Les trois statuaires du monument aux morts de la Grande Guerre de Besançon
Sur le monument aux morts de la Grande Guerre, de Besançon, tout semble avoir été déjà dit et écrit…Nous avons déjà publié plusieurs articles sur ce blog, en particulier lors de son déplacement de la gare Viotte aux Glacis (le premier billet est daté du 1/10/2012! « monument aux morts » )
Par ailleurs les bibliothécaires de la ville dont nous avons parlé dans notre article précédent, ont mis en ligne sur le site Mémoire Vive de la ville de Besançon, un historique exhaustif avec des illustrations souvent inédites. Vous pouvez vous y reporter en cliquant sur ce lien
Alors pourquoi revenir, en ces temps de commémoration de l’armistice du 11 novembre, sur ce monument?
Eh bien parce qu’il ne vous aura pas échappé qu’il est la production collective d’un architecte et de trois statuaires! Comme les 3 mousquetaires, ils sont donc 4!
Décidé dès 1920 afin de rendre hommage aux 1 531 bisontins morts lors de cette Grande Guerre, il avait été fait appel à un architecte et à des artistes bisontins. Et c’est bien le cas pour 3 d’entre eux!
L’architecte du monument, Maurice Boutterin, (voir à ce sujet l’article le 4 mai 2013, intitulé Connaissez-vous Marcel et Maurice Boutterin?), est né, rappelons le, à Besançon en 1882. Et, s’il est mort à Tours, il est enterré, avec son père, au cimetière des Chaprais.
Aujourd’hui, aux Glacis, de l’ancien monument déconstruit, ont donc été conservés et reposés 3 éléments de nos 3 statuaires.
L’élément le plus important est la représentation de la ville de Besançon par une femme rappelant les statues consacrées à la République. Elle s’appuie sur un adolescent et symbolise l’avenir.
Elle est l’oeuvre de Paul Gasq ( 1860-1944), le seul parmi les trois, qui ne soit pas bisontin! Il est en effet né à Dijon! (préfiguration de la grande région Bourgogne-Franche-Comté…). Mais il serait né à Dijon par hasard! En fait la famille habitait Lyon. Le père étant cheminot, il était à Dijon, avec son épouse, en déplacement..Et Paul naît, nous précise le journal Le Bien Public, dans un immeuble de la cour de la gare. Nous n’irons pas jusqu’à dire que c’était là aussi un signe du destin pour ce futur sculpteur qui réalisera cette importante statue à Besançon, placée à l’origine devant la gare Viotte!
D’autant plus que, comme nous le rappelle le site Mémoire Vive, il avait été envisagé, en 1920, comme lieu d’implantation du monument aux morts alors projeté…la place Flore!
La ville de Dijon compte de nombreuses œuvres de Paul Gasq,qui à partir de 1932 et jusqu’à sa mort, a été conservateur du musée des Beaux-Arts de Dijon. Il est l’auteur du haut relief du monument aux morts des Allées du parc de Dijon illustrant le départ du soldat. Mais ce monument dijonnais a été inauguré en novembre 1925, donc un an après le nôtre!
L’oeuvre de Paul Gasq à Besançon est flanquée de deux gardes d’honneur.
Le poilu de gauche, symbolisant le départ enthousiaste du soldat pour la guerre.
Il est l’oeuvre du sculpteur bisontin Georges Laëthier (1875-1955): nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer son oeuvre et Alain Prêtre, membre du groupe Histoire, Patrimoine, Mémoire des Chaprais a écrit récemment (le 28 mai 2016), un article à son sujet. Article illustré de très belles photos,qu’il a réalisées, et d’une anecdote fort intéressante concernant cette sculpture d’un poilu qui porte son fusil…à gauche…. Georges Laëthier est également enterré au cimetière des Chaprais.
Le poilu de droite, le soldat qui revient de la guerre, après 5 années de souffrance a été sculpté par Albert Pasche ( 1873-1964).
Alors, certes, Albert n’est pas un bisontin pur sucre! Il est né à Genève de parents français. Et s’il habitait Paris, il possédait de nombreuses propriétés à Besançon et dans le Doubs dans lesquelles il séjournait. Et puis il est le sculpteur de la fontaine de la place Jean Cornet. Enfin, il est décédé à Besançon dans son domicile de la rue Emile Zola. Ne commettez pas l’erreur cependant de croire qu’il est lui aussi, enterré au cimetière des Chaprais! Le très beau monument funéraire de marbre blanc, qu’il a sculpté lui-même, est le tombeau de sa famille (son père, sa mère, sa sœur; il se représente lui-même en train de sculpter l’effigie de son père).
Albert Pasche qui possédait également un château à Etrabonne, dans le Doubs, a fait don d’un monument aux morts à cette commune.Le maire de cette commune, M. André Pharizat, nous a précisé qu’il avait, pour la représentation de son poilu, pris pour modèle, un de ses voisins le plus proche de son château, M. Mourey, qui précisément, était un ancien combattant rescapé!
Nous aurons l’occasion de revenir sur ce sculpteur, compte-tenu des renseignements inédits que nous avons pu recueillir.