A voir cette semaine : la Chimère et Bâtiment 5

A voir cette semaine : la Chimère et Bâtiment 5



L’Italie dans le regard de la réalisatrice Alice Rohrwacher et les banlieues sous la caméra virtuose de Ladj Ly deux films à voir cette semaine…

Beaucoup de films sortent en ce moment, mais si certains restent longuement à l’affiche, d’autres sont vite retirés. Il ne faut pas les manquer.



La chimère



En Italie, un jeune anglais Arthur, sourcier doté d’un pouvoir exceptionnel s’associe à une bande de tombaroli pilleurs de tombes étrusques. Ces ragazzi passent le principal de leur temps à cette activité.

La chimère Italie
Dans un décor suranné, à mi-chemin entre le réel et le faux, le film avance dans des souterrains où les objets déterrés passent de mains en mains. Dans les années 80, ils furent nombreux en Italie à vivre de ce commerce. Décors fanés, musique populaire calabraise accompagnent leur virée entre les vivants et les morts.

Ces garçons ressemblent aux jeunes gens du cinéma de Pasolini et peut-être aussi aux Vitelloni de Fellini. La cinéaste ne juge pas ces petits voyous frondeurs, elle les regarde et ils incarnent à l’écran l’image d’une Italie qui ne tombe pas dans les oubliettes de l’histoire du cinéma avec des vraies trognes, des lieux oubliés, des décors de fin du monde, comme cette vieille gare réhabilitée devenue un abri pour une jeune femme dont le prénom Italia incarne la possibilité d’un avenir.





Bâtiment 5 de Ladj Ly



Il y a quatre ans Ladj Ly avait réalisé « Les Misérables » un film sur la tension dans les banlieues. Son second film dénonce les compromissions politiques autour d’un projet de réhabilitation urbaine. Le cinéaste dénonce la dégradation des cité construites dans les années 60 et où s’entassent des familles. La première séquence où, suite à un décès, toute une communauté essaie de descendre un cercueil par les escaliers donne le ton. Suivie par la destruction d’une tour, le film se construit sur le même engagement que «Les Misérables » : montrer les banlieues telles qu’elles sont, abandonnées par les élus et éloignées de tout projet culturel d’urbanisation en faveur des habitants.

Bâtiment 5 film sur une banlieue
Il y a dans ce second film la puissance du fil ténu entre le documentaire et la fiction car le réalisateur nous interpelle sans relâche sur un monde au bord de l’explosion. Ladj Ly connaît bien la banlieue de Montfermeil pour y avoir vécu. Ici, il dénonce, la démission des politiques à l’égard des banlieues. Le grand talent de Ladj Ly consiste à ne pas préciser à quel groupe politique appartient le maire. Peu importe, qu’il soit de droite ou de gauche, l’édile par intérim (Alexi Manotti) ne prend pas en compte les grandes difficultés de la cité. Pire encore, à la veille de Noël, il déloge sans état d’âme les habitants d’une tour et fomente la révolte.