Villa Germaine : qui était Germaine ?
Histoire de la Villa Germaine de l’avenue Fontaine Argent
Au 17 avenue Fontaine Argent trône entourée par des immeubles, une plus modeste bâtisse. Cette maison porte un nom centenaire, celui de « Villa Germaine »
La Villa Germaine pendant les travaux du tram (photo CR)
Quelle est l’histoire de ce lieu ? Qui se cache derrière cette Germaine ?
Pour répondre à ces questions, revenons au temps de Besançon-les-Bains.
Le quartier des Chaprais connait à la fin du XIXème siècle un développement spectaculaire. Les anciennes routes qui reliaient Besançon aux communes voisines voire bien au-delà s’urbanisent rapidement pour devenir des faubourgs, des avenues. Parmi ces axes, l’avenue Fontaine-Argent qui pendant longtemps n’est qu’un lieu de passage pour la source de la Mouillère prend son essor.
L’emplacement de la Villa Germaine est l’un des premiers occupés dans l’avenue comme en atteste cette image extraite d’un plan dressé en 1883 :
Sur la carte, un petit bâtiment est visible juste à gauche du F de « Fontaine », la rue perpendiculaire étant l’actuelle rue Beauregard.
Un autre indice peut laisser penser également à une maison présente à cet emplacement puisque le recensement de 1891 indique l’existence d’un « 17 avenue Fontaine-Argent » habité par la famille Mialy dont le père est un pasteur.
Une question peut à cet instant traverser l’esprit de nos lecteurs. La maison des années 1880 est-elle celle qui voit encore aujourd’hui passer le tramway ? A cette réflexion, il n’est pas possible de répondre formellement à l’heure actuelle. Les premières traces certaines de la maison actuelle sont datées de 1904. La bâtisse attire l’œil depuis cette époque notamment par les décorations en brique ornant les dessous des fenêtres du bâtiment.
Une carte postale que l’on peut estimer des années 1910 permet de deviner l’état de la bâtisse et de ses alentours.
Visiblement, il n’y a pas de changement pour la villa.
La singularité de la décoration murale a peut-être été une volonté des premiers habitants de la maison, la famille d’Auguste Berard. Ce dernier est un ancien militaire de carrière dans l’intendance, originaire de Grenoble. L’avenue Fontaine-Argent est à cette époque habitée par de nombreux soldats ou retirés en raison de la présence d’une caserne militaire. Mr Berard ne peut malheureusement pas profiter longtemps de sa demeure probablement disposée pour sa retraite car il décède en 1907.
La veuve d’Auguste, Anne Balland et ses enfants cèdent la propriété à la famille d’un autre officier, Henri Morel en septembre 1907. Henri Morel est un artilleur de carrière en cantonnement jusqu’alors à Belfort. Il achète la villa suite à son affectation au 5ème régiment d’artillerie qui est basé à Besançon. Cette affectation lui permet de s’approcher de sa ville natale, Gray. Henri s’installe avec sa femme Marie Routa. De cette union nait en 1910, la première fille du couple, Danielle. Une étude de l’état-civil de cette personne nous amène à voir que son deuxième prénom est Germaine. Cela ne vous rappelle rien ? Le nom de la villa Germaine vient donc de cette nouveau-née. Selon toute vraisemblance, Henri a baptisé la maison en l’honneur de son aînée.
Danielle Germaine débute sa vie par le drame de la Première Guerre mondiale. Son père, Henri est mobilisé. Il sert en tant que capitaine d’artillerie. Il part servir en Grèce quand le bateau le transportant, le Provence, est coulé par un navire allemand en 1916.
La veuve d’Henri, Marie poursuit une partie de sa vie au 17, avenue Fontaine-Argent avec ses trois enfants et sa mère comme l’indique le recensement de 1921
La Villa Germaine et l’horloger Pétolat
La villa est ensuite revendue quelques années plus tard à la famille de l’horloger Henri Pétolat (1887-1956) qui avec son frère Georges (1884-1943) a établi ses activités dans le quartier avec notamment une fabrique qui emploie à son apogée une soixantaine de collaborateurs.
Le 17 avenue Fontaine-Argent prend également dans les années suivantes une autre fonction car en plus d’être un lieu d’habitation, l’adresse est également celle du siège social des activités de la famille Pétolat et ce jusqu’au début des années 60 où l’activité familiale s’arrête.
A partir de ce moment, la villa Germaine redevient un bâtiment résidentiel jusqu’à aujourd’hui. Pour sa part, Danielle Germaine Henry eut quatre enfants et passa une partie de sa vie en Haute-Saône non loin de ses racines paternelles. Elle s’éteignit plus que centenaire en 2014.
Nous vous rappelons l’article de Jean-Claude Goudot paru en 2014 concernant les horlogers Pétolat