Qui se souvient de l’établissement d’horlogerie BLIND SA, rue de la Liberté?

Qui se souvient de l’établissement d’horlogerie BLIND SA,  rue de la Liberté?

Monsieur Pascal Blind a accepté, à notre demande, d’écrire les souvenirs  concernant l’entreprise créée par son père. Nous l’en remercions vivement ainsi que M. Christian Buron qui nous en a révélé l’existence. M. Blind nous précise :

« Quand vous m’avez demandé d’écrire un petit article, j’ai accepté avec hésitation sachant que je devais faire appel à ma mémoire car le temps est déjà éloigné, les derniers événements datant des années 1976-78. Ma mémoire sera relativement sélective, je me souviens surtout d’anecdotes puisque mon père relatait certains faits, en fin de compte, à chaque fois que l’occasion se présentait. 

Horlogerie Blind rue Liberté

 

  L’établissement René BLIND SA, 8 rue de la Liberté,  aux Chaprais fabriquait des montres complètes à partir d’ébauches elles-mêmes fabriquées pour la majeure partie par feu FRANCE-ÉBAUCHES au Valdahon. L’entreprise était spécialisée dans les petits mouvements : calibre : 5 et demi pour les connaisseurs (diamètre 12.4 mm) qui étaient des petites montres pour dames, selon la mode de l’époque. La mode est un mot important, car la mode était et est toujours quelque chose d’imprévisible, la mode change très vite et l’adaptation devait être forcément très rapide, c’est pour cela que l’entreprise avait étendu sa production à d’autres calibres, pour montres pour hommes, par exemple. La société avait commencé avec quelques employés rue du Funiculaire dans les années 50, puis suite à son extension s’était installée rue de la liberté dans les années 60 avec une superficie de plusieurs centaines de m² et employait une quarantaine de personnes.

horlogerie Blind

Atelier, chaîne de montage

Blind

Atelier réglage (on aperçoit par la fenêtre l’ancien bureau de poste des Chaprais)

 Avec ce personnel, l’entreprise produisait dans sa catégorie plus que feu LIP de la grande époque. Les montres avec bracelet étaient vendues aux grossistes prêtes à être revendues et toutes réglées une par une. La précision de marche des montres était une priorité et leur grande qualité. La marque était apposée à la demande du client, en particulier, la marque LANVIN faisait partie du panel. Il y avait aussi une marque de produits internes sans intermédiaire : la marque BLIX. La vente à l’export était relativement importante. L’entreprise était également fière de sa première place en qualité des montres plusieurs années de suite, jugée et décernée par le CETEHOR, le Centre Technique de l’Industrie Horlogère à Besançon.

certificat CETEHOR

Côté anecdote, en particulier, je me rappelle des histoires les plus marquantes que je n’ai jamais oubliées et que je n’oublierai certainement jamais : un jour, classiquement, un client est reçu. Il raconte ses vacances à Courchevel qui se sont déroulées merveilleusement, puis termine : « bon, eh bien maintenant, je ne peux pas vous régler. Comme je ne veux pas que mon banquier s’aperçoive que je ne peux pas vous payer, vous allez m’avancer l’argent et je vous rembourserai la totale plus tard ». Cela rappelle la scène célèbre de Monsieur Jourdain et Dorante qui non seulement ne lui rend pas ce que Monsieur Jourdain lui a prêté, mais lui emprunte de nouveau pour faire un compte rond ou un bon compte, comme dirait Dorante… Contraint d’accepter et de s’exécuter, d’une part pour ne pas perdre ce client, et d’autre part, pour rester dans la philosophie de la pièce de Molière, « le client est roi, ou plutôt roi-soleil», cette personne dont j’ai toujours ignoré le nom, finissait malgré tout par tenir parole et réglait toujours la totalité le moment venu, sachant que cet épisode de la part de ce client ne s’est pas produit qu’une fois. »

M. Pascal Blind

Photos P. Blind, DR.

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