Retour sur l’histoire des rues de Belfort et Kocher

Retour sur l’histoire des rues de Belfort et Kocher

L’abondance de documents et de témoignages à la réunion du 4 mai nécessiteront une troisième séance.

Malgré le beau temps incitant à prendre l’air dans la nature, la salle 4 du Centre Pierre Mendès France était pleine jeudi 4 mai 2023.


Réunion d'histoire mai 23

150 documents sur les rues de Belfort, de l’église, du Pater, Kocher et Baille ont été projetés suscitant nombre réactions. Voici un premier petit aperçu de cette deuxième réunion sur la rue de Belfort.

Comme à l’accoutumée, les lieux ont été repérés et situés sur des plans

plan guide années 30 rue de Belfort

et vues aériennes à différentes époques.

Rue de Belfort Boutterin 1926

En remontant la rue de Belfort à partir de la rue Marie Louise, on remarque l’agence du Crédit Lyonnais, où se trouvait auparavant l’auberge Saint-Denis dénommée ensuite auberge du Cheval Blanc

Auberge du cheval blanc rue de Belfort

Au 77 rue de Belfort, à l’angle de la rue Charles Fourrier, il y avait une épicerie des Docks FC dont les gérants sont Émile et Marthe Rivolet. Le propriétaire de la maison est Georges Grosjean l’ancien gérant de l’épicerie.

At coin de la rue de Belfort et de la rue Charles Fourrier, un magasin des Docks Francs-Comtois

Côté pair, au n° 64, la maison dont la toiture s’effondre est inoccupée. Il y avait ici une épicerie. Il reste l’enseigne d’un salon de coiffure.


Rue de Belfort n° 68 à 64

Au 66, dans les années 30, était recensée la famille Lux, menuisier et quincaillier. La maison du n° 68 date de 1870, elle fut la propriété d’Edmond Bocquillard, clerc de notaire. Il fut membre de la Résistance en servant de boîte aux lettres au réseau Carmet et au sous-réseau Bayard.
Au n° 70, à la place de la station de nettoyage, se trouvait une petite caserne de gendarmerie (4 ou 5 familles) attestée par les recensements de 1911 et 1936. Le bien était la propriété de la famille Brigonnet. Il fut détruit en 1972.

Toitot 72 rue de Belfort
A côté, on trouva les papiers peints Toitot remplacés récemment par l’immeuble Murano.

Au n° 72 et 74, était recensée la famille d’horticulteur Domino et un fils à la tête d’une entreprise spécialisée dans les fournitures pour les fromageries.
On a pu s’interroger sur la borne kilométrique soigneusement laissée lors de la réfection de la clôture comme a pu l’indiquer l’artisan présent à la réunion.
Borne 72 rue de Belfort
Quel rapport avec l’octroi ? s’agit-il de la limite des contraintes militaires ? Il subsiste de telles bornes dans plusieurs endroits autour de la ville.
Le bâtiment voisins sont très anciens (XVIIIe). On relève la présence d’un ferblantier en 1945 puis du garage Ravier en 1964.

En 1936, en face, douze ménages dont 2 maçons italiens, une couturière, une cultivatrice, un ingénieur, des employés et 2 décédés sont recensés aux numéros 81 et 83.


81 rue de Belfort-garage Dumont

L’annuaire Fournier de 1936 indique un garage Dumont au n° 81. Selon un voisin, ce garagiste accusé de collaboration aurait été tué du côté de Baume les Dames à la Libération.

En 1936, au n° 87 sont recensées Blanche Frelin née Chevrier patronne d’usine et 7 ouvrières d’usine, 5 employés PLM, Jules Marcot commissaire de police, un inspecteur des PTT, une institutrice, des artisans maçon, plâtrier, ébéniste.

Cette entreprise Frelin fabriquait des étuis à lunettes.

Qu’y a-t-il eu au 95 rue de Belfort ?

95 rue de Belfort : SIOR

4 outilleurs s’étaient associés en 1947 pour créer la SIOR société industrielle d’outilleurs réunis. Il s’agissait de MM Robert Bouchet ancien directeur technique de Bourgeois, Marcel Brun et Gaston Régnier outilleurs à la SIFOP et de Henri Leidelinger quincaillier qui pouvait acheter de l’acier. Après un rapide passage rue Gambetta, ils ont installé ici leur atelier avant de construire une grande usine rue des Jardins. Avant son déménagement à Chaudefontaine en 1993.

SIOR, rue des Jardins

C’est dans la petite rue Kocher que l’entreprise Obliger avait ses ateliers. Monsieur François Obliger, présent à la réunion explique la disposition des lieux sur cette vue aérienne. Une ancienne pension de famille (au premier plan)
Rue Kocher et Belfort

Le gros inconvénient de cette rue, c’est l’étroitesse du passage en virage ne permettant pas aux camions d’y pénétrer. A l’époque le déchargement se faisait dans la rue de Belfort. L’entreprise Gravier a occupé ensuite une partie des lieux.
Ets Gravier rue Kocher

L’activité de construction métallique de l’entreprise Obliger se poursuit actuellement à Chemaudin après Miserey.

Au 101 rue de Belfort, à la place de Mélusine, le café des cheminots

101 rue de Belfort Café des cheminots

En 1936, 9 ménages sont recensés dans 2 maisons, Marthe Denariaz est patronne du café, son mari est patron cordonnier. Y logent aussi des employés PLM, aux Docks de FC, des SP et un imprimeur aux Gravures chimiques

Au 103, on remarque la villa Brigonnet de style Art Nouveau, construite en 1907 par l’architecte Auguste Vieille, les vitraux sont d’Eugène-Alphonse Gorgeon (peintre-verrier). Francis Brigonnet (entrepreneur) construit cette maison pour sa mère. En 1936, y habite Clarisse Brigonnet née Moulinet en 1854.

Villa Brigonnet rue de Belfort
En 1936, la maison du 105 appartient déjà à la famille Binetruy : Aimé né en 1869 à Mémont et Henri né aussi à Mémont en 1901 patron coiffeur. Il y a aussi un patron crémier, un menuisier luxembourgeois Jacques Becker et 2 employés PLM, une aux Nouvelles Galeries et une chez Zénith.

Au 105 bis, à la place du Café des pratiques se trouvait la droguerie Frison en 1960
105 bis rue de Belfort Frison
En 1936, étaient recensés Olivier et Suzanne Moutarlier patrons de confection

Et au 105 ter André et Jeanne Balanche nés à Morteau, étaient patrons horlogers (horlogerie Balanche Masoni)

Au n° 107, une épicerie, et au 109 le café Tochot devenu le bar du soleil

Café du soleil et M Tochot

Côté pair, au n° 80 c’était la propriété du docteur Charles François Perron, médecin de la compagnie du PLM et conseiller municipal de 1871 à 1894.


La fièvre typhoide aux Chaprais Dr Perron

Dans un mémoire daté de 1890, il démontrait d’une manière rigoureuse et scientifique que la fièvre typhoïde qui décimait la population des Chaprais provenait des eaux polluées de la source du ruisseau Fontaine-Argent qui alimentait alors en eau « potable » la partie haute des Chaprais depuis 1875. Son fils Charles Louis, vécut également dans la propriété. Il exerça comme substitut du procureur à Lure puis juge à Besançon. En 1931, on relève également la présence de Fernand Segal, employé de bureau. Il fut arrêté avec son fils Jean-Lucien en août 1943, ils furent exécutés à Auschwitz.
Le numéro 84 a été occupé par des directeurs de l’école publique.
L’école des Chaprais pour les garçons donne sur la rue de Belfort. Entre 1903 et 2017, elle n’a pas beaucoup changé.

école des Chaprais 1903

Son architecture est plus travaillée que celle des filles située rue Baille


plan de l'école des Chaprais de garçons
Le plan montre 3 classes par niveau. Cette construction a été décidée vers 1874 pour remplacer une ancienne école trop vétuste.
Il est relevé parmi les personnes célèbres ayant fréquenté cette école, le jeune Jean-Pierre Chevènement et le fait que son père, instituteur, soit devenu directeur de l’école des Chaprais.

En conclusion : une rue commerçante avec beaucoup d’ateliers et une présence massive de cheminots. La Cie PLM est le plus gros employeur : 115 cheminots dont 76 dans le haut de la rue de Belfort en 1936, 72 côté impair, 43 côté pair


L’exposé a été présenté par Delphine Lantuas et Christian Renard. Il a été enrichi par les recherches de Guy Renaud, Christian Mourey et Jean Pierre Regazzoni. Merci notamment à Madame Roy et à MM Aubertel, Chaney, Duc, Obliger pour leurs contributions en cours de séance.


A suivre … pour le compte rendu sur les rues de l’église, Baille et du Pater.

Prochaine réunion le jeudi 1° juin à 15 h : la rue de Belfort après la voie ferrée, rue Résal, la cité parc des Chaprais etc …