Il y a 60 ans, la guerre d’Algérie faisait de nombreuses victimes, y compris parmi les jeunes des Chaprais
Une loi de 2012 a instauré le 19 mars comme « journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie mais aussi des combats en Tunisie et au Maroc ». Certes cette date symbolique, reconnue par la puissante FNACA (Fédération des anciens Combattants d’Algérie, Maroc et Tunisie : 290 000 adhérents revendiqués en 2018!), renvoie à la date de la signature, la veille, des Accords d’Evian (accords précédés de longues négociations dans un chalet discret de la station jurassienne Les Rousses, proche de la frontière suisse, ce qui permettait aux représentants de l’insurrection algérienne de regagner, chaque soir, la Suisse, pays neutre où ils logeaient…).
Et donc les autorités officielles, Préfet en tête, ont célébré, le 19 mars 2019, cette date anniversaire devant un monument aux morts, aux Glacis, récemment nettoyé .Il ne s’agit pas, bien sûr du monument aux morts de la Grande Guerre qui, déplacé de son implantation première devant la gare Viotte, conserve des sculptures de Georges Laëthier, Albert Pasche et Paul Gasq (voir l’article qui leur a été consacré sur ce site à la date du 11 novembre 2016, intitulé « Les 3 statuaires du monument aux morts de la grande guerre »).
Mais bien du monument aux morts dû à Georges Oudot, aux Glacis, situé sur le côté à droite du précédent, consacré aux victimes, originaires du Doubs, de la guerre en Afrique du Nord. C’est la guerre d’Algérie, bien sûr qui comporte le plus de victimes parmi les plus 250 morts répertoriés dans notre département!
Photo Alain Prêtre (DR)
Connaissez-vous ce coq, au dos du monument des Glacis?
Cet emblème qui ornait le Monument aux Morts du village d’El-Achour a été récupéré par le maréchal des logis-chef TOULIS dans les débris du monument alors saccagé au moment de l’indépendance de l’Algérie en 1962. Cette relique est précieuse puisqu’elle coûtât la vie à ce sous-officier. Elle fut rapportée à Besançon par son chef de corps lors du rapatriement de l’unité en métropole et remise aux associations promoteurs du présent monument. Photo Alain Prêtre (DR)
Et parmi ces noms gravés dans le marbre, en lettres dorées, celui d’un jeune très connu aux Chaprais, comme le rapporte un article du quotidien Le Comtois en date du 11 février 1959 : Gérard Frachebois, jeune aspirant de 23 ans, tué en Kabylie le 23 décembre 1958 et enterré au cimetière des Chaprais le 10 février 1959.
Tombe de Gérard Frachebois au cimetière des Chaprais (DR)
L’article du journal Le Comtois le 11 février 1959
Vous constaterez au passage le temps qu’il a fallu pour transférer alors, la dépouille mortelle de ce jeune, de Kabylie à Besançon, sa terre natale!
De Gérard Frachebois, nous savons peu de choses : il est né le 28 mai 1935 à Besançon, au 68 rue de Vesoul. il est le fils de Georges né le 29 avril 1011 à Besançon et de Marie-Louise Antoinette Vagneux née le 15 mai 1913 à Merey sous Montrond. Les parents de Gérard s’étaient mariés le 4 mai 1934 à Besançon.
L’article de presse relatant ses obsèques nous apprend qu’il avait été élève à Saint Joseph puis moniteur de la colonie de l‘Aiglon à Grandfontaine. Ce qui explique la présence massive des jeunes chapraisiens lors de ses obsèques. Il n’y eut pas de discours officiel est-il alors précisé. Mais hommage lui a également été rendu par un détachement militaire encadrant le char funèbre, fusil pointé vers le bas, comme c’était l’usage. Gérard devait être libéré quelques semaines après la date son décès!
Détachement militaire accompagnant le corbillard
Combien de jeunes chapraisiens sont alors décédés en Algérie?
Aujourd’hui, mis à part chez les anciens combattants, qui sont souvent restés traumatisés par cette guerre, les jeunes générations connaissent-elles le bilan de cette guerre, bilan toujours soumis à controverse ?
25 000 militaires français tués; 65 000 blessés; de 10 000 à 90 000 victimes civiles européennes selon les sources; de 30 000 à 150 000 harkis massacrés à l’indépendance et 250 000 algériens tués sur une population algérienne estimée alors à 10 millions d’habitants !
Il convient de s’en souvenir!
Merci à Mrs. Roger Chipaux pour ses recherches sur la famille Frachebois et Alain Prêtre pour ses photos récentes du monument aux morts de Besançon.
J.C.G.