Rencontre avec Annie Gaudillière pour évoquer son mari, le peintre Roland Gaudillière
Rencontre avec Annie Gaudillière pour évoquer son mari, le peintre Roland Gaudillière
Comment avez-vous rencontré Roland ?
Quand j’étais adolescente, il était déjà un ami de mes parents. Son épouse l’a quitté. Entre temps, j’avais grandi. J’appréciais l’Homme, sa culture, on avait de longues discussions. On s’est marié en 1969.
Quel parcours avait-il suivi ?
Il était originaire d’Ornans, né à Besançon en 1931. Il a fait des études chez les Jésuites à Dole. A 20 ans, il est entré aux Beaux Arts de Besançon. Puis il a suivi durant trois ans l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs à Paris. C’est en 1955 qu’il a fait sa première exposition (à Menton) et en 1960 qu’il a ouvert son premier atelier à Besançon rue de la Préfecture.
Roalnd Gaudilliere dans son atelier en 1962
Entre temps, il avait fait son service militaire (prolongé) en Algérie
Avez-vous été un sujet d’inspiration, avez-vous posé comme modèle ?
Non, une seule fois, et ça ne s’est pas très bien passé. II ne fallait pas bouger, il faut trop de patience.
Quels étaient alors ses thèmes d’inspiration ?
Au sortir de l’école, il peignait surtout des bâtiments, de l’architecture, des engins agricoles… puis aussi des natures mortes. Mais quand il est venu revivre en Franche Comté, il affirma vouloir faire revivre sa « Franche Comté natale » en peignant ses paysages et des scènes de vie.
Allons tiens-toi tranquille !
Il s’affirmait comme un peintre du terroir. Il « collait à la terre », trouvait la relaxation en pêchant dans ses rivières.
Vous avez beaucoup voyagé ?
Oui, de grands voyages en Chine, en Inde, en Russie, en Thaïlande, Bornéo etc Il a été à Venise et aimait retourner en Belgique, dans les Flandres où il avait été élevé par ses grands parents. Il n’avait pas besoin d’appareil photo, son œil étant un véritable appareil photo. Pourtant il a très peu peint de sujets exotiques.
Peut-on dire qu’il a choisi d’être un peintre figuratif qui rejette la peinture abstraite ?
Il était un peintre figuratif, mais il disait « le sujet d’un tableau pour moi n’est qu’un alibi, je travaille comme un peintre abstrait, mais à partir d’un sujet concret afin que le collectionneur fasse appel à son imagination »
Comment peignait-il ?
Quand je l’ai connu, il ne peignait jamais dehors, il s’enfermait dans son atelier à la Malate, fermait les volets et ne s’éclairait qu’à la lumière électrique. Il ne fallait pas le déranger. Moi même, je ne l’ai jamais vu un pinceau à la main. Quand il nous permettait de rentrer dans son atelier, il avait posé le pinceau. La réalisation d’une œuvre pouvait prendre assez longtemps. Il commençait par dessiner de petits objets sur papier calque. Puis il plaçait tous les petits dessins en réfléchissait à la composition de la toile et en recherchant un équilibre.
Il a joué un rôle important dans la création du musée Courbet à Ornans pourquoi ?
Oui il a fait partie de l’équipe qui a oeuvré pour cette réalisation. Pour lui, Courbet était un maître. Il avait le même état d’esprit. Pour réaliser des expositions, il devait fréquenter les notables, le beau monde, mais ça l’amusait de voir ces gens se pavaner. Comme Courbet, il n’hésitait pas à représenter ce monde avec un regard critique, à se moquer. Par exemple, il a fait un tableau intitulé « les élus » qui a été acheté par le Conseil Général. Comme d’autres, il a peint sans faire de copies des thèmes en hommage à Courbet comme « Les deux amies »
Vous avez rassemblé un grand nombre de ses œuvres sur un site web Que contient-il ?
On estime que Roland Gaudillière a réalisé plus de 2000 peintures ainsi que des dessins. Ce Catalogue Raisonné en rassemble actuellement 750. Il y a aussi une biographie et tous ses articles
de presse depuis 1955. Mes recherches continuent pour enrichir ce Site
Lien vers le site web roland-gaudilliere.com
Quelles sont ses œuvres les plus célèbres, les plus cotées ?
La plupart de ses œuvres ont été vendues, et dispersées à travers le monde (surtout États-Unis, Belgique, Suisse …) il en reste très peu à vendre. Je regarde ce qui s’échange dans les salles de vente.
Les particuliers qui les ont achetées préfèrent les conserver. Il y en a un certain nombre dans les musées. Par exemple, à Besançon, il y a un tableau au Musée de la Déportation, un tableau au
Musée des Beaux-Arts, un autre « allégorie » pour le centenaire de l’usine Lip » au Musée du Temps (après l’exposition sur Lip au Fort Griffon), et « Les deux amies » à Ornans
Et vous personnellement, lesquelles préférez-vous ?
Celles que j’ai conservées comme « le tableau noir », la petite fille à la poupée, …
Il a beaucoup exposé à Besançon dans quelles galeries ?
Il avait déjà exposé à l’Atelier une galerie rue Pasteur, gérée par la mère de Colette Sala une peintre des Chaprais. Dès 1960, il a exposé à la galerie Demenge 93 Grand rue, devenue Galerie 93 puis galerie Fauconnet toujours au même endroit. Au fil des années, il avait tissé des relations amicales avec Madame Demenge, A partir de 1997, la galerie Médicis a accueilli plusieurs expositions.
Vous allez participer aux premières Rencontres avec les artistes des Chaprais les 17 & 18 mars, pourquoi ?
J’ai habité 20 ans aux Chaprais de 5 à 25 ans. J’y ai passé mon enfance et j’y suis revenue, il y a 11 ans. Roland a habité place Flore ; comme moi, il est du quartier. A cette exposition, on pourra voir plusieurs reproductions. Voir la présentation de ces Rencontres
Elles ne seront pas en vente sur place, mais on peut se les procurer au magasin d’encadrement Carré Déco 77 Grand rue à Besançon.
Que pensez-vous du quartier des Chaprais ?
J’y ai passé mon enfance, j’ai été à l’école de l’Helvétie. C’est un quartier très pratique, proche du centre ville et de la gare. Il a une position stratégique. Il y a tous les commerces de la rue de Belfort. Le tram a bien arrangé les choses, mes petits enfants le prennent pour venir me voir et pour repartir. J’apprécie aussi la proximité du Doubs, de passer sur un pont, cela laisse une part de nature.
Nous avons déjà consacré 7 articles à Roland Gaudillière :
Voir l‘article sur Roland Gaudillière en 2015
Le tableau noir en 2016
Le tableau noir avec un texte de Michèle Jourdan
La poupée de chiffon et un poème de Jean Luc Andreoletti
Le phaéton et un poème de Michèle Jourdan
L’enterrement dans le haut Doubs de Roland Gaudillière avec un poème de Jean Luc Andreoletti
Voir le reportage de FR3 à l’occasion de l’exposition 20 ans après la mort du peintre