Echange de coups de coeur de lecture mercredi 11 mai

Echange de coups de coeur de lecture mercredi 11 mai

Prochaine réunion mercredi 11 mai à 17 h 30 au Centre Pierre Mendès France.


Julie Gucciardi invite tous ceux qui aiment lire et ont envie d’échanger leurs avis à rejoindre le groupe.


Voici par exemple un aperçu de quelques livres présentés lors des précédentes réunions révélant une grande diversité :

Atelier lecture mars 22

L’homme des bois de Pierric Bailly

Pierric Bailly L'homme des bois
L’auteur
Pierrick BAILLY est né en 1982 dans le Jura


Le récit
Le père du narrateur est décédé lors d’une balade en forêt, là où il vivait. Il a glissé, il est mort sur le coup. Accident, Suicide ? Le fils n’aura jamais la réponse. Il retourne donc sur les lieux de son enfance, il entre dans l’intimité de ce père pendant ces quelques jours de deuil
Ce roman est intéressant selon plusieurs points de vue

L’auteur arpente ce Haut Jura, de Lons le Saunier à Saint Claude et à Clairvaux les Lacs, décrivant cette nature de « sapins, scieries, grumiers » Aller vers ces paysages, c’est tenter de retrouver celui qui n’est plus. Il décrit aussi la vie de ces petites gens qui travaillaient dans les entreprises de la région, des usines de bois ou de plastique, se contentant de choses simples dans la vie quotidienne, ces gens qui naissaient, vivaient et mouraient dans ces lieux Une époque révolue.

Son père, un homme ordinaire vivant dans son petit appartement HLM où il a accumulé tout ce qui a fait sa vie : des cahiers, des dessins, des revues, des articles de journaux, des cours par correspondance, des comptes rendus de conférences. Un homme papillonnant, multiforme et pourtant cohérent, curieux de tout, « en accord avec les convictions qu’il affichait »
Ouvrier, il est devenu ébéniste puis tourneur sur bois, puis infirmier dans un centre de soins d’aide aux toxicomanes
Sans diplômes, il s’est intéressé au théâtre, à la musique, au dessin, aux mandalas, à l’anglais, à l’arabe, au japonais, au roman, à la poésie, au yoga Il aimait « les chansonniers, l’anarchisme, la non violence »
« Le petit monde de mon père semblait avoir été envisagé précisément pour se protéger du grand monde »
Ce que j’ai aimé dans ce livre, c’est la retenue du narrateur, sa pudeur dans l’évocation de son père, c’est un bel hommage qu’il lui rend Et puis, il y a aussi la nostalgie d’une époque révolue, celle du XXe siècle et les idéaux de mai 68

Danièle

Comme une tombe de Peter James

Peter James Comme une tombe
Prix du Polar du festival de Cognac


Mauvaise blague : Michael se retrouve dans un cercueil six pieds sous terre avec du whisky et une revue érotique
pour son enterrement de vie de garçon. Les heures passent, personne ne vient le chercher, la fiancée s’inquiète et fait appel à Roy Grace. Pour le localiser, l’inspecteur n’a qu’une seule piste : les témoins du mariage, tous morts dans un accident de voiture…
Ce qui m’a plu : L’histoire du personnage enfermé dans son cercueil amène une ambiance angoissante et on a juste envie d’aider le policier qui mène l’enquête.
Il se lit très bien,
Julie Gucciardi

Les Marsal de Guy-Louis Anguenot

GL Anguenot Les Marsal
C’est une saga Franc Comtoise de 1914 à 1922
La famille Marsal habite à Rondey la Joux à côté de Salins les bains. Le patriarche Paul Marsal mène ses affaires (il est marchand de bestiaux) et sa famille en maître. Il a 14 enfants, 6 garçons et 8 filles. Tout ce monde travaille à la ferme.
L’histoire commence à Noël 1914, de sombres jours se préparent. Les garçons en âge sont mobilisés, (les fils, les
gendres, les fiancés). Les filles restent à la ferme. Le village vit au rythme des nouvelles du front. La guerre est
longue, la société se transforme. Le récit nous raconte la grande et la petite histoire.
J’ai bien aimé ce roman facile à lire, dans un cadre régional
Marie France

Mohican d’Eric Fottorino

Fottorino Mohican
C’est pour moi un sujet inattendu sous la plume de Fottorino qui nous a plutôt habitués à nous parler de ses parents, surtout de son père adoptif, puis enfin de sa mère, sujet longtemps évité. Là, il nous plonge dans un milieu qui m’est proche, le Haut Jura, chez deux « agriculteurs », le père, Bon et le fils Mo. On est en pleine campagne, aux Soulaillans propriété qui leur appartient depuis des générations. Mais tout oppose le père et le fils. Le premier va mourir, peut être condamné par une pratique de l’agriculture qui n’a plus l’assentiment de son fils, emploi de pesticides et obsession du rendement pour nourrir la planète après deux guerres, le deuxième porté vers une agriculture raisonnée, plus écologique, respectueuse de la diversité et de la nature. Leur relation est tendue extérieurement, mais non violente, et l’affection est proche sous l’apparence. La mère, enseignante, disparue trop tôt, a appris beaucoup de choses à son fils, plus cultivé que ce qu’on attend communément d’un paysan. Peut être pour lui montrer qu’il est conscient du danger que court la planète, le père va se laisser convaincre d’accepter la construction d’éoliennes sur ses terres, mais c’est exactement le contraire de ce que pense le fils, persuadé que les éoliennes vont détruire et le paysage et la vie raisonnée de ses habitants quels qu’ils soient. Je n’en dévoile pas plus.
Cet antagonisme entre le père et le fils est certes essentiel dans ce livre, où les rôles sont plutôt inversés par rapport à l’habitude, car c’est la jeune génération qui semble s’opposer au « progrès » mais le plus important à mes yeux c’est la place de la nature, rudement malmenée par le père, mais choyée par le fils, et cette nature est présente à tous les instants, dans les champs, les plantes, le paysage, les animaux (le fils fait venir des moutons des Highlands qui n’ont d’autre utilité que de faire du bien à la prairie dans laquelle ils broutent et qui ne risquent ni l’abattoir, ni la reproduction forcée). Utopie sans doute, serait ce suffisant pour nourrir une famille, payer les études à des enfants mais d’enfants, il n’y en a pas, pas eu le temps, pas su convaincre une femme. On est loin d’une utopie, l’atmosphère est plutôt désillusionnée et nostalgique. Difficile de ne pas être ému par ce récit.
Ginette

Octobre de Soren Sveistrup

Sveistrup Octobre
L’auteur
est un scénariste écrivain danois, il a reçu en 2020 le prix du meilleur premier roman avec Octobre, qui a été aussi adapté en mini-série et disponible sur Netflix
Résumé
L’histoire commence en automne (début octobre pour être plus précis) dans la banlieue de Copenhague La police découvre le cadavre d’une femme amputée d’une main Deux inspecteurs Naia Thulin et Mark Hess sont chargés de l’affaire, et découvrent un petit bonhomme en marron (marrons allumettes) à côté du cadavre et commencent leurs
recherches. Ils découvrent que sur ce petit bonhomme en marron, il y a des empreintes de la fille de la ministre des affaires sociales qui a disparu un an auparavant. Les deux inspecteurs cherchent par tous les moyen d’établir un lien entre ces deux affaires, et quand un second cadavre est découvert avec le même principe opératoire, ils comprennent que le cauchemar vient de commencer. S’en vient une course contre la montre pour trouver le coupable.
Ce qui m’a plu
On est tout de suite embarqué dans le côté intriguant de cette enquête. C’est un thriller plutôt « soft ». La fin a été pour moi une totale surprise. Le roman est très bien ficelé, facile à lire. De plus l’adaptation en mini série a été un réel succès. Je recommande
Julie

La félicité du loup de Paolo Cognetti

Cognetti félicité du loup
L’auteur
Paolo Cognetti , né en 1978 à Milan . Romancier nouvelliste. Prix Strega et Médicis étranger en 2017 . Auteur de documentaires, d’ouvrages sur la littérature américaine et de livres sur la montagne.
L’histoire
Fausto 40 ans divorcé, écrivain est devenu le cuisinier du Festin de Babette restaurant d’une station de ski dans le Frioule Vénetie.Dans la salle du restaurant la serveuse Sofia 27 ans fuit comme Fausto son passé. Les deux âmes en peine auront une idylle. La saison de ski finie ils iront faire une course jusqu’au refuge dont Sofia deviendra la responsable.
Les personnages secondaires, les montagnards, les dameurs sont aussi attachants notamment Santorso un habitant de la région.
Ce qui m’a plu
 » La félicité du loup » est un beau roman facile à lire. L’auteur aime la montagne, et il l’a fait aimer au lecteur. L’auteur sème le récit de références littéraires ex Mario Rigoni Stern un
auteur classique Italien
Marie France

Enfant de Salaud de Sorj Chalandon



Chalandon Enfant de salaud


L’auteur
Né en 1952 journaliste français engagé à gauche, il participe à la création du quotidien Libération qu’il quitte en 2007 pour le Canard Enchaîné Grand reporter, il est l’auteur de reportages sur la Syrie, l’Irlande du Nord et assure les comptes rendus du procès Klaus Barbie, ce qui lui vaut le prix Albert Londres en 1988.
Son oeuvre d’écrivain comprend une dizaine de romans dont Mon traître (inspiré de son histoire personnelle en Irlande du Nord), suivi par le retour à Killybegs, Le quatrième mur (qui se déroule au Liban), Le jour d’avant (sur la catastrophe de Liévin), Profession du père (autobiographie sur son enfance), Enfant de salaud dernier roman paru en août 2021.

Le premier chapitre nous montre le narrateur auteur en 1987 à Izieu en prélude au procès Barbie à Lyon qu’il est chargé de suivre L’essentiel du livre se déroule ensuite durant le procès Barbie auquel assiste également le père du narrateur, qualifié de « salaud » par le grand père du journaliste. Grâce à un ami, le narrateur a accès au dossier judiciaire de 1945 de son père et découvre sa personnalité trouble Pas un simple collabo, mais un menteur manipulateur, ayant changé de côté au moins cinq fois. Ainsi ce sont deux procès qui sont instruits, celui du nazi Barbie et celui de l’imposteur insaisissable, dont le fils espère (vainement qu’il va finir par révéler quelle est sa vérité.
Ce qui m’a intéressée et touchée
Ce récit est bien sûr très bien documenté, tout ce qui concerne le procès Barbie et la « grande histoire » est rigoureusement exact. La description du déroulement du procès et des témoignages est souvent poignante. La part autobiographique est évidemment essentielle, mais c’est quand même un « roman » car la chronologie n’est pas conforme à la réalité le père de l’auteur est mort en 2014 et le fils n’a su la vérité sur son père qu’en 2020. La transposition en 1987 permet d’éclairer différemment les réactions et la souffrance du fils, « héritier » de ce père. Le dernier chapitre est en quelque sorte une purification violente, sinon une réconciliation impossible.
Catherine

La porte du voyage sans retour de David Diop

Diop La porte du voyage sans retour


Après le Goncourt des lycéens obtenu avec « Frère d’âme » qui se déroulait dans les
tranchées de la guerre de 14-18, voici le nouveau livre de David Diop, Sénégalais enseignant dans le supérieur à Pau
Le personnage principal est Michel Adanson, naturaliste, botaniste mort en 1806 sans avoir réussi à obtenir la reconnaissance qu’il espérait pour ses travaux encyclopédiques, il a été surpassé par Liné. Il a étudié la flore au Sénégal pendant quelques années et c’est ce séjour qui est au centre de la fiction de David Diop.
Le roman commence pratiquement à la mort du naturaliste qui après avoir vécu surtout pour sa passion et donc négligé sa femme et leur fille, décide de léguer à celle-ci le récit de quelques années de sa vie sous forme de cahiers qu’il cache dans un meuble en espérant qu’elle les trouvera à sa mort et apprendra ce que son père a vécu au Sénégal de 1749 à 1753 et la passion qu’il y a connue. Et c’est par la lecture qu’Aglaé fait de ces cahiers que l’on découvre l’histoire de son père.
Cet homme des Lumières qui ne pense qu’à la botanique, est confronté à l’esclavage qui prospère sur cette terre d’où les bateaux partent de l’île de Gorée, chargés d’esclaves pour les Amériques et les Antilles Il se lie d’amitié avec un très jeune noir, Ndiak fils du roi peu fortuné d’une petite province et avec lui découvre, au cours d’un périple, l’histoire d’une jeune noire, Maram Seck victime de son oncle et vendue par celui-ci à un Blanc. Il apprend qu’elle s’est échappée et va se passionner pour cette histoire, rencontrer la jeune noire, apprendre d’elle au cours d’un long récit et de longues nuits les horreurs de l’esclavage. Il découvre avec elle l’animisme car elle est devenue guérisseuse et parle avec les esprits protecteurs et il tombe fou amoureux de cette fille dont il va vivre une partie des aventures. Je ne vais pas plus loin dans le récit.
L’intérêt de ce roman réside dans la confrontation d’un homme des Lumières avec la culture africaine. Le naturaliste n’y représente pas le colonisateur préoccupé de ses seuls intérêts, il se comporte en honnête homme désireux de connaître les gens qu’il rencontre, il en apprend d’ailleurs la langue, le Walof pour mieux les comprendre et s’intégrer. Il faut accepter d’être plongé dans un monde qui dépasse notre rationalisme et se laisser porter par la passion qui anime Adanson confronté à cette jeune noire courageuse et animée par la soif d’échapper au destin qui lui était « promis »
Ginette

Ne t’arrête pas de courir de Mathieu Palain


Palain T'arrêtes pas de courir

prix interallié 2021
Mathieu Palain est journaliste freelance. Il s’intéresse à Toumany Coulibaly, suite à la lecture d’un article de journal relatant l’histoire de ce champion de France du 400 m incarcéré à la prison de Réau qui comparait devant un tribunal correctionnel pour cambriolages multiples. Des similitudes dans leur vie, ils ont le même âge, ont vécu dans le même coin de l’Essonne à Vignieux se passionnent pour le même sport, la course, font qu’il lui écrit en prison pour lui demander un parloir. Quand au bout d’un an, il reçoit une réponse à sa lettre, il ne sait pas encore ce qu’il va advenir de ces rencontres à la prison qui vont être hebdomadaires. Peu à peu va s’établir entre eux une relation chaleureuse d’amitié et de confiance.
Dans une première partie on apprend tout de la vie de Coulibaly, famille malienne de 18 enfants, 3 femmes, de son recrutement par des entraîneurs très compétents, compréhensifs et dévoués mais dépassés par la double personnalité de leur poulain, de son incroyable talent de coureur, des compétitions, échecs et succès. Il ne peut s’empêcher de voler, cambrioler, des pharmacies, des magasins de téléphones, il ne vole jamais pour lui, il est d’un désintéressement et d’une bonté inouïe. Une fois la course gagnée, la médaille d’or obtenue, il la pose sur la table, ne la fête pas avec ses copains, mais enfile sa cagoule et part à l’assaut d’une pharmacie Il ne sait pas dire non, est d’une gentillesse extrême, toujours sincère, dit oui à tout le monde mais toujours avec la même sincérité. Père de 4 enfants, il voudrait bien les voir ailleurs qu’au parloir, il s’entraîne toujours dans la cour de la prison dans l‘espoir de se présenter aux JO de 2024 quand il en sortira.
Dans une deuxième partie, Palain relate sa relation avec Coulibaly, son désir de le comprendre, de l’aider à s‘en sortir, il va voir des psy pour essayer de saisir le mécanisme qui régit ce personnage hors du commun. La confiance s’établit entre eux, il lui dit qu’il va écrire sur lui, mais sous quelle forme Il ne le sait pas encore. La pandémie change la donne puisqu’il n’y a plus de parloirs, mais ils restent en contact par téléphone.
Ce qui m’a plu bien sûr, c’est la personnalité extraordinaire de ce jeune malien, sa naïveté et sa gentillesse, ses échecs multiples à s’en sortir et la volonté du journaliste à lui venir en aide, de le comprendre sans juger, sans imposer, son désir de le voir sortir de cet engrenage infernal.
Vainqueur le jour, voleur la nuit, cette expression relevée quelque part est excellente pour résumer.
Ginette

Prochaine réunion mercredi 11 mai à 17 h 30 salle 4 au Centre Pierre Mendès France (entrée rue des Chalets)

Centre Pierre Mendès-France rue des Chalets