« Perfect Days » de Wim Wenders : aucune vie n’est minuscule
Après le très beau film consacré à l’artiste Anselm Kiefer, Wim Wenders filme la vie d’un homme qui nettoie les toilettes à Tokyo
Voilà une histoire qui ne s’encombre pas de complications. Harayama, un homme joyeux et paisible nettoie les toilettes publiques de Tokyo du matin au soir. Il fait son travail le mieux possible et ne parle presque pas. 
C’est un homme heureux ; lors de ses pauses, dans le jardin d’un temple, il pratique le komorebi : photographier le soleil à travers les feuilles d’un arbre. Dans la société de consommation japonaise, il avance à son rythme, prenant soin de la tâche qu’il doit faire avec sa combinaison floquée The Toilet Tokyo. Ce n’est pas un héros mais un homme qui, au-delà du nettoyage des toilettes prend soin des autres. Dans sa camionnette qui l’emmène d’un endroit à l’autre, il écoute de la musique et accueille la vie avec un sourire discret. Et le soir, il lit du Faulkner, entre autres…
Le récit est émaillé de rares de rencontres à l’instar de celle de sa nièce où les difficiles relations familiales sont évoquées. Et comme souvent, Wim Wenders pose aussi la question du passage de l’analogique au numérique. Le cinéaste revient sur l’irréversibilité de l’évolution du monde à laquelle son héros ne s’identifie pas. A fin du film, un beau passage avec un homme malade transforme le bord de mer en une sorte de jeu d’enfant comme si le cinéaste revenait aux émotions premières, à l’essentiel, à ces vies apparemment minuscules qui ne le sont pas. Chaque être a sa propre histoire et son propre chemin semble nous dire le cinéaste à chaque plan. Et c’est la manière dont Harayama habite le monde, jardins, bains municipaux, qui façonne le film.
Une bande-son très soignée accompagne les déplacements de cet homme dans le décor urbain de de Tokyo : Otis Redding, Patti Smith, Nina Simone et bien sûr Lou Reed qui donne le titre au film.
L’acteur Kojy Yakusho a reçu le Prix d’interprétation à Cannes.
