Hippolyte Boulenger céramiste de Choisy-le-Roi

Dans un article précédent, j’ai parlé d’un céramiste ayant signé deux grandes céramiques au numéro 2 de la rue de Vittel

et une autre sur la façade du Crédit Mutuel Professions Santé (ancien Consulat Suisse), avenue Fontaine Argent : Emile Muller, d’Ivry-sur-Seine

Je vais parler ici d’un autre céramiste : Hippolyte Boulenger de Choisy-le-Roi.
Il a signé deux œuvres, accolées sur la façade sobre du 4, rue de Vittel, un immeuble construit entre 1896 et 1900.

La maison repose sur un soubassement en pierre apparente, la façade est encadrée par deux jambages en pierres formant un chaînage d’angle. Les fenêtres ont un entourage en briques rouges, avec une alternance de pierres (clef de voûte et appuis).
Les appuis de fenêtres sont en fer forgés typiques de la période art nouveau (1890-1914).
L’ensemble de la maison est très simple. (1)

2 Sur la façade, on observe trois céramiques

Une rosace non signée, représentant certainement un chardon en relief entouré de ses feuilles
Le chardon est le symbole de la Lorraine et de l’école de Nancy.

Les deux panneaux rectangulaires vernissés qui agrémentent la Façade du n° 4, précisent leur origine dans le coin inférieur droit : H. BOULENGER & Cie CHOISY LE ROI

Ces deux panneaux sont fragmentés en dix carreaux sur lesquels se déroulent des rinceaux [motifs ornementaux constitués d’une tige se développant en volutes en en contre-volutes, ornées le plus souvent de feuillage, de fleurs ou de fruits (2)], aux coloris de qualité, la pastille bleue centrale est soulignée d’un trait blanc qui crée l’illusion d’un relief suggéré également par le débordement de la volute grise sur la bordure ocre. Cet intéressant décor épargné par plus d’un siècle d’intempéries et de pollution, est caractéristique de la perfection technique acquise par la faïencerie de Choisy après un siècle de recherches et d’expérimentations multiples (1).
La céramique apparaît souvent sur l’emplacement traditionnellement réservé aux chaînes horizontales (en briques polychromes ou céramiques) indiquant les étages.

Sur la façade du N°4, les plaques rectangulaires avec leurs curieux motifs entrelacés, séparent les fenêtres du premier étage de celles du rez-de-chaussée.
L’ensemble a pour but de rompre la monotonie qui résulte de la répétition. Dans le cas présent, entre les deux éléments principaux, apparaît un élément secondaire (voir la photo de la façade de la maison)

Hippolyte Boulenger de Choisi le-Roi. Fondée en 1804, la Faïencerie de Choisy-le-Roi bénéficie d’une popularité
continue au cours du XIXème siècle grâce à sa production d’assiettes aux décors pittoresques et inventifs, inspirés le plus souvent par la vie quotidienne.

Assiette Choisy-le-Roi -Militaire N°5 -Marque au tampon HB (Hippolyte Boulenger) Fin XIXe siècle
https://www.lesbrocanteurs.fr

Dirigée par Hippolyte Boulenger à la fin du XIXème siècle, elle complète la fabrication des traditionnels services de table, par la création de céramiques architecturales (cheminées, décors divers).
Mais un nouveau projet va bénéficier entre autres à la faïencerie d’Hippolyte Boulenger : la construction du métro parisien.
Le carrelage « métro » a été créé par Hector Guimard à la fin du XIXème siècle (un article est prévu sur l’œuvre de l’architecte Hector Guimard, alors patience…).

À partir de 1900 les murs et les voûtes des stations de métro, sont revêtus de petits carreaux biseautés en faïence blanche de Gien.


https: //eauterrefeuair.wordpress.com/2017/01/17/ceramiques-decoratives-du-metro-parisien

Deux fabriques de céramiques ont remporté ce faramineux marché du métropolitain parisien (les fameux carreaux biseautés métro 7,5x15cm)

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1/3 pour les faïenceries de Gien, en 1882, spécialisée dans la fabrication d’articles céramiques à usage domestique ou ornemental, la société se lance parallèlement dans la fabrication de carreaux de revêtement. La production de carreaux de revêtement est arrêtée en 1980.

Station Porte de Clichy https://writings2.overblog.com/2019/02/gien-et-le-metro-de-paris.html

2/3 pour l’entreprise Boulenger, production proche des chantiers, l’entreprise pour l’occasion déménage son siège social en 1889 au 18 rue du Paradis à Paris.

Cliché Raymond Leriche Big-hbmarque-hbou-metro

Pourquoi le « carrelage métro » ?
– Raison sanitaire, facile à nettoyer, il est également résistant à l’eau, aux salissures et à la chaleur, ce qui rassure sur les questions d’hygiène.
– Il permet de refléter la lumière, une qualité bien pratique, à l’époque l’éclairage dans les stations était loin d’être idéal, au vu de la maigre puissance des ampoules (une ampoule de 15W tous les 5 mètres!!!). (3)
Séduites par tant de qualités, les brasseries parisiennes de la Belle Époque n’ont pas tardé à adopter ce revêtement mural. Aujourd’hui redevenues très tendance, ces briques de faïence décorent les cuisines et les salles de bains de
nombreux appartements particuliers. Le carrelage « métro » fait son entrée dans l’histoire du design français. C’est un
carrelage qui à l’origine est rectangulaire biseauté avec des dimensions de 7,5x15cm et de couleur blanche. (4)

Station « Porte de Clichy »
https://writings2.overblog.com/2019/02/gien-et-le-metro-de-paris.html

Cliché Raymond LERICHE big-hbmarque-hbou-metro

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Un exemple du nuancier « Normandy Ceramics » de 150 teintes du carrelage « métro », mural uniquement !

Qu’est devenu Boulenger  ?
Vers 1930, environ deux cent milles carreaux « métro » sont produits par semaine, soit environ quarante mille par jour. À partir des années 1930, Boulenger développe fortement ses activités de revêtement de sol coulé en caoutchouc. En
1936, l’usine de Choisy-le Roi ferme ses portes. Une entreprises est crée à Alençon (production d’articles funéraires-Troisième rang mondial) Elle ferme en 1955.
En 1967, création de la société Etablissements Boulenger qui est actuellement la seule société qui fabrique les constituants nécessaires à la pose du sol final que ce soient les granulés en caoutchouc ou les résines, bouche pores et vernis. Plus de 50% de la production est destiné à l’export ! (5)

En conclusion : Nous possédons dans notre quartier des témoins de l’histoire architecturale, technique et artistique nationale.

Je vais essayer de continuer ce petit voyage de découverte, en postant occasionnellement mes recherches
Références
(1) Eric Pardon : 10 Maisons de la rue de Vittel-1898/1912 Mémoire de maîtrise d’histoire de l’art, Besançon.1986
(2) Anne Maillard: La céramique architecturale à travers les catalogues de fabricants (1840-1940) Editions SEPTIMA
(3) https://fr.wikipedia.org/
(4)https://www.pariszigzag.fr D’où vient le carrelage du métro ?
(5) Boulenger & Cie-15/17 avenue de la Division Leclerc-93430 Villeneuse (France)
https://boulenger.fr/

6 -Catalogue : Exposition de pièces de collection Boulenger Faïencerie de Choisy-le-Roi 1804-1936 (Samedi 10 et dimanche 11 décembre de 10 h à 18 h Salle Le Royal 13 avenue Anatole France à Choisy-le-Roi 2005)
http://ceramique-architecturale.fr/wp-content/uploads/2018/09/ceramique_architecturale_choisy_le_roi_v2.pdf
http://ceramique-architecturale.fr/autour-dun-ceramiste/hippolyte-boulenger
https//www.choisyleroi.fr
https: //eauterrefeuair.wordpress.com/2017/01/17/ceramiques-decoratives-du-metro-parisien/
https://patrimoine.seinesaintdenis.fr/IMG/pdf/patrimoine_en_ssd_38.pdf
Les photos non référencées sont de l’auteur de l’article