Qui habitait rue de la Rotonde en 1926 ? une illustration de l’exode rural

Qui habitait rue de la Rotonde en 1926 ? une illustration de l’exode rural

250 personnes avaient été recensées rue de la Rotonde en 1891, 35 ans plus tard, elles sont 262 presque toutes venues d’ailleurs

rue de la Rotonde plan Siffert

Les habitants de la rue de la Rotonde ne sont guère plus nombreux qu’en 1891 (+ 12), mais ils sont nés ailleurs
Si l’on prend en compte le lieu de naissance des chefs de famille et autres actifs : 2 viennent de Suisse, 2 d’Italie, une quinzaine seulement sont nés à Besançon, la plupart viennent de la campagne.
Origine des habitants de la Rotonde en 1926

Une exception significative : M Gilbert Millet retraité habitait déjà au n° 29 de la rue de la Rotonde en 1891, il avait 41 ans et travaillait aux chemins de fer.

En 1926, on recense une centaine de chefs de famille et autres actifs.

Quel âge ont-ils ? en moyenne 45 ans environ
actifs rue Rotonde en 1926 par âge
Le chef de famille le plus âgé est une femme : Joséphine Tissopin qui habite au n° 2 . Elle est née en 1847 à Saint Hippolyte.

Quelles sont les professions exercées ?


15 travaillent pour la Compagnie PLM alors qu’il n’y avait que 8 cheminots en 1891. La gare Viotte est à proximité.

9 travaillent pour les PTT

20 travaillent dans le secteur de l’horlogerie, ils sont 9 chez Japy, 2 chez Lipmann, d’autres chez Hatot (au 13 de la rue de la Rotonde),
Au 13 rue de la Rotonde, en fond de cour, les areliers d'horlogerie ATO

horlogerie Hatot rue Rotonde 1933
L’atelier d’horlogerie Hatot 13 rue de la Rotonde en 1933

ou aux Spiraux (le directeur Louis Ragon habite au n° 30 ) etc …

7 travaillent dans la mécanique ou l’automobile comme chez Schneider ou Thieulin
Garage Thieulin

Une dizaine travaille dans le secteur du bâtiment
7 travaillent dans le textile ou l’habillement dont plusieurs femmes à la bonneterie Druhen installée rue de la Liberté
Une seule personne, Louise Chalmin habitant au n° 10 travaille à proximité chez Jacquemin rue du Château rose
usine rue du Château rose

Les autres travaillent dans le commerce, le transport ou l’administration : on note par exemple un officier d’artillerie Auguste Brigonnet au n° 17, un instituteur au n° 7, une sage femme dénommée Elisa Minet au n° 29. La presse ou l’imprimerie est représentée par deux typographes.
Un important changement par rapport au recensement de 1891 qui relevait un grand nombre de journaliers : cette expression n’apparaît plus en 1926.

Quels sont les logements de ces 90 ménages en 1926 ?

On n’a pas d’information sur la qualité des logements, mais on peut remarquer que les habitants se répartissent sur 7 numéros supplémentaires : côté impair le n° 7, le 13, le 15, le 21, le 31 et côté pair le 10 et le 12.
plan de la rue de la Rotonde en 1896
En 1891 : on distingue une douzaine de constructions

S’agit-il seulement d’un changement de numérotage ou de nouvelles constructions ?
Rue de la Rotonde en 1926 photo aérienne
La photo aérienne prise en vue de dresser le plan Boutterin permet de mettre en évidence les changements. Ils sont aussi repérables sur le plan Siffert (qui fut Maire de Besançon de 1925 à 1939)
Rotonde et Viotte Plan Siffert


5 et 7 rue de la Rotonde (nov 20)
Les numéros 5, 7 et 9 actuellement
En 1926, six ménages habitaient au numéro 7 dont un instituteur, deux horlogers, un vérificateur des contributions, une bonnetière chez Druhen, et une employée chez Douge frères. Au n° 9, un couple d’épicier, Emile Chédoz et son épouse, un comptable, une couturière, une employée de la Compagnie PLM et la famille Clivio, italienne, à la tête d’une entreprise de construction.

En haut de la rue, côté impair apparaît un numéro 29 appartenant à la Compagnie du PLM où logent Alphonse Guyon né à Vers en Montagne travaillant donc au chemins de fer et sa femme.
27 et 29 Rue de la Rotonde
Les 27 et 29 rue de la Rotonde actuellement

Tandis qu’au 29 bis est domicilié Joseph Clerc (né à Chaux de Gilley) et son épouse gérant de chantier de l’entreprise Greset

En face, côté pair, on trouve aussi des cheminots au numéro 28 maison appartenant à Jules Gindre, chef de dépôt aux Houillères.
28 rue de la Rotonde
La maison au numéro 30 appartient à Japy Frères et est occupée uniquement par des horlogers travaillant chez Japy et le directeur des Spiraux français

Les prénoms les plus répandus parmi les chefs de famille


On dénombre 13 Louis, 6 Emile et 6 Charles, 4 Auguste et 4 Jules
Par comparaison, voici les 5 prénoms féminins et les 5 prénoms masculins les plus répandus en France entre 1900 et 1926 (source INSEE)
prénoms répandus
Marie dépasse le million de femmes, Jean 558 000, Marcel et Louis sont dans les 5 premiers

Et les enfants ?

Ils sont assez peu nombreux : une soixantaine. C’est un autre changement. Rares sont les familles nombreuses. Quelques exceptions : Albert Jacquier a 3 fils au n° 30, Raoul Melet représentant a 3 filles au n° 12 et Louis Page convoyeur aux PTT a 4 enfants au n° 19. La plupart des ménages n’ont pas d’enfants ou soit un soit 2.

Le contexte de l’époque appelée souvent « les années folles », juste avant la grande crise de 1929

L’essor de l’après guerre ne se fait pas sans difficultés : l’entreprise automobile Schneider est une première fois en faillite en 1921 avant de déposer son bilan en 1930. Des conflits éclatent.

« Après la guerre les Français découvrent l’inflation. Le salaire des cheminots ne suit pas la hausse des prix. Les anciens « poilus » retrouvent l’autoritarisme des « petits chefs » et conséquence logique le nombre de syndiqués augmente. Cette situation se solde par une grève d’un mois en 1920, très suivie au PLM. C’est un échec pour les cheminots mais le paternalisme d’antan n’a plus cours.  » explique Jean Cuynet dans l’Histoire du rail en Franche Comté.

En 1923, une nouvelle église est construite aux Chaprais (avenue Carnot) : le Sacré Coeur. Après Charles Krug, c’est Charles Siffert qui est élu Maire de Besançon en 1925, il le restera jusqu’à sa mort en 1939. La vie associative s’est développée depuis la création d’une Union Musicale des Chaprais en 1905 et le patronage l’Aiglon en 1909

Merci à Christian Mourey, à Guy Renaud et à Jordan Lahmar pour leur aide dans la recherche des documents la plupart déposés aux archives de Besançon (mémoire vive)

Nous n’avons pas de photo de la rue de la Rotonde à l’époque. Si vous en avez, merci de nous les communiquer. chaprais@gmail.com

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