Saint Fiacre et les Chaprais
Le saviez-vous? Lorsque l’église Saint Martin des Chaprais a été construite en 1822 ( en remplacement de Saint Martin de Bregille détruite lors du siège des autrichiens en 1814), elle fut également consacrée à Saint Fiacre, le patron des jardiniers.
Dans son Mémoire de maîtrise consacré à l’ Histoire des Chaprais au XIX° siècle. Transformation d’un hameau maraîcher en quartier urbain, M. Fabrice Petetin indique que si en 1794, l’activité agricole représentait plus de 58,8% des emplois actifs, en 1876, ce n’était plus que 4,75%!
Cette fête est célébrée chaque année le 30 août. Cette date correspond à celle de la mort de Fiacre, moine irlandais qui mourut donc le 30 août 670 dans un village de la Brie, près de Meaux, qui prit d’ailleurs son nom. La légende en fit un moine guérisseur et de nombreux miracles lui sont attribués.
Dans son livre « Fêtes religieuses et populaires de Franche-Comté » aux Editions du Belvédère, M. Eric Coulon note :
» Saint Fiacre, venu d’Irlande, s’installa dans la paisible campagne du diocèse de Meaux où il établit un ermitage dédié à la Vierge. Sa dévotion et le caractère austère de sa vie attirèrent à lui les fidèles, en même temps que les désobligeances des autorités religieuses, trop habituées à l’opulence.
Le saint homme demanda à l’évêque de Meaux d’aménager les annexes de son humble invitation pour donner un toit à ses fidèles. Ce dernier lui promit l’espace s’il l’entourait d’un fossé creusé en une seule journée de labeur. Malgré son âge et sa santé précaire, il se mit au travail et eut la surprise de voit la terre se creuser d’elle-même et les arbustes se déraciner spontanément. Aussi, en fin de journée, il avait acquis un enclos substantiel. De plus, la terre consacrée se révéla d’une extrême fertilité et ses moissons nourrissaient de nombreux pauvres qui trouvaient refuge à l’ermitage. Tout le monde cria au miracle. Le jour de sa fête, jusqu’au milieu du XIX° siècle, tous les membres de la confrérie, venus des quatre coins de la province, se réunissaient à Besançon. Ils assistaient à une messe célébrée en l’église Saint-Pierre, qui se déroulait à un autel particulier. Elle était suivie du repas traditionnel où la gaieté et la bonne humeur étaient de mise. Cette fête existait encore au début du XX° siècle dans quelques bourgs de la région ».
A propos de l’église des Chaprais, Gaston Coindre dans « Mon Vieux Besançon » évoque le « … style de cette paroisse rurale, très correct mais froid et triste, église mélancolisée d’ailleurs par son voisinage funeste » (le cimetière)….« Si dépourvue qu’elle soit de décor, on ne regrette point, disparus de leurs niches, les deux saints de la façade, Saint Fiacre, patron des jardiniers et Saint Martin l’évêque. Statues autrefois taillées à coups de serpe dans le bois le plus grossier, disproportionnées, informes ».
La statue de Saint Fiacre figure toujours sur la façade de l’église face à celle de Saint Martin : toutes deux encadrent l’entrée.
Le bulletin paroissial témoigne d’ailleurs de ce double patronage en faisant figurer ces deux saints sur sa couverture.
Le docteur Perron qui résidait aux Chaprais, dans un livre publié en 1892 intitulé » Les Franc-Comtois, leur caractère national, leurs mœurs, leurs usages » indique:
« …Le jour de la Saint-Fiacre, les membres de cette antique confrérie venus de Baume les Dames, de Salins, de Gray et des autres villes de la province, se réunissaient à Besançon. Ils allaient entendre la messe à Saint-Pierre, à un autel privilégié; après quoi ils assistaient à un banquet de corps où régnait la plus franche gaieté. Mais les maraîchers des Chaprais ayant fait scission pour célébrer la saint Fiacre dans leur paroisse, l’ancienne confrérie fut dissoute et la nouvelle n’a plus qu’un caractère tout à fait local. Les jardiniers du Doubs, du Jura et de la Haute-Saône ont donc cessé de conserver des relations confraternelles avec Besançon et c’est un lien de moins qui rattache la province à notre ville ».
Après la seconde guerre mondiale, cette fête était encore célébrée aux Chaprais comme en témoignent ces extraits du bulletin paroissial.
Bulletin paroissial août 1935
Bulletin paroissial septembre 1948
Et puis les maraîchers diminuant….la tradition s’est perdue.