Cheminots, PLM, rotondes, rues de Belfort et Résal

Cheminots, PLM, rotondes, rues de Belfort et Résal

Retour sur la réunion d’histoire des Chaprais du 1° juin

L’histoire de la rue de Belfort a fait l’objet de trois réunions. La troisième était consacrée à la partie haute, la plus éloignée. Voici aujourd’hui un aperçu du premier thème : l’histoire du dépôt de la Cie PLM et de la présence prépondérante des cheminots que ce soit rue de Belfort ou rue Résal.
On reviendra dans un autre article sur l’histoire de la Cité Parc et sur les autres activités de la rue de Belfort.

La réunion était animée par Delphine Lantuas et Christian Renard. Comme d’habitude, la réunion a été très riche avec la projection d’une centaine de documents et les témoignages de plusieurs participants.

réunion histoire 1° juin 23

Selon un plan guide datant de 1930, le secteur ce présentait ainsi


plan guide années 30 rue de Belfort

Les transformations de ce secteur ont été visualisées sur des vues aériennes

Rotonde et Pomona vue aérienne

Avec l’ancienne rotonde et la nouvelle

En examinant les résultats du recensement en 1936 on observe une présence massive des cheminots.


La Cie PLM est le plus gros employeur : 115 cheminots dont 76 dans le haut de la rue de Belfort en 1936, 72 côté impair, 43 côté pair.
En 1931, 101 personnes habitent rue Résal dans 9 maisons dont 21 cheminots.

En effet, entre la rue Charles Fourier et la rue Résal s’étend encore un terrain ferroviaire important.

dépôt Résal et Citadelle

Il a comporté une construction exceptionnelle. Le 28 août 1883, le Petit Comtois publie cet article

Rotonde 27/8/1883

rotonde du PLM avec coupole

Sur le plan de Boutterin de 1938 (qui envisageait la création de nouvelles rues) on distingue 2 rotondes et l’ancienne en fer à cheval.


plan Boutterin 1938 rotondes

La coupole a disparu avec la guerre. Puis la rotonde a été déconstruite

démolition de la rotonde

L’entretien des locomotives se faisait ici. On comptait 119 machines au dépôt de Besançon en 1914 et jusqu’à 154 locomotives en 1925.

locos Faille
photo Faille fin des années 60

Cet entretien a été transféré ailleurs. Pourtant l’utilisation des machines à vapeur était encore fréquente dans les années 60. Avec ses panaches de fumée qui rendaient toutes les constructions noires à proximité des voies.

fumée noire loco 141 en 1972

Les cheminots se sont souvent mobilisés. Citons d’abord la grande grève de 1920 au cours de la quelle l’armée occupa les voies ferrées

Mai 1920 armée contre grévistes
La presse locale l’évoqua de façon très limitée

Est mars 1920 grève Viotte

L’occupation allemande a été particulièrement pesante à la gare et au dépôt. Surveillance et interdictions nombreuses : La famille Obliger qui habitait en face, rue Kocher de l’autre côté de la voie ferrée, avait interdiction d’ouvrir ses volets.
Rue Kocher et Belfort

Nombreux ont été les cheminots à passer à l’action : aide à passer la ligne de démarcation, sabotages, déraillements etc…
Martine Chevillard qui a étudié en détail cette période a apporté son témoignage sur les possibilités des cheminots et sur les risques que prenaient les Résistants. Le blocage du mécanisme de la rotonde pouvait considérablement gêner les déplacements de troupes allemandes.

Bar Rotonde 9/17

Le café de la Rotonde situé au 111 rue de Belfort était un endroit stratégique. En 1928, le cafetier est A Lefranc, en 1936, le patron du café est Jules Roberget et sa femme Marie née Verjus. Habite aussi à cet endroit, Paul Adnet né à Nevers en 1901. C’est le gardien du dépôt qui s’engagea très tôt dans la Résistance comme FTP groupe Guy Mocquet
Il fut arrêté le 28 avril 1944 pour avoir aidé des prisonniers à passer en zone sud et pour des sabotages, déporté au camp de Bergen Belsen où il meurt le 15 avril 1945. 70 000 personnes y sont mortes dont Anne Franck (épidémie de typhus)

Il y avait aussi le Café des cheminots qui était au 101 rue de Belfort à la place du commerce Mélusine


101 rue de Belfort café, Mélusine

Alors qu’en juin 1967, les cheminots posaient sagement à l’entrée du dépôt (photo Faille)

cheminots médailéls juin 1967 photo Faille
En mai 1968, le dépôt était occupé par les grévistes dans une ambiance d’abord festive et musicale comme en 1936 puis très tendue lorsque la nouvelle des morts chez Peugeot arriva. Les grévistes ont branché la lance à incendie contre une possible attaque par les CRS.

Entre 1956 et les années 70 la physionomie du secteur a beaucoup changé

rotonde Résal vue aérienne en 1956

le bâtiment à 3 niveaux derrière la rotonde vapeur était destiné à l’accueil des roulants.
De l’autre côté de la rue Résal, au n° 2 un garage automobile Bouriot disparu depuis au profit d’un grand immeuble. Tout autour, des jardins

dépôt TER Résal vers 1970
Quelques années plus tard, les immeubles ont beaucoup poussé.


La dénomination des deux rues voisines du dépôt a honoré deux personnalités très différentes.

Qui était Louis Résal ?


C’est en 1926 que le conseil municipal a donné le nom de rue Résal au « chemin rural de la nouvelle rotonde »

Louis Résal ingénieur
Louis Résal, né à Besançon en 1854 et mort à Paris en 1919 était ingénieur comme son père. Il est connu comme spécialiste des ponts métalliques, il a dirigé la construction de plusieurs ponts à Paris (Mirabeau, Alexandre III) et a publié des ouvrages de référence à ce sujet.

Qui était Pierre Semard ?

Ce n’est qu’en 1953 que l’on donna le nom de rue Pierre Semard à la rue suivante

Pierre Semard cheminot syndicaliste

Né en 1887 à Verdun sur Doubs, devient très tôt cheminot et syndicaliste. A 19 ans, il agit pour l’unification des syndicats de cheminots dans la Drôme.
En 1924, il devint secrétaire de la Fédération des cheminots et membre du Comité Central du PCF. Arrêté en 1940, et condamné à 3 ans de prison, il fut livré à la Gestapo qui le fusilla le 7 mars 1942. Il exhortait ses camarades cheminots à l’action contre les nazis.

A suivre : Il y avait un château, puis la Cité Parc des Chaprais et le côté pair de la rue de Belfort

réunion d'histoire de la rue de Belfort.

Sources : Mémoire vive, archives numérisées de la ville de Besançon, photos de Bernard Faille, Jean Cuynet l’histoire du rail en France Comté, archives de Christian Mourey et Guy Renaud …