Qui habitait rue du Chasnot, il y a 100 ans ?

Qui habitait rue du Chasnot, il y a 100 ans ?

Histoire : les habitants de la rue du Chasnot, au recensement de 1921

Après avoir présenté les habitants de la rue de la Rotonde, de la rue du Cercle et du Château rose puis de la rue Charles Fourier, intéressons nous à ceux de la rue du Chasnot. Du moins, à ceux qui habitaient au bas de la voie ferrée.
Rue du Chasnot en 1926
Les rues du Chasnot et de la Rotonde en 1926
pop Chasnot de 1891 à 1931
Le recensement de la population effectué en 1921 dénombre 363 habitants répartis entre 138 ménages dans 21 maisons. C’est une année creuse.


Près des 2/3 des ménages sont des personnes seules ou vivant à deux. Les familles nombreuses sont très rares. Au numéro 24, Adolphe Riedoz vit avec son épouse et 6 enfants comme la famille Jacob. Au numéro 5, Francis Lamblin vit avec son épouse, quatre enfants et une nièce. Au numéro 1, on remarque un ménage de 7 personnes : Jean Prost, son épouse, son fils et quatre « domestiques » qui travaillent en fait à la boulangerie.

193 actifs ayant 40 ans d’âge moyen.
âge des actu=ifs rue du Chasnot en 1921

Les habitants les plus âgés sont nés en 1847 : Jean Helmer né en Alsace ou en 1849 ; deux femmes seules Marie Sauvageot et Anna Simon.



Que font-ils ? des professions variées, mais beaucoup de cheminots.


Le plus grand nombre (39) travaillent à la Cie PLM.
Cinq autres travaillent dans le transport (camionneur ou charretier) en particulier chez Régnier ou aux Monts Jura.
Une quinzaine sont qualifiés de « journaliers » ou de manœuvre.

14 (principalement des femmes) travaillent dans le secteur textile/habillement dont 7 à la bonneterie Druhen rue de la Liberté.
 8 rue de la Liberté Druhen
Les autres sont couturières, brodeuses et une personne travaille aux Soieries aux Prés de Vaux.

Boucherie, boulangerie, épiceries au début de la rue du Chasnot

début rue du Chasnot antan
25 travaillent dans le commerce soit à leur compte (boulanger, boucher, épicier, coiffeur, « débitant », jardinière, soit comme voyageurs de commerce, soit dans une succursale des Economiques bisontins ou des Docks, soit encore comme employé de commerce par exemple chez Sancey (grossiste)

17 travaillent dans la métallurgie dont 4 à la fonderie Douge,
fonderie Douge

La fonderie Douge créée en 1884 à Tarragnoz s’est installée place Leclerc après avoir racheté la fonderie Sainte Eve. C’était le huitième plus gros employeur de la ville : 215 salariés y travaillaient en 1930, avant la crise.

7 travaillaient dans l’horlogerie (Lipmann, Hatot, Japy, Pétolat …) et 5 dans l’automobile (Schneider ou Thieulin).


Une quinzaine travaille dans des bureaux dont 6 au bureau militaire, 4 aux PTT, 3 dans une banque.
On remarque un officier, un sous-officier et trois institutrices.
Les autres sont tonnelier, serruriers, maçons, peintre, ouvrier à la papeterie, typographe à l’imprimerie Millot (rue Gambetta), photographe, chocolatier chez Jacquemin, mécanicien dentiste.
On remarque aussi trois rentiers, 7 domestiques, 3 chômeurs, un handicapé.

Comment se répartissent-ils entre les 21 maisons ?

Au bas de la rue, des commerces :

D’un côté, au numéro 1, il y avait déjà une boucherie tenue par le couple Prost, une coiffeuse Amandine Brumpt, les époux Mathely gérants d’une épicerie (les Docks de Franche Comté), un peintre, un horloger, une couturière … 9 ménages en tout. Au numéro 3, on dénombre 11 autres ménages dont les époux Laronde qui tiennent une boulangerie et 5 femmes travaillant à la bonneterie Druhen et 3 hommes à la Cie PLM
début rue du Chasnot antan
En face, au numéro 2, tout le rez-de-chaussée est actuellement occupé par la boulangerie Au Pain d’antan.
Au pain d'Antan en 2021

En 1921, sur la carte postale ci-dessus, on voit déjà une autre boulangerie gérée par Jean Rérolle. Il habitait ici avec sa femme, ses deux enfants et deux « domestiques ». Mais à l’angle de la rue de Belfort, il y avait une épicerie.
6 et 8 rue du Chasnot
Au numéro 6, dans le grand immeuble à l’angle de la rue de la Rotonde habitaient neuf ménages dont Auguste Rapin, agent d’assurance, Paul Bez officier et différents employés. Au numéro 8, on dénombrait 8 ménages dont deux italiens et deux suisses.
Au numéro 10, habitait François Picard (négociant en bestiaux) et sa famille
Au numéro 12, habitait Louis Cartier directeur des Economiques bisontins, son épouse et son fils étudiant.
Au numéro 16, logeait Anna Simon, dijonnaise d’origine, veuve, propriétaire et les familles Brunet, Renaud et Fillon.
16 rue du Chasnot

Au numéro 18, logeaient neuf ménages et onze au numéros 20 et 20 bis dont cinq cheminots, des horlogers, serruriers etc mais aussi Joseph Chauve, sous chef de service au Crédit Lyonnais et sa femme institutrice.
actuel n° 24 rue du Chasnot
Dans l’immeuble du numéro 24 habitaient 15 ménages dont deux familles nombreuses.
26 rue du Chasnot février 2021
Au numéro 26 habitait la famille Bouchu-Ferreux patron d’industrie. Enfin un gazier de la Compagnie PLM habitait avec son épouse au numéro 28.

5 rue du Chasnot

Côté impair, aux numéros 5 et 7 ne logeaient que 4 ménages dont Francis Lamblin camionneur patron.
La famille Jacquier dont le père Léon est patron, représentant de commerce, logeait seule au numéro 9 dans cette belle bâtisse en pierres de taille.
9 rue du Chasnot

En revanche, au numéro 15, vivent 14 ménages dont 6 cheminots à PLM et Adolphe Pasquier qui tient une épicerie avec son épouse.
La rue du Chasnot jadis
L’immeuble moderne n’était pas construit et les dernières maisons avant la voie ferrée sont aux numéros 23 et 25 où l’on trouve neuf ménages en majorité des personnes seules travaillant à la Compagnie PLM, une jardinière et une employée aux Economiques bisontins.


D’où viennent-ils ? l’exode rural


Presque tous sont français sauf 14 étrangers recensés rue du Chasnot : quatre familles venues de Suisse et deux d’Italie.
Mais sur les 193 actifs, 28 seulement sont nés à Besançon. Les autres viennent de différents villages du Doubs. Parfois du Jura, de Haute Saône, de Belfort ou de Côte d’Or. Quelques-uns viennent de plus loin : d’Alsace, de Malakoff ou même de Caen.

Quels sont les prénoms les plus fréquents et les plus originaux ?

Si l’on considère les prénoms des actifs et chefs de famille, c’est le prénom Marie qui est le plus répandu (14). Chez les hommes, Jules et Louis sont les plus fréquents (10 chacun), puis Léon, Paul et Auguste. Georges, Henri et Jean sont au nombre de 5 chacun. On dénombre aussi 4 Emile, François, Joseph et René.
A part Marie, les prénoms féminins sont variés, Jeanne et Louise arrivant en seconde position (5 chaque).

Parmi les prénoms masculins originaux, on peut relever Ulysse (ils sont deux), Vital, Adolphe, Balthazar et Fridolin


Le contexte de l’époque en bref :

Le maire en fonction est Charles Krug, élu depuis le 12 décembre 1919. La première guerre mondiale n’a pas détruit la ville, mais a fait perdre la vie à plus de 1500 bisontins. L’année 1920 a été marquée par une grande grève des cheminots.
Mai 1920 armée contre grévistes
En mai 1920, l’armée a été mobilisée contre les grévistes.
En 1921, commence la construction de l’église du Sacré Coeur avenue Carnot.

Sources : Archives municipales de Besançon, memoirevive, Christian Mourey et Guy Renaud

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