Une autre manière de lire… la BD…Oui mais de qualité. Et celle ci l’est !

Victor Hugo « Aux frontières de l’exil » de Esther Gil et Laurent Paturaud

Une façon originale d’appréhender l’histoire en BD.

On le savait poète, romancier, ardent défenseur de la liberté et de la justice, farouche opposant de  l’empereur et de la peine de mort, on le découvre père torturé depuis 10 ans par le décès de sa fille Léopoldine, noyée dans la Seine alors qu’elle n’avait que dix-neuf ans.

Esther Gil fait ici le choix de privilégier la thèse du crime en ce qui concerne le drame de Villequier. Et si la mort de Léopoldine n’était pas accidentelle ?

Passionnée d’Histoire et particulièrement de la période romantique, la scénariste Esther Gil s’est plongée dans la documentation et les manuscrits concernant la famille Hugo, étendant ses recherches aux différents thèmes abordés dans l’album, les combats politiques de Hugo contre «Napoléon-le-Petit», la transformation de Paris sous le Second Empire ou encore l’intérêt du poète pour les «forces de l’esprit». Elle a également réalisé un véritable travail d’enquête à partir des archives du musée Victor Hugo et de la maison Vacquerie à Villequier pour étayer une thèse originale à propos du décès de la fille de Victor Hugo.

Et si Victor Hugo était sorti de son exil à Jersey pour mener l’enquête à Paris ? Suscitant par la même, les soupçons de Vidocq, l’aide de Gavroche dans le Paris du Second Empire ?

La vraie bonne idée du roman, c’est de mêler vérité historique et ajout fictionnel. Un récit dense vraiment captivant magnifiquement mise en valeur par les magnifiques dessins très réalistes de Laurent Paturaud.

Ainsi, on croise Napoléon III, le baron Haussmann, Adèle Hugo, Juliette Drouet, Auguste Vacquerie beau frère de Léopoldine et bien d’autres personnages hauts en couleurs. Sans oublier le contexte de la Commune de Paris

L’ensemble tout en gardant le cap de l’enquête rend parfaitement l’ambiance de cette époque où intrigues et complots sont légions.
Que vous soyez de grands connaisseurs de Victor Hugo, de son oeuvre ou que vous souhaitiez au contraire investir le personnage, dans les deux cas cet album ne manquera pas de vous séduire.
Et je ne résiste pas au plaisir de vous rappeler ces quelques vers, ô combien connus.

Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleurs.

Extrait des Contemplations-1856.