« Moi capitaine » de Mattéo Garrone relate le voyage de deux adolescents qui décident de partir du Sénégal pour rejoindre l’Europe.
Le film de de Mattéo Garrone cinéaste italien retrace minutieusement leur parcours : la traversée, le départ dans d’improbables camions, la traversée du Sahara à pied, les geôles de Libye, la torture, le racket, le manque d’argent pour poursuivre et enfin la traversée de la Méditerranée pour atteindre Naples. Depuis Tripoli, un des migrants devient le capitaine d’un bateau surchargé en échange de la gratuité de son voyage en référence à l’histoire vraie du Guinéen Amara Fofana mis aux commandes d’un vieux rafiot
Ce qui est gênant dans le film, c’est l’emballage : Matteo Garrone est passionné de contes, ; il en fait la matière de ses derniers films (« Le conte des contes » en 2013 et « Pinocchio » en 2019). Il a donc d’intégré au récit des images oniriques, comme celle d’une femme morte dans le désert qui continue sa route en s’envolant alors que les personnages suent et souffrent entre les dunes. 
La vie des migrants ne supporte pas à mon sens une approche qui éloigne le spectateur de la réalité, de la violence des images. C’est dommage car la fiction peut à elle seule, par la véracité des images s’approcher du documentaire. A-t-il voulu adoucir son propos ? Pourtant le cinéaste avait réalisé « Gomorra » en 2008, un film sur le crime organisé à Naples, une œuvre sans concessions.
Malgré les petites réserves sur un certain glissement vers l’onirisme, il faut voir ce film car il retrace le trajet emprunté par des milliers de migrants jusqu’à la terre promise. Le cinéaste ne parle pas de l’arrivée en Europe où il faudra continuer se battre encore pour survivre. Les deux adolescents présentés comme des migrants économiques sont interprétés par Mustapha Fall et Seydoux Sarr repérés dans les rues de Dakar ; ils apportent toute leur énergie au film ; le choix de non professionnels donne par ailleurs de la vraisemblance film. Matteo Garrone qui a obtenu le Lion d’argent du meilleur réalisateur à la Mostra de Venise et le prix du meilleur espoir à Seydoux Sarr
