Les habitants des Chaprais au XIXème siècle : d’où venaient-ils ?
Histoire des Chaprais au XIXème siècle :
Transformation d’un hameau maraîcher en quartier urbain (3)
Origine de la population des Chaprais en 1794 et en 1876
Merci à M Fabrice Petetin de nous avoir permis de publier des extraits de son mémoire de maîtrise (2001)
D’où viennent les statistiques ?
Deux recensements nous permettent de connaître les origines des habitants des Chaprais : celui de 1794 et celui de 1876. Il nous paraît particulièrement intéressant pour étudier le pouvoir d’attraction du quartier de connaître les origines des habitants. Cela est d’autant plus intéressant que ces recensements sont situés à des dates clef. Le premier, en début de période, nous livre des informations précieuses sur la formation du hameau. Le second, situé en pleine période de forte croissance, nous informe sur les origines des nouveaux chapraisiens.
En 1794 les Chaprais, un hameau en développement
En 1794, le hameau est encore jeune, donc en pleine croissance. Seule la moitié des habitants sont nés aux Chaprais. Les autres pour la plupart sont bisontins. Pour être plus précis, ils représentent 64% de nouveaux chapraisisens, dont un quart sont originaires de la banlieue (Bregille et Palente essentiellement). Une part non négligeable de la population, 8,5%, est issue des environs de Besançon (Thise, Avanne, Beure, Thoraise…). Les derniers 23 habitants viennent pour onze d’entre eux d’autres localités comtoises (Pontarlier, Baume, Orchamps-Vennes, Fraisans…).
Certains ont des origines plus lointaines puisque l’on compte un lyonnais, un picard, un nivernais, un parisien, un bourbonnais et un lorrain.
Enfin six horlogers suisses sont venus de la Chaux de Fonds ou du Locle avec Laurent Mégevand.
Il ressort de cette étude que la plupart des chapraisiens de 1794 sont originaires de la commune de Besançon à plus de 80 % et que les autres sont souvent des comtois venus aux Chaprais par mariage. Il faut tout de même noter qu’a l’époque révolutionnaire, ce hameau n’est pas répulsif puisqu’il accueille des horlogers suisses réfugiés à Besançon.
Le quartier des Chaprais s’est développé au XIXème suite à un exode rural et à l’immigration.
Ce diagramme montre qu’en 1876 seulement 32,6% des Chapraisiens sont nés dans la commune. On peut donc, dire que moins de 30% des habitants sont nés aux Chaprais, puisque parmi les Bisontins il ne fait pas de doute qu’un certain nombre d’entre eux viennent du centre, de Battant ou d’autres hameaux de la banlieue. Il apparaît donc qu’une faible part des habitants sont nés aux Chaprais. Cela met en évidence l’attraction des Chaprais sur les nouveaux bisontins. Ce quartier ne se développe plus grâce à une migration des bisontins du centre vers la banlieue, mais très largement grâce aux nouveaux arrivants. Ces derniers viennent souvent de loin, puisque seulement 26,1% sont des Doubistes. Il est probable, même si rien ne permet de l’affirmer, qu’une bonne partie d’entre eux viennent des environs de Besançon. Ce sont les meilleurs représentants de l’exode rural. Ici, comme dans d’autres villes, ils s’installent dans la banlieue pour profiter à la fois des avantages de la ville et de la campagne. Mais la majorité des nouveaux arrivants viennent de plus loin, 31,8% sont nés dans un autre département et 5,7% sont nés à l’étranger ou sont de nationalité étrangère.
Lire l’étude sur l’immigration alsacienne
La Suisse est l’origine principale des immigrants aux Chaprais
D’autres nouveaux bisontins ont franchi les frontières. Aux Chaprais les Suisses dominent largement avec 131 résidants. Les autres peuples sont représentés de manière plus symbolique, trois Allemands, trois Italiens, deux Belges et un Ecossais. Ces chiffres montrent la spécificité des Chaprais. Dans l’ensemble de la ville, on compte presque autant d’Italiens que de Suisses, au point que le consulat d’Italie en France a été ouvert quelques années avant celui de la Confédération Helvétique. Notons que deux personnes sont nées en Algérie, sans que nous ne disposions d’autres précisions.
Les immigrants suisses protestants et révolutionnaires ont été parfois mal vus, puis mieux acceptés avec l’ouverture d’un consulat en 1874
Le consulat fut longtemps installé dans la Villa Germaine de l’avenue Fontaine Argent (en face la rue Beauregard)
Quelques références pour approfondir la question :
Sur l’immigration horlogère suisse Lire l’étude de Claude-Isabelle Brelot dans le livre Horlogerie le temps de l’histoire
Sur l’immigration en général en Franche Comté (page 10 l’immigration horlogère suisse)
Lire la liste de tous les noms des citoyens de Besançon de 1678 à 1790
Revoir le début de l’ Histoire des Chaprais au XIXème siècle : Transformation d’un hameau maraîcher en quartier urbain
premier article : Physionomie des Chaprais à la fin du XVIII ° siècle et au début du XIX °
deuxième article : Evolution de la population des Chaprais de 1794 à 1911 et ses causes
Voir la suite Répartition par rues de la population des Chaprais au XIXe
NB Les illustrations ne sont pas extraites du mémoire de Fabrice Petetin