René Truche, ancien menuisier toujours chapraisien
René Truche ancien menuisier toujours chapraisien
Vous êtes un chapraisien à 100 % ?
Oui, je suis né le 26 avril 1936 à la maternité de la Cassotte, j’ai habité au 31 rue de Belfort au dessus de l’actuel Petit Casino
et depuis 1959, j’habite au 20 rue de Belfort.
Vous êtes très connu dans le quartier comme menuisier
Oui, dès le 26 avril 1950, à l’âge de 14 ans j’ai travaillé avec mon père à la menuiserie située 16 rue de la Liberté. Puis en 1965, j’ai repris cette entreprise avec mon frère Louis (dénommé Zi) jusqu’en 1995.
L’atelier de menuiserie était situé à l’emplacement actuel du chalet de compostage
Quelle formation avez-vous eue ?
J’ai été à l’école de l’Helvétie. Mais au lieu de poursuivre des études, j’ai arrêté l’école pour travailler avec mon père, quand mon frère s’est coupé les doigts de la main gauche à la toupie. J’ai donc appris le métier sur le tas.
Que faisiez-vous dans cet atelier ?
De la menuiserie, de la charpente, des portes, des fenêtres, des placards et de l’entretien. Mais à la fin, on ne fabriquait plus de fenêtres, cela revenait moins cher de les acheter toutes faites industriellement.
D’où provenait votre matière première ?
On achetait le sapin chez Maire Vernier, du bois pour les charpentes chez Constant Verdot (qui avait travaillé avec mon père avant de monter sa propre entreprise) et les panneaux d’aggloméré au Chantier du Gaulois.
Quelle était votre clientèle ?
On travaillait pour tous les commerçants du quartier. On travaillait beaucoup pour l’EDF rue Bersot et à Palente. Parmi nos bons clients, il y avait la famille Bloch (grossiste en mercerie) et même Weil.
Aviez-vous parfois des commandes insolites ?
Oui, une dame qui habitait rue de la Viotte nous a commandé un cercueil pour son chat auquel elle tenait particulièrement. On l’a fait aussi pour un chien, mais la fabrication de cercueil pour les hommes n’était pas dans nos attributions.
Comment s’est terminée votre activité professionnelle ?
Le local que nous occupions appartenait à la mairie. Lorsque le bail s’est terminé, la ville a voulu récupérer le terrain pour y installer son service de voirie. Il a fallu qu’on parte. On a même donné nos machines au CAT l’association d’emploi d’handicapés.
61 ans de mariage avec Monique
Vous êtes marié depuis longtemps, comment vous êtes vous rencontrés ?
Oui, cela fait 61 ans qu’on est marié Monique et moi. On s’est rencontré au bal monté des conscrits sur le bord du canal à Roche lez Beaupré où elle habitait. On a dansé le Tango des jours heureux. On s’est revu aux Chaprais le samedi soir au Terrass Hôtel pour danser. Depuis, on ne s’est pas quitté. On est resté séparés, le temps du service militaire. Monique a trouvé le temps long chez ses beaux parents pendant que j’étais en Tunisie de 1956 au 17 novembre 1959.
Vous avez une grande famille, toujours dans la menuiserie ?
Nos enfants ont un CAP de menuiserie, mais ils n’ont pas continué exactement dans le métier, les deux garçons ont travaillé chez Castorama. Nous avons 9 petits enfants et 9 arrière petits enfants.
Aviez-vous des loisirs ?
Oui, j’allais à la pèche dans le Doubs le plus souvent à Roche ou dans la Saône à Ray-sur-Saône. J’ai même failli mourir de la leptospirose à cause des rats. Pendant longtemps, il fallait faire les foins et cueillir les fruits sur un terrain familial. Mais cela ne nous empêchait pas de faire la fête. A l’époque, il y avait des festivités le premier dimanche de septembre.
C’était animé par Daniel’s maire de la Commune libre qui avait son siège au Café du Cercle.
On chantait l’hymne des Chaprais. « Tous aux Chaprais, accordez nous 5 minutes de gloire, venez à notre société, on y rigole en famille du matin jusqu’au soir …. »
Vous avez participé à des associations du quartier ?
Oui, durant 12 ans après mon départ en retraite, je me suis beaucoup investi dans le ramassage et le tri des vieux papiers. Je triais en moyenne une tonne de papier par jour en me levant à 6 heures pour aller rue du Pater chaque matin et souvent j’y retournais l’après midi. Voir un reportage sur les Vieux Papiers
Depuis l’époque de votre menuiserie, le quartier a beaucoup changé, qu’avez vous remarqué ?
Il y avait beaucoup de cafés qui ont changé de gérants ou ont disparu. A l’époque, je n’avais qu’à traverser la rue de la liberté pour aller chez Madame Glasson à l’enseigne L’assiette Comtoise.
Un peu plus bas de cette même rue, il y avait le Café de la poste tenu par Madame Bussière.
Madame Cassard (96 ans) a tenu le Café central (à côté du bureau de tabac).
rue de Belfort passage Rambaud en octobre 2008
Rue de Belfort, il y avait Le pur jus tenu par M Belot et M Lyet a vendu à Madame Annequin le café qui est devenu la Fée Verte. A l’époque il y avait des pompes à essence. Il reste encore les cuves ! A l’angle de la rue Baron, il y avait un »bois-debout » et l’épicerie de M Mille
D’autres commerces ont disparu : la blanchisserie de Madame Péron rue de la Liberté, l’épicerie de Madame Paulette Vogel (Les économiques) dans l’immeuble au coin de la rue des Deux Princesses appartenant à la famille Brochet. Rue de Belfort, il y avait la boulangerie Béligat reprise par le pâtissier Fossaert puis Christe avant d’être rachetée par Jean Claude Schillinger. A proximité, on trouvait un herboriste M Etienne Pernolet. Il y avait deux boucheries à l’angle de la rue du Chasnot : la boucherie Croppet et celle de Montmahoux, devenue La Royale. En face, il y avait aussi un photographe d’origine allemande et Boissenin un mécanicien qui réparait des vélos avant d’ouvrir une auto-école.
Il reste la Fée Verte …
Oui, Muriel et Marc les gérants de la Fée Verte sont des voisins très sympathiques. Il cuisine très bien. Le vendredi, on mange souvent un plat de poisson. Et j’y vais régulièrement pour l’apéro. En mars, j’ai participé au Café histoire tenu dans cette salle.
Nous avons aussi des relations d’amitié avec Fernande du Mistigri.
Que pensez-vous des nouvelles constructions dans le quartier ?
Donner la possibilité à davantage de gens d’habiter aux Chaprais, c’est bien, mais pourquoi construire des immeubles si près les uns des autres ?
Depuis la construction du Majestic, on n’ose plus ouvrir nos volets tellement on plonge chez les gens d’en face qui ont de grandes fenêtres à quelques mètres de nous.
M Truche ne dispose pas de photographie de sa menuiserie. Quelqu’un en aurait-il ? Merci de contacter chaprais@gmail.com