La Salle des profs, un film brillant sur les dérives de la société

La Salle des profs, un film brillant sur les dérives de la société


İlker Çatak, réalise son film à l’intérieur d’un collège, un huis-clos dont personne ne sort indemne.


Carla Nowak (Leonie Benesch) est une jeune prof principale investie dans son collège. Elle instaure un salut très singulier avec ses élèves et les incite à la démocratie participative.

Mais le collège fait face à des vols répétés dans la salle des profs. Ce qui rend le climat délétère. Dans un premier temps, la principale s’invite dans la classe pour fouiller les portefeuilles des garçons sous l’œil gêné de la jeune enseignante. C’est lui dit-on un collège tolérance zéro.
Salle des profs
A son tour Carla Nowak va mener sa propre enquête en mettant sa veste sur une chaise et son portefeuille dans sa poche. Elle branche ensuite la caméra de l’ordinateur et reconnaît le chemisier parsemé d’étoiles jaunes de madame Kuhn secrétaire du collège et mère d’un élève de sa classe. C’est elle qui lui vole son portefeuille. Elle réclame des explications, la fait convoquer devant la principale. L’accusée réfute l’accusation et la méthode utilisée pour la contraindre à passer aux aveux.

Le film tourné en format 4,3 (petit cadre) se resserre sur cet univers où tout se délite. Tout le film se déroule dans les murs du collège. Carla Nowak (au nom hitchcockien) choisit de régler seule les problèmes. Le corps enseignant (s’agit-il vraiment d’un corps enseignant ?) est divisé : pour quelles raisons l’enseignante a-t-elle filmé dans la salle des profs ? Les parents communiquent sur un groupe WhatsApp demandent des explications. A son tour un groupe d’élèves règle les comptes sur le journal du collège. Et le fils de madame Kuhn, le meilleur élève de la classe est malmené par cette accusation.

Chaque personnage a ses raisons et finit par révéler sa vraie nature.

Dans le film, il apparaît nettement comment la surveillance s’invite discrètement dans la vie de ce collège et sans trop extrapoler, dans nos vies. Et plus souterrainement le fascisme. L’enseignante choquée par la fouille des portefeuilles devient à son tour délatrice etc… Quelque chose est à l’oeuvre dans « La Salle des profs » comme dans d’autres films allemands récents : en sourdine, on pressent l’angoisse des possibles dérives contemporaines : discriminations, préjugés sociaux etc…

Primé à la Berlinade, le film a fait partie des cinq finalistes pour l’Oscar du meilleur film étranger.