La création du CETEHOR en 1945 et l’industrie horlogère bisontine à cette époque

La création du CETEHOR en 1945 et l’industrie horlogère bisontine à cette époque

Rappelons les origines de ce CEntre TEchnique de l’industrie HORlogère (cetehor) précisées dans l’article paru la semaine dernière, sur ce site web. Et ce, en quelques dates :

1938 : création à l’école d’horlo du Bureau d’Etudes Horlogères (BEH);

1940 : création,par le régime de Vichy du Comité d’organisation de l’industrie de la montre (COMONTRE) et du comité d’organisation de l’industrie horlogère (COHOR);

1941 : le Comontre s’installe 16 avenue Carnot. Son directeur nommé par les autorités de Vichy est M. Marcel Beucler; le directeur Adjoint, M. André Donat est un ex-directeur technique de LIP;

CETEHOR 16 avenue Carnot

 

1945 : fusion de ces deux organismes afin de créer le CETEHOR, 16 avenue Carnot . Directeur M. André Donat (1908-1973).

André Donat CETEHOR

Les statuts de cet organisme en fixaient l’objet :

– « conduite et orientation des études, recherches et essais relatifs à la constitution et à la fabrication des appareils d’horlogerie et notamment au tracé des appareils, aux matières premières et produits utilisés, aux procédés de fabrication et de contrôle, fixation des critères de qualité, normalisation, amélioration technique et développement de la production,

– étude des mesures à prendre pour la formation professionnelle,

– tenue à jour d’une documentation technique. »

L’équipe était composée de 18 collaborateurs dont 4 ingénieurs de l’Institut de Chronométrie.

André Donat, son directeur, le restera jusqu’en 1971; puis il en deviendra le président jusqu’à sa mort en 1973.

A droite sur la photo, A. Donat (avec lunettes) lors de l’inauguration des nouveaux locaux du CETEHOR en 1962 (photo B. Faille)

En 1946, il rédige, à la demande des autorités,  un rapport de 10 pages sur l’état de l’industrie horlogère française, en particulier dans le Doubs. Ce rapport classé dans les archives départementales de la Côte d’Or est une véritable photographie de la situation après la seconde guerre mondiale.

Il y souligne l’importance de l’industrie horlogère suisse qui emploierait de 60 à 100 000 ouvriers qualifiés tandis qu’en France, ils ne seraient plus que 5 à 6 000! Et déjà, à la veille de la seconde guerre mondiale, l’industrie horlogère française était fortement dépendante de sa voisine suisse. Plus de la moitié des 2 millions de montres fabriquées en France se fait à partir d’ébauches suisses;  les ébauches françaises comportent des pièces suisses. Les suisses semblent vouloir ne laisser subsister que « l’industrie du terminage avec pièces suisses ».

Trois catégories d’entreprises pouvaient être alors définies , en Suisse comme en France :

– les manufactures qui font des ébauches et achètent des pièces détachées : elles sont peu nombreuses en France. LIP de la rue des Chalets aux Chaprais et, à proximité, ZENITH, rue des Ragots.

– les fabricants d’ébauches et de pièces détachées, divisés par spécialités (une trentaine), et utilisant des machines de précision. C’est le plus grand nombre : Les 2/3 de la profession et les 4/5 du personnel. On en compte 75% dans le Doubs et 20% en Haute Savoie.

– les fabricants établisseurs : ils achètent les ébauches et les pièces détachées. Ce ne sont que des ateliers de montage. Ils représentent 1/3 de la profession et 1/5 du personnel. On en compte 85 dans le Doubs.

Face aux difficultés d’approvisionnement en Suisse, la France avait créé sous l’occupation, une production de machines outils pour la fabrication horlogère avec les sociétés suivantes : Steiner, Sagem, Crouzet, atelier des torpilles de Toulon, établissements d’état de Saint Tropez. A la libération l’industrie horlogère française compte sur les machines allemandes pour se relancer : on apprend ainsi que 450 machines saisies comme dommages de guerre attendent leur distribution à Roanne et qu’il en faudra bien d’autres. Vous pouvez également vous reporter sur l’article (publié sur ce blog) concernant les montres VIXA.

Pour revenir à André Donat, en 1931, il avait produit un mémoire intitulé « Système de numérotation des spiraux » : il reçut pour cela le prix de la Société Suisse de Chronométrie. De cette étude devait naître un système de numérotation universellement appliqué.

Spiraux Donat

Car la France a fait beaucoup d’efforts de recherche sur les spiraux. Avec la Société Métallurgique d’Imphy, dans la Nièvre, et la création, en 1919, de la Société des Spiraux Français. Et  » la production française de spiraux atteignit rapidement le niveau international » d’après la brochure du 50° anniversaire du CETEHOR.

Toujours avec les mêmes sociétés et la fabrique de ressorts Augé,  « …LE CETEHOR parvint à mettre au point un alliage permettant d’obtenir des ressorts pratiquement incassables, inoxydables, amagnétiques dont le couple, excellent, ne varie pratiquement pas. Cette réussite alliée à de grandes qualités industrielles, permit à la société bisontine Augé ressorts de devenir dans les années soixante le plus important fabricant mondial de ressorts de montres. » Ajoutons que la société Augé, était, à l’origine, installée rue des Noyers (rue Krug actuelle). Nous aurons l’occasion de consacrer un article quant à l’histoire de cette société.

Mais n’anticipons pas : le prochain article sera consacré au départ du CETEHOR des Chaprais et à son avenir.

Sources : plaquette du CETEHOR pour le cinquantenaire du centre; archives départementales de Dijon.

 

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