La rue Marie-Louise aux Chaprais, toute une histoire !

La rue Marie-Louise aux Chaprais, toute une histoire !

Villa Marie-Louise, famille Desgranges à l’origine d’une rue des Chaprais


Villa Marie Louise avril 2020
La rue porte le nom de la villa située à l’intersection avec la rue de Belfort au numéro 2


La saga de la famille Desgranges


La villa est à son origine, la propriété de la famille Desgranges. Cette dynastie est originaire de Luxeuil-les-Bains. Les sources les plus anciennes à son sujet remontent à 1642. Cette année, Nicolas Desgranges, un orfèvre d’Epinal épouse une jeune luxovienne, Anne Salltret.
Dans les décennies suivantes, les Desgranges font souche à Luxeuil et s’enrichissent dans le commerce de métaux précieux (orfèvrerie, joaillerie,…). Dans la première moitié du XVIIIème siècle, la famille se diversifie progressivement dans d’autres secteurs économiques.
Jean dit Pierre-Benoit Desgranges (1722-1793) et ses frères vont commencer l’irrésistible ascension de la famille. Jean devient notaire royal et occupe des postes administratifs prestigieux. Ces postes étaient souvent accaparés par des familles dont l’objectif était d’intégrer la noblesse de robe. En parallèle, Jean va en 1779 se lancer dans la papeterie en louant l’usine de Saint-Bresson (70). Quelques années plus tard, les fils de Jean, Claude-Joseph et Grégoire-Léopold vont acheter et agrandir l’exploitation. Le petit empire comptera à son apogée quatre sites de production, employant quelques centaines de salariés. Le principal client des Desgranges agit pour le compte du Moniteur universel. organe de communication de la monarchie française au XIXème siècle.
Claude-Joseph Desgranges (1751-1838) va être le premier à avoir un lien avec Besançon. Il est fort à penser qu’il achète le terrain qui accueillera la villa Marie Louise. On ignore à quoi ressemblait le bâtiment à cette époque. Claude Joseph est introduit comme avocat au Parlement de Besançon avant la Révolution. Son fils, François Léopold devient maire de Luxeuil en parallèle de ses activités de papetier. Il épouse Reine Briot, descendante des Briot de l’Isle, seigneur de Mancenans et de Médières (25).
De cette union va naître notamment, Nicolas (1809-1890) qui comme le reste de sa famille se reconvertit dans le textile. Nicolas a peu de lien avec Besançon, mais il doit être à l’origine des premiers bâtiments de la villa. Le luxovien exerce son activité à Remiremont d’où est originaire sa femme, Marie Hélène Berguam. Le couple a 7 filles et 2 garçons. Contrairement à d’autres couples de l’époque, l’union, plus ou moins organisée est devenue un mariage d’amour.
Marie Hélène Berguam est surnommée Marie Louise selon une tradition familiale. Elle décède en 1884. Son mari veuf a dû certainement baptiser la villa du nom de sa défunte épouse.

Voir l’article précédent Qui était Marie Louise ?

Parmi les filles du couple, Félicité Sophie Desgranges (1840-1906) épouse Paul Ernest Gentilhomme (1840-1906), un pharmacien de Plombières-les-Bains. Le père de Paul Ernest était le pharmacien de Napoléon III lors des nombreux séjours de l’empereur à Plombières.


Cavour et Napoléon III à Plombières

D’ailleurs, Cavour, le célèbre ministre italien a été hébergé chez les Gentilhomme. La visite de Cavour à Plombières a scellé l’engagement de la France dans l’unification italienne en 1859.
Le couple Gentilhomme-Desgranges s’installe entre Plombières et Saint-Bresson. Une de leurs filles, Ernestine Louise Gentilhomme (1863-1942) épouse un haut fonctionnaire, Charles Amédée Pourchet. Ce dernier est muté successivement dans plusieurs villes : Epinal, Lille, Lons-le-Saunier, Mâcon (où elle est locataire de l’immeuble de Lamartine) et enfin Nancy. Les douze enfants du couple vont au gré des mutations faire souche dans ses différentes villes. A la retraite, Charles Amédée décide de s’installer à Besançon avec sa famille au 2 rue Marie-Louise (rue nommée ainsi en 1910). La famille y vivra jusqu’au sortir de la Seconde guerre mondiale. Au décès de Charles Amédée en 1934, sa veuve et deux de ses enfants demeurent sur place. Pendant ou juste après la Seconde Guerre mondiale, les héritiers Pourchet vendent le tout à Raymond Moine, ingénieur de profession.


Marie Louise Girod

A la fin des années 50, un sous-traitant en horlogerie, René Girod s’installe dans l’immense demeure et ses dépendances, son activité cesse en 1976 laissant en souvenir de sa présence une plaque toujours présente. La villa « Marie-Louise » est aujourd’hui un ensemble d’appartements.


L’urbanisation et la place de la villa repérée sur les plans successifs


A proprement parler, la villa et ses dépendances ont été construits avant 1885, de nombreuses cartes en montrent l’existence (cf l’article à ce sujet).


Chaprais en 1862 plan Landresse

On trouve une trace de la villa en 1862, sur le plan Landresse, elle forme alors un complexe de 3 bâtiments. On voit bien l’intersection avec la future rue de l’Eglise.

plan des Chaprais 1885

En 1885, une extension a agrandi le bâtiment principal. Cette extension est le moment où Nicolas Desgranges et Marie Louise Berguam fréquente la résidence. A cette époque le bâtiment est très certainement le lieu de villégiature de l’ensemble des Desgranges.

plan Lauder 1895 rue Marie Louise
Les rues Fourier et future Marie-Louise sur le plan Lauder de 1895


En 1904, le percement de ce qui devient la rue Marie-Louise est réalisé, seuls quelques bâtiments existent, des résidences cossues pour des familles aisées quittant la Boucle sont construites non loin. La villa s’est encore agrandie d’un nouveau bâtiment et prend sa dimension actuelle.

Enfin en 1937, des résidences ont été construites sur l’ensemble de la rue.


En 1987, rues de Belfort, Marie Louise

En 1987, lors de la construction de la ZAC du Cheval blanc et du supermarché Casino

Rue Suard et Charles Fourier

Vue aérienne plus récente des rues Suard, Marie Louise et Charles Fourier



Réunion sur l’histoire et le patrimoine des Chaprais jeudi 3 mars 2022

Réunion histoire 3 mars 2022
Vous vous intéressez à l’histoire des Chaprais ? rendez-vous à la prochaine réunion jeudi 3 mars à 15 h au Centre Pierre Mendès France (salle 4). Le nombre de places étant limité, il est prudent d’annoncer sa venue par un message à chaprais@gmail.com

Centre Pierre Mendès-France rue des Chalets
L’accès au Centre Pierre Mendès France rue des Chalets

Cette réunion sera consacrée à l’histoire des rues Suard, Charles Fourier, Belfort et Marie Louise. Si vous avez des informations et documents sur ces rues, merci de nous les transmettre chaprais@gmail.com