La réunion sur l’Histoire et patrimoine des Chaprais présentera les rues de Vittel, Cassotte et deux Princesses jeudi 19 à 15 h
La rue de Vittel est célèbre aux Chaprais pour ses villas de style Art Nouveau. Mais qui habitait dans ces maisons, il y a un siècle ?
La rue de Vittel est à l’initiative de Mme Buffet née Joly, à Besançon, propriétaire des terrains situés entre l’Avenue Fontaine-Argent et la rue de la Cassotte.
Son mari était M Pierre Paul Louis Buffet (fils de Louis Buffet, homme politique), agriculteur, propriétaire, rédacteur en chef du « Nouvelliste des Vosges » et membre du Conseil d’administration des Eaux de Vittel. Cette fonction est sans doute à l’origine du nom de la rue.
Le couple décide de créer un lotissement composé de parcelles constructibles vendues aux particuliers.
En 1900, ils cèdent la propriété de la rue à la Municipalité, celle-ci est alors classée chemin vicinal ordinaire en 1901, puis est goudronnée en 1908.
En 1921, le recensement dénombre 12 maisons habitées par 76 habitants répartis en 24 ménages
En 1911, parmi les habitants de la première construction, au numéro 2, à l’angle de l’avenue Fontaine Argent, on relève le nom célèbre de Lipmann. Il s’agit de Camille, patron, qui y réside avec son épouse Jeanne, sa fille Germaine et son fils James.
Mais aussi une domestique dénommée Rose Pétrequin née à Colombier Châtelot dans le Doubs et décédée à Montrouge en 1979. Celle-ci aura un destin relativement célèbre parmi les militantes socialistes (ou communistes) au point d’être citée dans le Maîtron du mouvement ouvrier.
Le 4 juin 1913, elle prit la parole lors d’un meeting socialiste à Belfort contre la Loi des trois ans de service militaire
Elle épousa le 13 novembre 1913 Louis Oscar Frossard
Rose Frossard tint pendant la Première Guerre mondiale une rubrique féminine dans Germinal, journal de la fédération socialiste du Haut-Rhin, publié à Belfort ; elle en fut ensuite la gérante. En septembre 1918, Rose Frossard était la secrétaire de la fédération SFIO du Haut-Rhin.
Elle apparut en février et mars 1921 dans L’Humanité comme participante à des souscriptions en faveur du développement du Parti socialiste – Section française de l’Internationale communiste (rebaptisé peu après Parti communiste). En 1926, « la citoyenne Frossard » prenait part avec son mari aux dîners mensuels de La Nouvelle revue socialiste.
Elle n’était pas la seule domestique qui habita cette rue de Vittel chez des patrons ou cadres supérieurs. Le recensement de 1921 dénombrait une douzaine d’employées de maison (domestique, femme de chambre, cuisinière etc …). Mais les autres ne connurent pas une telle célébrité.
Parmi les autres patrons célèbres qui habitèrent la rue de Vittel, on peut relever au numéro 10, le noms de Jacquemin qui fonda l’entreprise de confiserie chocolaterie de la rue du Château rose
et au numéro 12, celui d’Emile Thieulin industriel qui avait aussi une domestique dénommée Marie Bain. Elle devait avoir fort à faire avec une famille de 7 enfants. Son épouse Valentine porte un nom connu aussi : Bévalot, une famille de photographe
Parmi les autres patrons, moins connus, on relève en 1921, le patron quincaillier Léon Klein et sa domestique Louise Carteret, le négociant en tissu Isidore Bloch (originaire de Calais) qui employait une bonne d’enfants et une cuisinière.
Le directeur du Crédit Lyonnais Crépon employait une cuisinière et une femme de chambre comme le directeur honoraire de la Banque de France, Louis Chanoine.
Quant au docteur en médecine Marcellus Chaton, il employait et logeait au n° 8, une cuisinière et un chauffeur
Pour en savoir bien davantage sur cette rue, vous êtes invités à la réunion sur l’Histoire et le Patrimoine des Chaprais jeudi 19 mai à 15 h au Centre Pierre Mendès France. Delphine Lantuas y exposera ses recherches sur la rue de Vittel.
