Les feuilles mortes, c’est un (bon) film

Les feuilles mortes, c’est un (bon) film

Aki Kaurismaki filme avec tendresse et humour la déprime et les rencontres de deux êtres paumés



Aki Kaurismaki, le cinéaste de la solidarité et des fraternités poursuit son travail de poète et dépouille l’image pour s’approcher le plus possible des personnages dans « Les feuilles mortes » son dernier film. De la poésie et de l’amour. De l’espoir comme une petite fleur sur le béton.

Dans « Les feuilles mortes » Ansa et Holappa se rencontrent dans un bar. Hollapa participe à un karaoké. Ils repartent chacun de leur côté, Ansa est employée dans supermarché low cost et Holappa chez des patrons peu scrupuleux. Lui, il boit pour tuer le temps.

Aki Kaurismaki

Ils se croisent encore et cette fois-ci, elle lui donne son numéro de téléphone qui s’envole comme une feuille d’automne. Ils étaient heureux pourtant là juste en dessous d’une affiche de « Brève Rencontre » de David Lean. Mais la vie sépare ceux qui s’aiment tout doucement sans faire de bruit.

Holappa attend Ansa devant un cinéma. Longtemps. On voit juste un petit tas de cigarettes à ses pieds. Kaurismaki est le cinéaste de l’infime. Il fait de chaque détail un indice d’approche des personnages.

Feuilles mortes Kaurismaki
Dans une sorte de minimalisme empreint d’une grande tendresse, il dessine des personnages paumés, des laissés pour compte qu’il éclaire avec beaucoup de douceur. Tout peut disparaître à chaque instant et tout peut resurgir semble nous dire ce cinéaste en inventant une forme d’amour proche d’une forme de résistance. Pas étonnant donc qu’en toile de fond (nous sommes en Finlande) la radio parle sans cesse de la guerre en Ukraine.

Le vingtième film du finlandais Aki Kaurismaki a obtenu le Prix du jury 2023 au Festival de Cannes.