La statue du Général Jeanningros aux Chaprais
Cette statue fut inaugurée le 15 août 1909 par le ministre de la guerre de l’époque, le général Brun. Elle était située en face de la gare Viotte, dans le parc des Glacis, avenue Foch, à proximité du Nouvel Hôtel ( aujourd’hui centre de rééducation et de balnéothérapie.Nous consacrerons notre prochain billet à l’ancien « Nouvel Hôtel »).
Qui était ce général qui fut ainsi statufié? Pierre-Jean-Joseph Jeanningros est né à Besançon le 21 novembre 1816. Il s’engagea en 1834 au 66° régiment de ligne mais il partit presque aussitôt aux Zouaves. Pendant 17 ans, il resta en Afrique où il conquit tous ses grades, jusqu’à celui de chef de bataillon. Il livra plusieurs combats et fut blessé à plusieurs reprises. Il reçut la croix de la Légion d’Honneur le 6 août 1843. En 1854, il passa du 4° régiment de zouaves au 43° de ligne. Envoyé en Crimée, il fut cité (pour la seconde fois) à l’ordre de l’armée puis promu officier de la Légion d’Honneur. Avec le 1er régiment de voltigeurs de la Garde, il prit part à l’assaut de Sébastopol. Il revint lieutenant-colonel au 8° de ligne, puis, lors de la campagne d’Italie, colonel au 82°. En 1882, il prit le commandement de la légion étrangère en Afrique. Il participa à l’occupation du Mexique et rentra en France général de brigade, commandeur de la Légion d’Honneur. Au moment où la guerre éclata entre la France et la Prusse, il commandait la 1ère brigade de la Garde grenadiers et zouaves. Lors de la défaite, ordre lui avait été donné de remettre les drapeaux et étendards au vainqueur. Il écrivit alors au maréchal dont il dépendait : « Les drapeaux de mes deux régiments ont été déchirés sur mon ordre : les hampes et les aigles sciés. Les drapeaux de ma brigade n’iront pas orner les musées de Berlin ».
Il fut interné avec ses soldats à Aix la Chapelle et ne fut remis en activité qu’au mois de juin 1871.Promu général de division en 1877, il est versé dans la réserve en 1881. Il meurt à Paris le 30 avril 1902.
Revenons à l’inauguration de sa statue. La venue du ministre de la guerre et des fêtes qui s’en suivirent durant 3 jours, furent l’occasion de grandes décorations dans les rues des Chaprais. Un journaliste du Petit Comtois, en reportage sur le terrain, écrit à cette occasion : » Je passe avenue Carnot, sous les arcs de triomphe qui n’ont pas été faits pour moi, évidemment. J’y passe tout de même. A la place Flore, j’aperçois un très joli kiosque à musique qu’on a bâti là tout exprès pour la journée d’aujourd’hui, parce qu’il paraît qu’il nous arrive ce matin des quantités de musiciens et qu’il leur faut des kiosques pour y faire entendre les sons harmonieux de leur sérénade. Je marchai encore et je vis la rue de Belfort où il y avait encore des arcs de triomphe et des drapeaux et des banderoles de papier et des guirlandes de verdure. Il y avait là 2 ou 3 cafés joliment décorés qui semblaient de fraîches oasis au bord de la route poudreuse et blanche. Aux environs de la gare, j’aperçus de longues, d’interminables guirlandes de buis d’une austérité et d’une solennité…Près de là, la statue du général…oui, vous savez bien, qu’on inaugure ce matin… ».
Mais, en vue de la construction du monument aux morts de la guerre 14/18 (monument inauguré le 30 novembre 1924), la statue est alors déplacée avenue d’Helvétie, à peu près à la hauteur de ce qui constitue le jardin actuel des senteurs.
Elle fut détruite, en 1941, par les autorités allemandes en même temps que celle de Pierre Joseph Proudhon située, pas très loin, au rond point des Bains.
Deux illustrations nous ont été communiquées par Christian Mourey. Les autres sont tirées du site mémoire vive, bibliothèque d’étude et de conservation de la ville. Tous les droits sont réservés.