Les cloches de l’église du Sacré Cœur aux Chaprais
Vous le savez, ce samedi 20 avril 2019, date de parution de cet article, est, pour les chrétiens, un samedi saint. Nous sommes donc dans la semaine sainte qui a débuté dimanche dernier,jour des Rameaux. Or, mercredi 17 avril à 18h50, vous avez entendu aux Chaprais, comme ailleurs dans la ville, les cloches sonner à l’unisson. Il s’agissait d’une décision de la conférence des évêques de France en solidarité avec le diocèse de Paris : lundi 15 avril 2019, à 18h50 , nous ne vous apprenons rien,débutait ce terrible incendie qui a ravagé Notre Dame de Paris. Les cloches retentiront de nouveau le dimanche de Pâques.
M. Alain Prêtre, l’auteur des photos couleurs qui illustrent cet article, nous a donc suggéré de rappeler l’histoire des cloches installées dans les deux églises des Chaprais : Saint Martin des Chaprais, la plus ancienne, et le Sacré-Cœur, la plus récente.
Commençons par l’histoire des cloches de la plus récente, celle de cette église votive dont la première pierre a été posée le vendredi 3 juin 1921, jour de la fête du Sacré-Cœur. Nous avons, par le passé, consacré un bref article à cette construction (voir article publié le 15 mars 2014 sous le titre « L’église du Sacré-Cœur, 14 avenue Carnot »). Nous y reviendrons certainement, mais concentrons-nous sur ses trois cloches.
Leur bénédiction donna lieu à une grande cérémonie le dimanche 27 avril 1924. Le quotidien local, L’Eclair Comtois, a rendu compte de cet événement dans son édition du 28 avril 1924 ( à noter que le quotidien Le Petit Comtois, journal très anti-clérical, et La Dépêche Républicaine de Franche-Comté, sauf erreur de notre part, n’ont dit mot sur cette bénédiction).
Voici un extrait de cet article publié par L’Eclair Comtois.
« Une cérémonie touchante et que l’on voit assez rarement s’est déroulée dimanche matin, en l’église votive du Sacré-Cœur, sous la présidence de Sa Grandeur Monseigneur Humbrecht, Archevêque de Besançon, celle de la bénédiction des cloches de la nouvelle Paroisse des Chaprais.
La cérémonie était fixée à 8h45, mais bien avant cette heure, les fidèles arrivaient si nombreux que bientôt le vaste sanctuaire fut trop petit pour contenir le flot sans cesse montant des paroissiens qui ne voulaient pas manquer d’assister à la touchante cérémonie qu’est une bénédiction, un baptême des cloches.
Grâce à un service d’ordre parfaitement conduit par des jeunes et dévoués paroissiens chacun put cependant trouver une place et l’église du Sacré Cœur était archi comble quand Sa Grandeur Monseigneur l’Archevêque fit son entrée et la cérémonie commença aussitôt selon les rites usuels toujours si impressionnants.
Depuis plusieurs jours, ainsi du reste que L’Éclair Comtois l’avait annoncé, les trois cloches qui bientôt prendront place dans les tours, pour animer la vie paroissiale, étaient exposées à l’entrée du choeur du Sacré-Cœur, sur l’échafaudage ad-hoc, à la place de la table de communion qui avait été enlevée pour la circonstance »…
Sont ensuite données quelques précisions concernant ces trois cloches.
La première cloche pèse 1 200 kg et donne le « ré dièse ».
Une inscription latine est portée sur ses flancs, traduite ainsi par le journal :
» Le Christ triomphe
Le Christ règne
Le Christ gouverne
Que le Christ me préserve de tout mal
Cette cloche
qui se nomme MARGUERITE-MARIE
a été dédiée au sacré cœur de Jésus
par Sa Grandeur Monseigneur Humbrecht
Archevêque de Besançon
en présence de M. Jean Dalloz, parrain,
et de dame Hermine Charrière
veuve de M. Albert Eugène Garnier
marraine
et aussi de MM. F. Pinondel, curé
et L. Tyrode, vicaire
le 27 avril 1924
En souvenir de M. Albert Augène Garnier
la cloche sonne
L’Ange vous appelle. Le Christ commande
Répondez et vous serez sauvé « .
La 2° cloche pèse 950 kg et donne la note « Fa ».
Et sur ses flancs sont notés les noms des parrains M. Pierre Jacobé, de la marraine, Dame Marie-Thérèse Le Mire et elle a été baptisée MARIE-AMBROISINE.
La 3° pèse 650 kg et donne la note « Sol ».
Parrain : M. Jules P. M. Grosperrin, son épouse Dame Marguerite-Marie Dromard étant sa marraine. Nom de baptême GENEVIEVE. relevons tout de même cette inscription sur ses flancs :
« J’appelle les hommes d’armes
J’annonce les jours
Je marque les heures
Je chante les fêtes
Je pleure les deuils
J’écarte les orages ».
Ces trois cloches ont été fondues à Brest dans les établissements de M. Gripon.
Relevons également que la cérémonie se termina à 11 heures ! Car selon le rituel religieux elles ont été l’objet d’une bénédiction de sel et d’eau, d’un lavage et d’un enfumage,en dessous, avec encensoirs. Puis, discours de Mgr Humbrecht. A la fin de la cérémonie parrains et marraines ont distribué des dragées tandis que l’on revêtait chaque cloche d’une robe de satin blanc avec des rubans de couleur différente pour chacune d’elles.
En attendant, d’ici quelques semaines, l’ article consacré aux cloches de Saint Martin des Chaprais, petite question : qu’est-ce qui est commun à une des cloches des églises Saint Martin, de la Madeleine, et de la basilique Saint Ferjeux?….
Photos des cloches Alain Prêtre (DR); autres photos Mémoirevive et Wikipédia (Mgr Humbrecht) DR.