Qui se souvient de la rue des Docks ?

Qui se souvient de la rue des Docks ?

Docks, automobiles, caserne, écoles, grands ensembles … une voie qui a connu des bouleversements

Nous poursuivons un compte rendu de la conférence d’histoire des Chaprais organisée par Vivre aux Chaprais consacrée à 3 rues Beaurgard, Docks et Chalets et animée par Delphine Lantuas le 16 novembre 2023

Réunion d'histoire du 16 novembre 23 Delphine Lantuas

Au pied de Beauregard, à l’Est du quartier, un chemin a connu diverses dénominations


plan des Chaprais vers 1830
Avant 1850, on ne dénombrait qu’un petit nombre de maisons

Le chemin des Chaprais vicinal n° 10 sur le plan de 1883

chemin vicinal n° 10

Selon Eveline Toillon, le nom de la rue a été donné en 1881 en remplacement de « sous Beauregard » et provient de la Société des Docks et entrepôts de Franche-Comté, créée dans cette rue la même année.
Le plan de 1883 montre les Entrepôts déjà présents.


CEDIS rue des Docks
Depuis 1977, cette rue a été dénommée boulevard Diderot
Ce boulevard a subi de très grands travaux en 2011
travaux boulevard Diderot
Aux recensements, la population de cette rue a beaucoup varié contrairement aux rues voisines

population rues des Docks et Beauregard

Les maisons et les habitants du côté impair


Au n° 5, les recensements de 1921 à 1936 indiquent qu’y demeurait Gaston Adler, fabricant d’horlogerie. Gaston Adler reste plus connu comme le fondateur avec le chanoine Mourot du Cours Hôtelier
Les deux hommes, grands voyageurs avaient constaté la parfaite tenue et le confort des hôtels suisses et allemands et le retard des établissements franc-comtois. Ils décident de créer une école hôtelière privée. La formation démarre provisoirement dans une aile du Palais Granvelle en octobre 1916 et y demeura jusqu’à sa liquidation judiciaire en octobre 2023.
Au n° 7, les recensements de 1926 et 1931 montrent la présence des entrepôts de la SA des Etablissements Economiques Bisontins dont le siège se situe rue Xavier Marmier.


Les camions des Économiques Faille 1960
Les camions des Économiques photo Faille 1960

Les entrepôts seront vendus en 1931 à LIP. Les Economiques Bisontins fusionneront en 1965 avec, leurs concurrents les Docks, afin de devenir le groupe CEDIS.

Au numéro 9, on note la présence d’une vinaigrerie (sur la photo de 1902 vinaigrerie DECHANET).
rue des docks vinaigrerie Dechanet 1902
devenue la Vinaigrerie Payard. En 1926, les locaux sont achetés par la Grande Vinaigrerie Dijonnaise.

En 1906, Louis Ravel fonde une société automobile au 28 avenue Fontaine Argent avant de s’associer en 1910 à Théodore Schneider pour former la société « Automobiles Th Schneider ».
Pendant la 1ère Guerre, l’usine fabrique de l’armement (obus), des camions, camionnettes et ambulances pour l’Armée.
Atelier des moteurs Schneider

En juillet 1916, la société décide d’agrandir l’usine et de prolonger l’atelier « par une construction importante avec façade sur la rue des Docks ».
Après la liquidation judiciaire de 1931, les actifs sont repris la SADIM qui poursuit la fabrication de tracteurs jusqu’en 1937. Le site est racheté en 1938 afin de construire le lycée Saint-Joseph. Les ateliers sont conservés et convertis en 1939 pour les besoins de l’enseignement.
Rue des Docks ateliers

Au n° 31, après la rue du repos, la maison était occupée par la famille Joliot
plan rue des Docks Joliot

C’est un des rares édifices encore visibles de la rue. Occupée actuellement par le syndicat Sud Solidaires et une agence immobilière.
boulevard Diderot rue du repos

Au n° 37, en 1921 on note la présence de Pierre Barbier, employé PLM et de sa famille composée de trois enfants. En 1926 et 1931, il est remplacé par Louis Thomas, lui aussi employé du PLM.
Au n°39, figure en 1921 Louis Poisse, typographe, son épouse et ses trois enfants, en 1926 et 1931 se trouve Armand Gavignet horticulteur. Ces deux numéros disparaissent sur les recensements de 1936.

Les maisons, activités et habitants du côté pair

Les recensements de 1921 à 1936 nous informent que les numéros 4 et 6 appartiennent à la famille Dupré.
maison Dupré 4 rue des Docks

La famille restera propriétaire jusque dans les années 60. Parmi les membres de la famille, on dénombre Marcel Dupré, représentant de commerce.
Au n° 6 de la rue des Docks , en 1927, résident P. Fautons lieutenant au 4e régiment d’artillerie et L Poullains employé
Au n° 8 rue de la Docks, la Société des Docks de Franche Comté

La société des Docks de Franche-Comté a été créée en 1882 par trois francs-comtois : Werlein (location de chevaux puis de voitures, Rouvot et Robinet.

Dans le journal, La Démocratie Franc-Comtoise du 20 septembre 1882, le journaliste indique que « l’objectif général de ce type de commerce est de rapprocher le producteur et le commerçant, d’offrir à l’un comme l’autre des facilités pour la vente, la circulation, l’échange et l’entrepôt des produits en réduisant au minimum les frais entraînés par ces divers mouvements, l’accroissement de la circulation, voilà donc le but des Docks. Leur institution ne peut donc qu’imprimer au commerce et à l’industrie, une activité nouvelle dont tous, producteurs, commerçants et consommateurs sont appelés à profiter. »

Les bâtiments sont construits à la même époque par l’architecte Marcel Boutterin, assisté par l’ingénieur civil Paul Aigrot. Les forges de Franche-Comté ont fourni les poutres. Au fronton, l’horloge a disparu, mais on remarque encore ce caducée qui indique une activité commerciale (Mercure) et non pas médicale.
Caducée de Mercure Docks

En 1912, les Docks Franc-Comtois deviennent propriétaires. Ils ont été créés la même année par Joseph Mathey et son cousin M Galland. Dès 1913, on compte 59 succursales dans la région, 154 en 1930. En 1932, ils fusionnent avec les Docks bourguignons également fondée par Joseph Mathey.
Docks FC pub en 1927
Une double page de publicité dans l’annuaire Fournier de 1927
En 1965, Les Docks Franc-Comtois fusionnent avec les Economiques Bisontins et les Comptoirs de Bourgogne, afin de donner le jour à une nouvelle société qui prendra le nom de CEDIS : CEntre Est DIStribution : la CEDIS créera les fameux SUMA ( SUper MArché) et les « Mammouth ». La CEDIS était la première entreprise de Besançon et la 2ème de Franche-Comté après Peugeot.
En 1985/86, la CEDIS fusionne avec Casino: cette nouvelle société regroupera alors 18 hypermarchés Mamouth et 116 supermarchés SUMA et RAVI.

Les Docks Franc-comtois vont s’étendre et acheter vers 1925 l’emplacement sur lequel était situé la tuilerie Saillard. Celle-ci avait son siège social 4 rue Granvelle et l’usine de fabrication 6 rue des Docks
Tuilerie Saillard


La caserne de la Manutention militaire a été construite à partir de 1901 pour remplacer la “manutention militaire” de la rue Saint-Pierre, elle est également connue sous le nom de Caserne des Chaprais, puis Caserne Lecourbe ou caserne de l’intendance. Elle hébergeait à l’origine, une section de commis et d’ouvriers militaires qui assuraient les tâches imparties au service des subsistances.
Caserne de la Manutention aux Chaprais
En 1987, il y demeurait le centre de préparation militaire inter-armes, ainsi que les bureaux de documentation des carrières de la marine et d’Air-informations.
caserne rue des Docks


Les bâtiments ont été démolis en 2006.

démolition de la caserne de la manutention en 2006
Aucun bâtiment ne subsiste, à la place, ont été construits de petits immeubles d’habitation gérés par la Société Nationale Immobilière (SNI), filiale de la Caisse des Dépôts (qui était, à l’origine, spécialisée dans le logement des…militaires…). Cet ensemble immobilier a pour nom la Résidence Lecourbe.
boulevard Diderot
Au numéro 14, on remarque la présence en 1921 de Jean-Baptiste Lerner, de nationalité autrichienne. Il deviendra sommelier et maître d’hôtel. Son fils Marcel sera le fondateur du garage Lerner, rue de Belfort.
Photo du garage Lerner 106 rue de Belfort : il a été rasé à la fin des années 60.

Des familles nombreuses :
En 1921 également se trouve Claude Eugène Lanquetin (propriétaire) comptable chez Schneider au n° 18 bis. On dénombre également au 18 ter Jean Guillaume Laudet, monteur de boîtes et ses 4 enfants. Au numéro 22 figure Albin Auguste Daclin, tuilier chez Saillard et ses 7 enfants. En 1926, au numéro 22 se trouve Georges Cupillard menuisier et ses 5 enfants.

En 1958, vue d’avion, le quartier se présente ainsi avec déjà plusieurs grands ensembles

Fontaine Argent en 1958 vue d'avion

Prochaine réunion d’histoire jeudi 14 décembre à 15 h 30
thème : zoom sur les rues Viotte, Jeanneney et du Chasnot

Lieu salle 4 du Centre Pierre Mendès France