La victoire du 8 Mai vue des Chaprais
Certes Besançon est déjà libérée lorsque sonne l’heure de la victoire le 8 mai 1945.
Au niveau national, le bilan est lourd : les sources varient quant aux chiffres de pertes humaines. Retenons ceux du centre R. Schuman qui affiche, pour la France, 238 000 militaires tués ainsi que 330 000 civils ; soit 1,5% de la population française d’avant guerre. Bien sûr, il faudrait comparer ces chiffres avec les autres pays. Et rappeler que celui qui paya le plus lourd tribut pour cette victoire fut l’URSS avec plus de 21 millions de morts, soit 10% de sa population d’avant guerre.
Sur le plan matériel, ce sont plus de 300 000 bâtiments d’habitation qui ont été détruits en France générant dans la France d’après guerre, y compris à Besançon des problèmes de logement.
A la Chapelle des Buis, dans la crypte de Notre Dame de la Libération de nombreux panneaux de marbre rappellent les victimes civiles et militaires : quelques 5 500 noms pour les départements du Doubs, de la Haute-Saône et du Territoire de Belfort.
Et 600 noms concernent des militaires, résistants et habitants de Besançon ! Combien habitait notre quartier ? La recherche reste à faire !
Nous ne saurions oublier que derrière ces chiffres et cette comptabilité macabres, ce sont des vies qui sont détruites et qui plongent alors de nombreuses familles dans le deuil !
11 septembre 1944, les obsèques des victimes des combats de la Libération
avenue Fontaine Argent
La victoire n’avait pas le même goût pour tout le monde !
Parmi les 600 noms concernant Besançon, on retrouve les noms des 24 résistants tués lors des combats de la libération de notre ville et qui figurent sur la stèle de la place de la Liberté. Trois d’entre eux, semble-t-il, habitaient notre quartier. Gaston Cordier, marié, un enfant,32 ans travaillait avec son père propriétaire de l’Hôtel des Voyageurs face à la gare Viotte. Roger Felsinger, 33 ans, marié 3 enfants, domicilié 19 rue des Villas. Et le colonel Gustave Filippi, 42 ans, marié, 2 enfants ; il occupait un logement de fonction dans une maison appelée alors « le château » au 131 rue de Belfort, là où a été érigée dans les années 50 la Cité Parc des Chaprais. Une plaque commémorative a été apposée sur la maison du gardien de cette cité en 2017.
Autres témoignages de cette époque dramatique, ces deux stèles à la gloire des cheminots.
Monument aux morts gare Viotte
Monument aux morts Dépôt rue Résal
L’une à la gare Viotte qui comporte les noms de cheminots tués en qualité de militaire, au début de la guerre, mais aussi lors du bombardement de la gare Viotte en juillet 43 et à l’occasion de faits de résistance. Ils sont ainsi 35 dont les noms sont gravés dans le marbre au niveau de l’entrée basse de la gare.
Rapport d’arrestations de cheminots du 10 juillet 1944
Au dépôt de la rue Résal, nous comptons 17 noms qui figurent tous parmi ceux commémorés à la gare.
A noter que parmi ces cheminots 3 d’entre eux ont été tués lors des combats pour la libération de Besançon : Dornier Armand et Pourchet Roger, tous deux sur les deux monuments à la gloire des cheminots. Louis Billot, lui, jeune lieutenant et son Commandant Marceau (de son vrai nom Robert Braine) sont tués tous deux dans des combats derrière la gare. (se reporter à la brochure édité par la ville sur en septembre 2019 pour le 75° anniversaire de la libération de Besançon).
Enfin il convient de rappeler que deux chapraisiens (sur 4 résistants fusillés) ont leur nom sur la stèle du maquis des Monts d’Agrey, dans le bois de Chailluz. Ils ont été surpris par une patrouille de soldats allemands alors qu’ils traversaient le bois de Chailluz pour rejoindre leur maquis et fusillé aux côtés de leurs camarades Roger Boutonnet et René Zanchi du quartier de Saint-Claude : il s’agit de Michel Pasquier, 19 ans qui demeurait 15 rue du Chasnot et de Georges Félix, 25 ans, 7 avenue Droz.
Stèle au bois de Chailluz
Enfin, dans la liste des 30 victimes civiles des combats de la libération, liste officielle dressée par la mairie, ne figure qu’un chapraisien, M. Louis Lichtle qui demeurait 56 rue de Belfort.
Toutes ces victimes n’ont pu, malheureusement, fêter la victoire.
Et en septembre 1945 des familles attendent toujours le retour de ceux qui ont été prisonniers, arrêtés et déportés.
Malgré le manque de papier le journal publie de longues listes de personnes disparues.
Dans cette édition du 27 septembre 1945, sont recherchés Mme et M. Stehlin, tous deux bisontins.
Un témoignage sera adressé au journal quant à leur mort en camp de déportation.
Et n’oublions pas toutes les diificultés et les mesures de rationnement qui ont perduré après cette victoire!
Photos : droits réservés.