« Le Temps d’aimer » de Katell Quillévéré : une histoire d’amour mélodramatique

« Le Temps d’aimer » de Katell Quillévéré : une histoire d’amour mélodramatique

La jeune réalisatrice conjugue à la fois l’autobiographie, de sa grand-mère et une lecture personnelle du passé…


En 1947 Madeleine (Anaïs de Moustier) fait partie de ces femmes qui furent dénoncées, molestées et rasées pour avoir eu une liaison avec un militaire allemand. Madeleine, mère célibataire devenue serveuse dans un restaurant, rencontre François le fils d’un riche industriel et l’épouse très vite. Trop vite.
Le temps d'aimer
C’est l’histoire de la grand-mère de la réalisatrice. qui fut tondue pour avoir eu une relation avec un soldat allemand. Le film est en partie biographique, car la réalisatrice s’appuie à la fois sur cet événement et sur son désir de trouver une narration singulière. Et Katell Quillévéré a du talent pour passer d’un univers à l’autre, du passé au présent.

Le film commence par des images d’archives, images authentiques des femmes tondues et recouvertes de croix gammées. L’histoire d’amour est complexe puisque François a des relations avec les hommes. Madeleine l’apprend violemment quand un ex-amant de son mari met le feu à l’appartement.

Le temps d'aimer

Le couple quitte le bord de mer pour reprendre une boite de nuit près d’une base américaine à Châteauroux. Madeleine est souriante et plait à certains hommes. François vit sa sexualité de son côté. Un soir, tous les deux terminent une soirée d’ivresse avec un GI dans leur lit.

On se demande pourquoi cette scène interminable apparaît dans le film alors qu’on a très bien compris que le couple vit sur des frustrations. Cette séquence alourdit le récit alors que nous spectateurs avons bien compris que l’histoire n’a rien de romanesque, même si au-delà des tabous, une forme d’amour est présente. Il eut été plus crédible semble-t-il d’assumer le romantisme possible du récit plutôt que de mettre en parallèle une femme tondue en période de guerre et un bisexuel maudit par l’histoire.

La tendance du film est d’en rajouter jusqu’à ce que nous spectateurs, nous nous retrouvions dans un profond malaise. Malaise nécessaire, direz-vous. Eh bien non, trop c’est trop et le mélodrame mériterait un peu plus de souplesse. Un film c’est comme une broderie ; plus on rajoute de motifs plus on l’alourdit ; au début du film Madeleine apparaît avec le crâne rasé commence la fin du film se termine sur un plan similaire car Madeleine a le cancer : ce lien trop symbolique est plutôt périlleux.