avant la rue Jeanneney, toutes les maisons étaient situées à droite (côté pair) . Au recensement de 1921, le numérotage des 12 maisons était impair et pair (de 1 à 12). Il est donc difficile de repérer la correspondance avec le numérotage actuel. On ne dispose pas de plan de de la rue en 1921. Si on remonte encore davantage dans le temps, en 1896, la gare Viotte est déjà en place depuis une quarantaine d’années mais il y a très peu de constructions rue de la Viotte, toutes situées du même côté.


Au recensement de 1921, on dénombrait 210 habitants répartis entre 59 ménages dans 12 maisons.

Très peu de familles nombreuses, en moyenne 3,5 personnes par ménage. 5 ménages seulement avaient plus de 5 personnes. Le plus grand comptait 8 personnes, mais il s’agissait d’un patron, Bernard Mercier avec 7 « domestiques ». On remarquait aussi dans la même maison (au numéro 8) un ménage de 7 personnes : celui de Marie Thérèse Herr avec ses 6 enfants. Au numéro 1 et au 9 trois ménages de 6 personnes.

On relevait 8 personnes seules. Et aussi 5 veuves, ce qui n’est pas surprenant quelques années après la guerre de 14-18.

D’où venaient-ils ? D’ailleurs

Parmi les actifs, très peu étaient nés à Besançon, huit sur dix étaient nés ailleurs. Les étrangers sont encore plus rares : un seul est né en Suise, un autre en Italie et un troisième à Stuttgart. Cette rue comme les rues voisines, apparaît comme un lieu de passage, une étape dans l’exode rural.

Des travailleurs assez âgés, entre 40 et 60 ans

Trois quart des actifs étaient nés entre 1860 et 1890. Les jeunes actifs sont rares et ils vivent encore avec leurs parents.

Le plus âgé était né en 1830, il s’agit de Bernard Mercier un entrepreneur. François Jullien était né à Arles en 1835, il exercait la profession de ferblantier. Pierre Vauthier était né en 1841, il était ouvrier menuisier. Deux veuves étaient assez âgées (nées en 1838 et 1843) mais étaient encore classées parmi les personnes actives comme « journalières ».

Une rangée de petites maisons anciennes dont celle occupée actuellement par Radio BIP

Quelles étaient les professions représentées rue de la Viotte en 1921 ? principalement des cheminots et d’autres travailleurs manuels.

15 cheminots habitaient rue de la Viotte ainsi que le tenancier du buffet de la gare. On peut remarquer que 10 ans plus tard, au recensement de 1931, il n’y a plus que 9 personnes travaillant pour la Compagnie PLM dont le chef de district René Jeanneney. Ils habitaient alors soit au numéro 1, soit au numéro 16. Mais ce ne sont plus les mêmes. On ne restait pas longtemps dans cette rue.

16 travaillaient dans le secteur textile ou habillement (surtout des femmes) dont 6 ouvrières tricoteuses à la bonneterie Druhen (rue de la Liberté), aux Soieries, une blanchisseuse et une couturière…

Deux seulement dans l’horlogerie dont un patron : Perrenoud d’origine Suisse. Un lapidaire en retraite. Un ouvrier chocolatier chez Jacquemin rue du Château rose.

11 personnes travaillaient chez des particuliers comme domestiques dont 7 chez Mercier. Et aussi deux concierges.

Plusieurs travaillaient dans le bâtiment et la construction comme maçon, plâtrier, terrassier, menuisier ou ébéniste.

15 journaliers ou manoeuvres.

On relevait un charretier, un maréchal ferrant et un camionneur. Et un chiffonnier.

Dans le secteur tertiaire, il y avait 3 militaires gradés, un instituteur, un greffier à la Cour d’Appel et deux employés d’octroi.

Pour compléter, deux typographes, deux voyageurs de commerce, un employé de commerce et trois forains ou marchands ambulants.

Il faut attendre le recensement de 1931 pour relever qu’au numéro 10 de la rue de la Viotte, la maison appartient à Georges Boss, un industriel de nationalité Suisse, né en 1883 au Locle. Il s’est spécialisé dans le négoce des ferments de raisins. Voir un précédent article sur cette maison

Maison jaune rue de la Viotte
La maison Boss, à l’angle de la rue de l’industrie qui disposait d’un beau parc arboré avant sa démolition pour l’extension de l’hôtel Florel
Sur le pignon du mur, côté rue de l'Industrie, enseigne de la maison Boss
Enseigne Boss côté rue de l’Industrie