Avant le Pain d’antan, c’était quoi ?

Avant le Pain d’antan, c’était quoi ?

Histoire de boulangeries à l’angle de la rue du Chasnot et de la rue de Belfort.

début rue du Chasnot antan

Pour illustrer la rue du Chasnot dans le passé, Christian Mourey a proposé deux photos qui ont intrigué les membres du groupe histoire de l’association Vivre aux Chaprais. Chacune montre une boulangerie.

Nous avons voulu en savoir davantage sur les boulangeries de ce secteur des Chaprais.
La première carte postale est évidente. Elle montre le début de la rue du Chasnot depuis la rue de Belfort. Guy Renaud s’est amusé à faire correspondre la perspective à un siècle d’intervalle.

Rue du Chasnot 1920 et 2021
On peut s’amuser à rechercher les 7 différences (ou davantage). La première saute aux yeux : pas de boulangerie à l’angle de la rue de Belfort mais une épicerie. Une porte la sépare de la boulangerie. La bâtisse, située immédiatement derrière a disparu. Elle a été rasée suite à un incendie. En face, on distinguait déjà une boucherie, mais aussi un salon de coiffure et une épicerie. La maison située plus loin à l’angle de la rue du Général Roland a perdu de la végétation (ce n’est pas la même saison) et son terrain s’est réduit, le mur a été repoussé pour laisser la place à un petit espace public. Evidemment, pas d’automobiles en stationnement ni en circulation, les piétons pouvaient traverser tranquillement.

Une seconde photo non datée est plus intrigante. Où a-t-elle été prise et quand ?
Rue du Chasnot boulangerie

Boulangerie Viennoise. Un premier indice l’affiche annonçant « La férie de la glace pour la première fois à Chamars à partir du 9 juillet » . Second indice : les sortes de tavaillons visibles sur le côté qui subsistent encore actuellement rue du Chasnot.

Mais le nom sur la porte G. Nidégger ne correspond pas à un habitant de la rue lors des recensements. Le boulanger au béret pouvait peut-être habiter ailleurs. Mais c’est peu probable. La photo est-elle plus récente ? Probablement, la selle de moto visible en bas à droite devrait permettre à des spécialistes de motos à situer l’époque (années 1940 ou 50 ?)

Ces interrogations ont été l’occasion de passer en revue les informations que l’on peut tirer des différents recensements publiés par les archives de la ville de Besançon. Il y a en général un recensement tous les 5 ans. Cela nécessite donc un assez long travail de recherche.

Il y a un siècle, donc lors du recensement de 1921, au n° 2 de la rue du Chasnot, un seul commerçant : le boulanger Jean Rérolle né en 1878 qui habitait là avec son épouse, une fille et un fils ainsi que deux « domestiques » Emile Lombard et Alfred Ribeille.

En face, au numéro 1, logeait d’abord la famille de Jean Prost patron boucher né en 1886 avec son épouse, ses trois fils et 4 « domestiques »; puis Amandine Brumbt tenait un salon de coiffure avec son gendre, et Henri Mathely (né en 1904) gérait l’épicerie des Docks de Franche Comté. Au numéro 3 logeait un autre patron boulanger : Julien Laronde (né en 1890) et son épouse

Depuis quand existaient ces boulangeries ?

20 ans plus tôt, lors du recensement de 1901, au numéro 1 on trouvait déjà un boucher Auguste Volmerange (43 ans) un patron coiffeur Alphonse Goudinot (28 ans) et un patron boulanger Eugène Lamblin (54 ans) avec son épouse (34 ans) qui gérait l’épicerie. Au 3 bis, on remarque la présence de Louis Thieulin (48 ans) patron mécanicien qui deviendra célèbre dans l’automobile. Et côté pair ? Le recensement ne décompte aucun habitant avant le numéro 6. Il faut aller chercher les habitants de la rue de Belfort pour trouver au numéro 27 Amédée Roz (38 ans), patron boulanger avec Marie son épouse et deux filles et Clovis Magnenet (26 ans) patron épicier.

40 ans auparavant, au recensement de 1891, au numéro 1 Eugène Lamblin patron boulanger était déjà présent, mais avec une autre femme Eugénie (décédée en 1896 à l’âge de 42 ans). Curiosité : un certain Charles Schillinger habitait aussi au numéro 1 mais il n’était pas boulanger mais charron.

Et côté pair ? Le recensement ne décompte déjà plus aucun habitant avant le numéro 6. Il faut aller chercher les habitants de la rue de Belfort pour trouver au numéro 27 Clément Perrot (42 ans) patron boulanger aidé de sa femme, sa belle mère et un « garçon boulanger « . A côté, c’est Eléonor Duret qui tient l’épicerie avec sa femme.

Si on remonte encore davantage dans le temps ?

Auparavant le grand axe de circulation aux Chaprais ne s’appelle pas encore rue de Belfort, mais rue de la Baume. Le numérotage des maisons était-il identique ? Plusieurs épiciers sont installés côté impair : dont Louis Hézard et sa femme Lucie Martin au numéro 21, puis Hippolyte Vannot, et Muriel Cornot . Au numéro 25, encore un épicier : Elisée Perrot et un pharmacien Justin Paillot. Le boulanger, il faut le rechercher en face : Hippolyte Vittel (43 ans) avec sa femme née Perrot et trois « garçons boulangers ».
1876 rue de la Baume

La succession des boulangers rue du Chasnot depuis un siècle

En 1931, au numéro 1, si on retrouve le boucher Jean Prost (aidé notamment pas Georges Molard), l’épicerie des Docks gérée par Clotilde Mathely, le boulanger se nomme maintenant Antoine Chazal (né en 1892).
Il y a encore un Lamblin (François) mais au numéro 5 comme patron camionneur entrepositaire. Au numéro 2, l’épicier se nomme Maurice Moyse et le boulanger Marius Bellet.

En 1936, nouveau changement : c’est Adrien Regnier (né en 1902) qui est le patron boulanger au numéro 2. Côté impair, c’est François Blachon, né en 1882, le boulanger. Avec son épouse, il a dix enfants.

Et plus récemment ?

La boulangerie de M Henry a été cédée à madame Malcuit.

Christophe Caublier associé à Sandrine Tournoux, a repris la boulangerie Au pain d’antan
Christophe Caublier

Extrait de l’interview n° 17 réalisée le 7 novembre 2008

Depuis janvier 2004, parce que le fond de commerce du coin de la rue de Belfort et du Chasnot, était à vendre.
Tout a été rénové pourquoi ? suite à un incendie.
incendie rue du Chasnot

Après 4 mois d’arrêt, heureusement, nous avons retrouvé notre clientèle. Nous avons dû acheter du matériel neuf, cela a permis d’augmenter le chiffre d’affaires mais aussi d’améliorer les conditions de travail.

Au départ, j’étais dans la boucherie, en Suisse, en France et comme commercial. Puis à 32 ans, j’ai recommencé à zéro en faisant une école de boulangerie (celle de Banette près d’Auxerre). J’ai obtenu mon diplôme et j’ai cherché à m’installer à mon compte.
Sandrine Tournoux Pain d'antan

Nous sommes 8 en tout : 2 associés Christophe et Sandrine
et 6 salariés : un pâtissier et une apprentie, un boulanger et un apprenti, deux vendeuses : Corinne et Virginie

Enfin, Jean Claude et Eliane Schillinger ont racheté la boulangerie Au Pain d’Antan, le premier novembre 2013. Voir leur portrait publié en août 2017
Schillinger

Et ils l’ont modernisée avec un passage au four électrique pour limiter la pollution. Voici l’aspect actuel de la boulangerie Au Pain d’Antan.
Au pain d'Antan en 2021
Ils ont aussi acquis un local au 35 rue de Belfort occupé un moment par la Maison Christe, puis il a été loué temporairement à Thierry Gambade du Fournil de Beure.

En conclusion, une vingtaine de boulangers se sont succédés ou se sont concurrencés dans ce secteur commerçant du bas de la rue du Chasnot et de la rue de Belfort. Cet article laisse encore des questions dans l’ombre. Si vous avez des informations complémentaires, des précisions, des photos du passé, vous pouvez les transmettre en écrivant à chaprais@gmail.com.

Ce genre de recherche peut aussi vous inspirer. N’hésitez pas à entreprendre d’autres recherches sur d’autres rues et d’autres professions. Parmi ces professions, le groupe d’histoire de Vivre aux Chaprais s’intéresse particulièrement à deux professions très présentes dans le quartier les horlogers et les cheminots. Mais un avis de recherche a aussi été lancé à propos du personnel de maison : domestiques, femmes de chambre, bonnes etc … Ensemble, on pourra reconstruire une histoire des Chaprais qui ne se limite pas à quelques lieux communs.

Sources : les recensements aux Archives de la ville de Besançon, memoirevive. Merci à Christian Mourey et à Guy Renaud

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