Césarine, un roman et la guerre aux Chaprais

Césarine, un roman et la guerre aux Chaprais

La guerre de 1870 et Besançon comme contexte de Césarine, le roman de Jean Richepin

C’est l’histoire d’un roman symbole des turpitudes de 1871. Succès de librairie, Césarine de Jean Richepin est sorti en 1888. Narrant une histoire d’amour entre Paul et Césarine, une partie de son action se passe en Franche-Comté et aux Chaprais.

Jean Richepin est né en 1849 en Algérie. Il s’installe en France durant son enfance.

Jean Richepin

Jeune adulte, il participe à la guerre de 1870 dans un corps franc. Richepin sert à Besançon et dans les alentours. Cette expérience va lui servir une quinzaine d’années plus tard au moment d’ écrire son roman. Son ouvrage va connaître une audience en France et à l’étranger. Il sera notamment traduit en allemand.

Le narrateur de l’histoire, au nom inconnu, évoque la « romance » entre les deux personnages principaux. Cette « idylle » se déroule peu de temps avant la Commune de Paris. Le narrateur découvre peu à peu la relation tumultueuse entre Paul et Césarine par le père de cette dernière. Le capitaine de Roncieux est un officier servant dans l’armée de l’Est. Jean Richepin utilise les conversations entre de Roncieux et le narrateur pour distiller des éléments de la vie de Paul et Césarine.

Le début du cinquième chapitre introduit l’action dans la capitale comtoise. Les soldats sont installés dans des bivouacs aux Chaprais après la retraite des soldats français. Cet élément est une réalité historique comme l’atteste l’historien René de Belleval, témoin de ces événements : « Ce qui reste de l’Armée de l’Est est logé aux Chaprais, où se presse une foule curieuse et presque hostile. Les feux de bivouac sont allumés dans les rues. Les corvées vont et viennent. Les estafettes et les ordonnances se croisent au galop… »

Cézarine Chaprais

Après cette arrivée dans le quartier des Chaprais, le narrateur et l’officier de Roncieux s’engouffrent dans le centre de Besançon, Grande Rue. L’arrivée de l’armée en retraite va profiter comme souvent aux restaurateurs. Richepin écrit : « Besançon ressemblait à un rendez-vous de fête, à une ville en noce où s’était abattue une armée de goinfres ».

Cézarine Besançon en 1871

Les soldats sont débandés, l’ambiance est lourde dans la ville. Certains fuyards déambulent ivres dans les rues bisontines sous l’oeil effaré du capitaine de Roncieux. Après un repas entre les deux personnages, ces derniers observent ce spectacle catastrophique. Tandis que le capitaine s’en va dans un endroit qu’il appelle les « Suissesses », le narrateur rentre aux Chaprais. Il s’endort dans une grange servant d’abri non loin des baraquements. L’auteur a pu utiliser des souvenirs personnels pour ajouter cet élément au livre. Le quartier des Chaprais possède en 1870 un caractère rural encore visible. Aujourd’hui, il est impossible de savoir où se trouvait ce bâtiment.

Général Marius Rolland

Quelques pages plus loin, le narrateur est le témoin d’une scène où des soldats présents crient leur soutien au « père Rolland ».


Cézarine Rolland

C’ est un hommage au gouverneur de la place le général Rolland dont une rue porte son nom aux Chaprais.


rue Général Rolland

Rolland semble être apprécié des soldats dans la fiction. C’est peut-être une appréciation de Richepin sur son propre sentiment sur le haut-officier. D’un point de vue historique, le gouverneur a semblé bel et bien apprécié des hommes qu’il dirigeait.

A la suite de cet épisode, le narrateur tente de rejoindre le capitaine de Roncieux en campement d’Auxon-Dessus. Le soldat n’y parvient pas. A la suite de cette narration, Richepin accélère le récit. Il évoque brièvement le siège de Besançon ainsi que la retraite de Bourbaki. Une partie des mouvements de cette armée passant non loin de la capitale bisontine.

armée en 1870-71

La suite de l’intrigue se déroule à Paris suivant les souvenirs de Richepin. A Besançon, la guerre de 1870 ravagea la ville et ses faubourgs. Mais ce conflit aura un effet surprenant, celui de développer les Chaprais grâce notamment à l’afflux des populations alsaciennes.

Sources :

Caroline Granier, « Césarine de Jean Richepin ou la neutralité impossible », Revue d’histoire du XIXe siècle [En ligne], 24 | 2002, mis en ligne le 07 mars 2008, consulté le 31 juillet 2023. URL : http://journals.openedition.org/rh19/369 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rh19.369

Jean RICHEPIN, Césarine, édition de 1888.

Revoir le récit du siège de Besançon par Isabelle Febvay