Une petite rue avec un passé industriel et militaire avant les constructions récentes
La conférence d’histoire des Chaprais animée par Delphine Lantuas le jeudi 16 novembre 2023, a été illustrée par une centaine de documents qu’il n’est pas possible de tous publier. Cet article reprend quelques informations concernant l’une des trois rues étudiées : la rue Beauregard.
La conférence a rassemblé près de 70 personnes
Quelle est l’origine du nom de cette rue ?
Il a été attribué en 1881 à une voie située au pied de la colline sur laquelle a été construit le fort Beauregard.
Elle n’apparaissait pas jusqu’au milieu du XIXe siècle : sur ce plan, on voit surtout des jardins et le ruisseau Fontaine Argent qui se jette dans le Doubs près du pont
Vers 1875, depuis la colline de Beauregard, on pouvait voir cela
Sur le plan de 1883, on distingue très peu de constructions côté impair, (sud) mais tout un ensemble de grands bâtiments côté pair (nord)
Il faut attendre la fin du XIXe pour observer des maisons plus nombreuses côté impair
Ax recensements des années 1921, 31 et 36, il y a seulement 6 maisons d’habitations rassemblant une trentaine d’habitants.
Côté impair, quelques maisons où résident surtout des familles d’entrepreneurs
La première villa a été construite pour Paul Payard vers 1914. Il était le patron d’une vinaigrerie dans la rue voisine. En 1926, cette villa a été rachetée par Marcel Blondeau.
En 1921, les établissements Blondeau créent une nouvelle entité la Société des Carburants Excelsior. Celle-ci détient des stations services, des dépôts pétroliers et assurait la livraison de carburants. Dans les années 60, une partie des activités est vendue à TOTAL. Excelsior conserve la maintenance de stations puis développe son activité de construction. L’entreprise, reprise par Jean-Claude Collombet en 1985, a fêté ses 100 ans en 2021.
Au n° 5, il subsiste une maison simple, mais avec des signes typiques de l’Art Nouveau.
Les recensements de 1911 à 1931 indiquent la présence d’Henri Lévy, fondateur de la fabrique de boites de montre, or et argent « Lévy Frères », 25 rue Gambetta.
Son fils Georges, ancien élève de l’École Centrale des arts et manufactures, dirige l’entreprise la Précision Automatique, succursale de Lévy Frères. Les deux entreprises sont réunies en 1930 sous la dénomination Henri et Georges Lévy.
La maison abrita les Services de Prévention et Protection de l’Enfance et fut rachetée par des particuliers.
En 1911, le numéro 7 est la propriété de François Prosper de la Follye de Joux, inspecteur PLM, ingénieur des Arts et Manufactures., lui aussi, Vers 1918, Camille Lipmann achète la maison qui restera sa propriété jusqu’en 1934. Sa fille Germaine sera la mère de l’actrice Geneviève Page .
Très endetté, Camille se retire en 1931. Il mourut à Alger en 1947. Son fils James, devient directeur commercial. Pendant la seconde guerre mondiale, il rejoint les Etats Unis où il apporta son soutien à Jean Monnet. La propriété est achetée par Georges Netter et son épouse Jeanne Ullmo, sœur de Roger, puis en 1950 par les Gravures Chimiques avant d’être démolie en 1952.
Le n° 9 était déjà occupé par l’entreprise Terreaux devenue Les gravures chimiques. Elle est spécialisée dans la fabrication de cadrans et de plaques gravées par procédés chimiques, comme par exemple des plaques de vélos.
Dès 1921, les numéros 11 et 13 sont la propriété de la famille Jacoutot. Il s’agit d’une maison et d’une salle de débit. Probablement une pension de famille où logent de nombreuses femmes seules, employées dans les entreprises locales.
En 2011, le dernier restaurant le Générique fit l’objet d’une liquidation judiciaire. Le bâtiment est démoli en août 2013
A l’angle de l’avenue Fontaine Argent, on trouve un garage. Le garage des Chaprais fondé par Louis Thieulin en 1886 distribuait des Panhard, Rochet mais aussi des voitures Thieulin (première crée en 1889).
Son fils Joseph s’illustra dans la course automobile et son fils Emile reprit le garage et fut l’un des fondateurs de la Foire Comtoise
Dans les années 30, le garage s’agrandit. Le garage devient la SA Thieulin en 1929, garage Renault jusqu’en 1955, puis Peugeot jusqu’au 1966, puis Fiat et enfin Opel.
Démoli pour construire un grand ensemble immobilier
dont la construction dut faire face à des inondations spectaculaires. Le ruisseau Fontaine Argent n’est pas loin.
La rue Beauregard vue du sud et du haut avant la démolition du garage
Côté pair : un terrain militaire : le parc à fourrage
Un Parc à fourrage est un lieu où l’armée entrepose ses subsistances, en particulier le fourrage pour les chevaux et son matériel. Pendant la dernière guerre mondiale, l’armée allemande y construisit une grande piscine.
Mis en chantier en 1876, terminé, il comprendra : 3 grands magasins d’égale importance, un grand ensemble disposant d’un quai d’accès et 6 pavillons répartis ici et là (un seul subsiste).
En 1949, le parc d’un hectare et demi est abandonné, puis transféré de l’autorité militaire à la SNI qui s’est chargée depuis d’y construire et d’y gérer un groupe d’immeubles dont l’entrée principale est située rue Beauregard.
Du Parc à fourrage, Il ne reste plus que le pavillon d’entrée situé avenue Fontaine Argent et un bâtiment qui a été transformé en logements.
à suivre
Énigme : Qui aura la réponse ? on distingue un clocheton sur cette carte postale postée en 1918, de quoi s’agit-il ? où ?
Prochaine réunion d’histoire des Chaprais jeudi 14 décembre 2023 à 15 h 30