L’amour et les forêts au festival de Cannes et en salle à Besançon
L’amour et les forêts, un film de Valérie Donzelli avec Virginie Efira et Melvil Poupaud
Il s’appelle Grégoire Lamoureux (Melvil Poupaud), un nom de cinéma presque prédestiné. Elle, c’est Blanche Renard (Virginie Efira), une jeune femme solaire et joyeuse. Ils se rencontrent. Ils s’aiment. Elle est prête à tout pour le suivre ; quitter Honfleur, la Normandie qu’elle aime et se séparer de sa sœur jumelle.
Ils s’aiment, se marient et ont deux enfants.
Cela ressemblerait presque à un conte de fée. On frôle l’univers de Jacques Demy lors d’une séquence chantée dans la voiture et la référence à la gémellité rappelle la légèreté des Demoiselles de Rochefort. La brève séquence de mariage paraît appartenir aussi à aux visions romantiques de ce cinéaste audacieux qui enchantait le monde et le cinéma. Effet blancheur et flocons de douceur.
Ils s’installent donc à Metz. Lui, travaille dans la même société et prétend avoir obtenu une mutation. Elle, envisage un poste de professeur à Nancy.
Soudain ce bel univers s’obscurcit et se dérègle. Cela commence par des petites brimades sur un changement de coiffure, un mensonge sur le motif du déménagement à Metz. Des coups de fils incessants. Il la veut pour lui seul. Pas de sorties. Les moyens de contrôles se répètent de plus en plus. Il lui vole tout son espace de liberté. C’est un piège qui se referme. De plus en plus déboussolée, elle s’enlise jusqu’à tenter de rencontrer un autre homme là-bas, loin de tout, dans une forêt dense. Et le film né d’une rencontre romantique bascule soudainement dans la violence hitchcockienne.
Le film devient sombre. La lumière de l’amour disparaît au profit de sordides règlements de compte dans la maison devenue le lieu de l’enfermement du couple. La violence de Grégoire s’exerce de nuit jusqu’au moment où Blanche s’écroule.
Valérie Donzelli qui adapte le livre d’Eric Reinhardt nous parle de l’emprise d’un homme sur une femme et des violences conjugales. Même si le film prend quelques libertés par rapport au livre, il n’en reste pas moins qu’il nous met en face de l’enfer quotidien vécu par de nombreuses femmes.