Pour la 3e rencontre avec les artistes des Chaprais, Pierre Chevignard sera présent à la Cassotte

Pierre Chevignard, vous participez à la 3e Rencontre des artistes des Chaprais, pourquoi ?

J’avais visité avec beaucoup de plaisir les deux premières éditions. J’avais rencontré une équipe sympathique qui m’a donné envie de participer activement cette fois-ci.

Depuis quand pratiquez-vous cette activité artistique ?
Depuis tout petit. En vacances dans les Hautes Alpes, j’allais chercher de la terre dans le fond du torrent. C’était une boue très blanche : du kaolin. Avec, je réalisais des objets que j’allais porter à cuire dans la briqueterie voisine. J’aime bien travailler avec mes mains.

Comment caractérisez-vous votre activité artistique ?
Utiliser de la terre (l’argile) et la cuire au four, c’est de la céramique. Si on utilise un tour, c’est de la poterie. Je fais les deux. Pour moi, ce n’est pas un simple loisir passager, c’est une passion que je pratique continuellement.

Comment vous êtes vous formé, quels sont les grands artistes qui vous ont inspiré ?

La référence, bien connue, c’est Bernard Palissy qui n’hésitait pas à brûler ses meubles pour cuire ses oeuvres. Daniel de Montmollin, un membre de la communauté de Taizé en Bourgogne a consacré aussi sa vie à la céramique. J’ai eu aussi l’occasion de travailler avec des potiers professionnels dans les Alpes de Haute Provence.
Concrètement quelles sont les premières étapes à suivre ?
Il me semble que la première étape, c’est d’avoir un projet : il faut savoir ce qu’on veut. Je ne crois pas à la création spontanée ou alors il faut avoir beaucoup travaillé auparavant. Ensuite, il faut se procurer la matière : la terre. Maintenant, on peut en acheter par exemple à Roche-lez-Beaupré. Le prix est variable, de l’ordre de 10€ les 10 kg. Ensuite, il faut malaxer la terre pour bien l’homogénéiser. En quatrième temps, il faut poser cette boule sur le tour et bien la centrer. C’est le plus difficile. Les débutants et surtout les enfants n’y arrivent pas, alors la terre est éjectée du tour ou prend des formes biscornues. C’est le tournage, le creusement pour donner la forme souhaitée. Cela prend du temps.

Comment termine-t-on ?

Ensuite, il faut sécher,en décollant (sans la soulever) la pièce du tour avec un fil à couper le beurre.

Selon l’humidité ambiante, cela peut prendre un jour comme une semaine. La 7e étape, c’est le tournassage : on retourne la pièce et on travaille le fond. Un nouveau séchage est nécessaire. La première cuisson à 950 ° est réalisée ensuite : le dégourdi. Il faut un four spécial. Il faut ensuite mélanger différents produits dans des proportions précises pour donner la texture et les couleurs.

Les nombreux matériaux utilisés

La céramique, c’est de la chimie ! Enfin, j’effectue une seconde cuisson à 1280 ° et je laisse refroidir.

Quel type de produits réalisez-vous ?
Surtout des produits utilitaires, des bols, des plats etc …

Actuellement, on me demande de décorations comme celles-ci



Quel a été votre parcours professionnel ?
Je suis parisien d’origine et éducateur d’enfants handicapés. J’ai travaillé vers Montargis et à Caen. J’ai travaillé deux ans en Centre Afrique.

Comment êtes vous arrivé à Besançon et aux Chaprais ?
J’ai rencontré un homme qui avait un projet intéressant dans le cadre de l’APF. Je l’ai suivi à Besançon. Au début on avait un local au 11e étage d’un grand immeuble de l’avenue Droz. Quand l’ascenseur est tombé en panne, ça n’a pas été facile de monter les jeunes ! Je suis intervenu dans des classes CLIS puis ULIS. (Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire).
Aimez-vous montrer votre art aux enfants ?
Oui, je le fais en particulier avec des classes de l’école Paul Bert. Mais je montre aussi mes techniques à des adultes en leçons particulières.
Vous organisez des expositions dans votre jardin avec quel ampleur ?

Chaque année en juin ou mai depuis 10 ans avec des artistes différents.

Et pour fêter les 10 ans, j’ai invité tous ceux qui étaient déjà venus et qui étaient disponibles. Il y a eu 700 visiteurs pour 25 exposants. J’ai donc une bonne expérience d’organisation de tels événements. Mais ici, c’est chez moi, je prépare tout.

Connaissez-vous d’autres artistes qui participent à la Rencontre des 28 & 29 octobre à la Cassotte ?
Oui, je connais notamment Isabelle Palaticki, Christian Bornat, Carole Denéchaud, Eva Marty Sidibé …

Quel est votre avis sur le quartier ?

Je parlerai surtout des Chaprais parce que les Cras, c’est surtout résidentiel, pas de centre de vie. Les Chaprais sont un quartier agréable et dynamique.