Charles Savoye à l’origine de la rue Charles Fourier

Charles Savoye à l’origine de la rue Charles Fourier

Suite à l’article Qui habitait la rue Charles Fourier en 1926 ? notre ami Christian Mourey a transmis l’information suivante ainsi que 2 cartes postales et une vue aérienne. Merci à lui pour cette contribution très intéressante.

Au XIX ème siècle, Charles Savoye possède aux Chaprais, dans le rayon de l’octroi, une vaste propriété située entre la rue de Belfort et la voie ferrée.

Chaprais en 1862 plan Landresse
En 1862, il n’y a pas de rue entre la voie ferrée et la « route impériale » (l’actuelle rue de Belfort)

Il y a réalisé une rue de 9 mètres de large, perpendiculaire à la rue de Belfort qui divise le terrain en 2 parties consacrées chacune au lotissement. La rue est ouverte à la circulation.
Plan 1883 entre Rotonde et Belfort


En 1886, les propriétaires riverains proposent de céder à la Ville cette artère, moyennant la pose de 4 becs de gaz, l’annulation de la redevance annuelle de 50 fr pour l’eau de la borne fontaine qui s’y trouve. Charles Savoye émet le voeu que cette voie soit dédiée à Paul Bert.

Le conseil municipal du 12 août 1886, présidé par Nicolas Bruand, confirme la transaction. Les élus sont intéressés par la liaison Cras-Chasnot-Rotonde avec la partie supérieure des Chaprais.

Par contre, la rue prendra le nom de Charles Fourier « afin de perpétuer le souvenir de ce compatriote célèbre ». Le rapporteur était Henri Baigue.

Voici le compte rendu de la délibération du Conseil

délibération 1886

Délibération du conseil municipal du 12 août 1886 présidé par le Maire Nicolas Bruand

Rue aux Chaprais : Offre de cession par M Savoye

M. Savoye (Charles) possède aux Chaprais dans le rayon de l’octroi, une vaste propriété située entre la rue de Belfort et le chemin de fer ; il a divisé ce terrain en deux parties au moyen d’une rue de 9 m de large pour avoir des places à bâtir.

Cette rue livrée à la circulation depuis plusieurs années est à peu près à l’état d’entretien ; elle est pourvue d’une chaussée de 6 m de large flanquée de deux demi-rigoles pavées avec bordure et de deux trottoirs en gravois de 1m 50 chacun.

M Savoye et les divers propriétaires voisins offrent à la ville de lui abandonner gratuitement la nouvelle rue dans l’état où elle se trouve actuellement à la condition par la ville d’exécuter quelques travaux complémentaires pour doter cette rue des mêmes avantages que les autres voies publiques des Chaprais, ainsi ils demandent :
1° que la rue soit dotée de 4 becs de gaz ;
2° que la redevance annuelle de 50 F qui est payée pour les eaux de la borne fontaine établie au bout de cette rue soit abandonnée.
Ils demandent en outre à être dispensés pendant cinq ans de l’obligation de clôre les terrains traversés par la voie cédée.

L’avis de la Commission de Voirie est exprimé comme il suit.

La Commission, après avoir étudié l’offre faite par M Savoye et consorts et chacune de proposition faites par les pétitionnaires :
Considérant que la rue construite par M Savoye dans sa propriété relie avantageusement les cantons des Cras, du Chasnot et de la Rotonde à la partie supérieure des Chaprais, propose d’accepter la dite offre aux conditions suivantes :

1° La Ville fera éclairer la rue au gaz aussitôt que ses ressources le lui permettront ;
2° L’indemnité de 50 F payée à la Ville pour les eaux de la bornefontaine sera supprimée à dater du 1° janvier 1887.
3° En ce qui concerne la dispense de clôre les propriétés bordant la nouvelle rue, la Commission estime qu’il ne faut pas faire d’exception aux prescriptions du règlement de voirie mais user de tolérance envers les riverains de la voie nouvelle dans la mesure du possible.
La Commission de Voirie propose enfin de désigner cette rue sous le nom de Charles Fourier afin de perpétuer le souvenir de ce compatriote célèbre.
Besançon le 11 août 1886
Signé le rapporteur Henri Baigue

Le Conseil adopte les conclusions de sa Commission.


Charles Fourier
portrait de Charles Fourier par Jean Gigoux

Comment se présentait ensuite la rue Charles Fourier et la voie ferrée ?


Vue aérienne montrant le pont des Cras au premier plan, la rotonde de la rue Résal en haut à gauche, l’église et le cimetière à droite et la rue Charles Fourier au centre de la photo

A l’angle de la rue de Belfort s’est ouvert par la suite un commerce Les Docks Franc-Comtois
At coin de la rue de Belfort et de la rue Charles Fourrier, un magasin des Docks Francs-Comtois

et la rue Charles Fourier présentait alors cet aspect assez proche de la situation actuelle (les automobiles en moins)
Rue Charles Fourier jadis

Malgré la décision du conseil municipal, la rue Charles Fourier n’est pas encore recensée sous ce nom en 1891, une dizaine de familles sont dénombrées au n° 75 de la rue de Belfort. Mais aucune personne au nom de Savoye n’apparaît. Il était propriétaire, mais n’habitait pas ici.
C’est seulement en 1896 que la rue Charles Fourrier est recensée à part. On relève alors 81 habitants dans 5 maisons, répartis en 23 ménages. Pas de Savoye non plus.
On remarque déjà 13 personnes travaillant dans les chemins de fer de la Compagnie PLM.
Les autres sont jardiniers, couturières, menuisiers, serrurier, « tôlier fumiste », peintre, typographe, … Il y a aussi un instituteur.

Une question reste à éclaircir : Qui était ce Charles Savoye ?

S’agit-il de Charles Eugène (1826-1910) horloger et un des fondateurs du Petit Comtois en 1883 (avec le député radical socialiste Jules Gros) ? Une personnalité très active dans la création de Besançon les Bains ? Ce serait dans son établissement situé Clos Saint-Amour qu’aurait eu lieu la première projection bisontine le 6 mai 1896.

Il faut dire qu’avec son frère Eugène (à qui l’on doit la rue Eugène Savoye), ils s’appelaient à l’origine Malenjoie et n’ont adopté ce patronyme de Savoye qu’en 1874.

Source : Christian Mourey, les archives de Besançon (memoirevive)

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