« Un beau matin” un film émouvant de Mia Hansen Love
Après Les enfants des autres, Tori et Lokita, puis EO, Michèle Tatu présente un quatrième film remarquable.
Sandra (Léa Seydoux) se rend souvent chez son père (Pascal Gréggory) atteint d’une maladie invalidante : il ne voit plus et perd les mots. Elle est veuve et mère d’une petite fille et se confronte à la nécessité de placer son père en EPHAD. Au même moment, elle retrouve un ami (Melvil Poupaud) et débute une histoire d’amour. La réalisatrice traite avec délicatesse la difficulté pour une jeune adulte de vivre à la fois le naufrage d’un père autrefois professeur de philosophie et l’incertitude d’un nouvel amour.
La matière du film, le sentiment de ne jamais faire assez quand on place un parent en institution, fait évoluer la fiction vers la recherche d’une solution digne de ce nom, sujet très contemporain. Les rituels de séparation comme le tri des livres et le vidage de l’appartement sont filmés très habilement.
L’amour n’est pas facile non plus. La vie est ainsi faite, la proximité de la mort et la renaissance par l’amour se côtoient grâce à un montage subtil. La réalisatrice ne laisse rien au hasard et nous livre une œuvre d’une grande tendresse. « Un beau matin commence » comme une phrase d’un conte et nous entraîne dans le labyrinthe complexe des sentiments humains où la mort côtoie la vie.
Michèle Tatu
