Qui se souvient de Félix Prost, une personnalité des Chaprais?
Lors d’un Café Histoire, nous avons rencontré une petite fille de Félix Prost. Elle réside aux Chaprais et elle a bien voulu évoquer le rôle joué, dans notre quartier, par son grand-père : Félix Prost, un éminent chapraisien, décédé il y a maintenant 60 ans.
Et il a fallu beaucoup de hasard et d’autres rencontres, dont celle d’Alain Prêtre avec M. Gruss, à Thise, puis avec les deux petites filles de F. Prost, pour rédiger ce petit article.
Merci donc à toutes celles et tous ceux qui nous ont permis d’écrire ce qui apparaît être une page de l’histoire de notre quartier.
Qui était Félix Prost ? Il est né à Jallerange le 25 octobre 1887. Son père était instituteur (à Saône) et la famille comptait trois garçons. Leur mère meurt en 1908, leur père 2 ans plus tard, et Félix étant l’aîné, doit abandonner ses études afin de s’occuper de ses deux frères plus jeunes, Amédée 19 ans (qui sera, plus tard, professeur agrégé de sciences au lycée de Besançon), et Camille 11 ans ( qui sera lui, comptable).
Félix Prost, au 1er rang à gauche sur cette photo (DR)
Aussi, dès le 1er janvier 1911, il devient aide-comptable dans une imprimerie rue Gambetta (nous aurons l’occasion d’aborder, plus tard, dans un second article le rôle joué par F. Prost dans l’impression des quotidiens bisontins « Le Petit Comtois », puis, après la guerre « Le Comtois »).
E,t à la fin de l’année 1911, il rencontre une couturière bisontine, Germaine Durand (née le 14 mars 1888) et se marie.
Mobilisé en 1914, il fait cette guerre avec courage. Blessé au combat il obtient de nombreuses médailles et décorations : médaille militaire, croix de guerre, médaille de Verdun. Deux enfants naîtront : un fils, Michel en 1914, et une fille, en 1918, Simone, la maman d’Arlette et Pascale que nous avons donc rencontrées afin d’obtenir des renseignements sur leur grand-père .La famille va s’installer aux Chaprais entre les deux guerres. Au 20 rue des Chaprais, il ouvre une Librairie, Papeterie, Imprimerie Bimbeloterie. Mais il exerce toujours son métier de comptable dans l’imprimerie de la rue Gambetta.
La librairie Félix Prost avant la guerre, rue des Chaprais
Cette librairie sera revendue pour acheter, avant la seconde guerre mondiale, une maison mitoyenne rue Charles Fourier.
La librairie, rue des Chaprais, après le bombardement de l’aviation britannique de la gare Viotte en juillet 1943
Dans ce quartier des Chaprais qu’il aime tant, il est un des fondateurs, en 1930, de La Commune Libre des Chaprais (voir à ce sujet les 3 articles parus sur ce blog le 11 janvier et le 1er février 2014, puis le 3 septembre 2016). Cette association qui se dissimule sous un masque d’humour est en fait une œuvre d’entraide et d’assistance !
La meilleure preuve, c’est en 1939 lorsque la seconde guerre mondiale éclate et que des chapraisiens comme tous les français du même âge sont mobilisés. Félix Prost, alors Président du Comité des fêtes de la commune libre, va engager une vaste et efficace campagne de solidarité ! Il crée un Comité de Guerre. Tout d’abord pour les soldats chapraisiens qui sont sur le front (la déclaration de guerre et l’ordre de mobilisation qui l’accompagne date du 3 septembre 1940) ; puis à l’heure de la défaite (armistice du 22 juin 1940), pour les nombreux prisonniers. Pour cela, ce comité de guerre multiplie les appels dans la presse afin que les intéressés et leurs familles se signalent auprès de lui !
Nous avons retrouvé, grâce à M. Gruss, ce document exceptionnel relatif à cette époque : le cahier scrupuleusement tenu de ce comité de guerre quant aux aides adressées aux 94 soldats répertoriés ! Un modèle de rigueur et de probité ! Sont inscrits 89 donateurs qui ont versé de l’argent (de 5 f, la plus petite somme à 150 f somme la plus forte !). Pour cela la ville autorise M. Prost à placer des troncs dans les cafés, à organiser des collectes et à recueillir des dons en nature (tablettes de chocolat, tabac, livres, savonnettes, biscuits, tricots, etc.) : au total 135 donateurs. Les récépissés de la poste, les lettres de remerciements ont été joints à ces listes établies !
Autorisation de la mairie adressée à Félix Prost le 2 décembre 1939
Une épouse qui habite les Chaprais signale que son mari est soldat
Les dons des entreprises des Chaprais : deux exemples ci-dessus
La création de la Commune Libre des Chaprais, puis de son comité de guerre n’échappent pas au contexte historique de l’époque. Il s’agissait pour ces républicains laïcs, le plus souvent membres du parti radical-socialiste de l’époque, de ne pas laisser le monopole des aides et assistances à l’église ! D’ailleurs Félix Prost fait partie du patronage laïque à l’époque de la présidence de Charles Siffert (1876-1939 ; maire radical socialiste de Besançon de 1925 à 1939). Et, alors que ses enfants étaient scolarisés, Félix Prost avait présidé l’Amicale des Parents d’Elèves des Ecoles Laïques.
Cet engagement de Félix Prost au service des chapraisiens, durant la guerre, se prolongera tout naturellement par son engagement dans la Résistance. Nous vous raconterons donc la suite dans un prochain billet.