Le peintre Roland Gaudillière
Le peintre bisontin Roland Gaudillière a longtemps habité le quartier des Chaprais. Aujourd’hui encore, son épouse, Annie, y réside. Il nous a semblé légitime d’évoquer son œuvre et sa mémoire. Pour cela nous avons demandé à Michèle Jourdan, habitante des Chaprais, passionnée de peinture et de littérature, d’écrire ce billet. Elle a pris le parti de lui adresser une lettre posthume.
Lettre à Roland Gaudillière
Ton atelier d’artiste, attenant à la maison familiale, était place forte où les invitations d’’y pénétrer étaient rares pour les adultes.
Pour tes deux fils, tes deux plus beaux tableaux, comme tu aimais tant le dire, c’était différent, car pour eux la porte s’ouvrait sans concession sur leurs yeux éblouis d’enfants chéris.
Ton iris avait su s’imprégner des couleurs vives de l’Inde et des pays d’Asie que tu prélevais avec tant de grâce de ta palette chatoyante, pour les déposer sur tes toiles.
Etait-ce aussi de ces voyages en Algérie ou bien à Venise, que tu avais rapporté la luminosité que l’’on peut admirer devant l’icône de Saint-Georges, cette huile sur bois peinte en 1964.
Et puis il y a ton autoportrait aux symboles maçonniques , décrivant ainsi ton engagement envers ta famille, les autres, et la douceur que tu appréciais tant dans l’’amitié.
Puis il y a eu tes séjours en Suisse, d’où tu as si bien su retranscrire, toute la blancheur hivernale sur tes plus beaux tableaux Franc-comtois.
Moi la petite Parisienne qui n’y connais rien aux hivers du haut-Doubs, je me suis blottie au fond de mon fauteuil en noyer, ayant jadis appartenu à ma grand-mère, et devant la douce chaleur que me procure ma cheminée, j’ai entre les mains la brochure de ta dernière exposition qui a eu lieu à la ferme Courbet de Flagey, et crois- moi j’exulte.
Décidément notre bon vieux quartier Chapraisien, abrite bien des talents.
Michèle JOURDAN
Quelques repères biographiques:
Roland Gaudillière est né à Besançon le 8 juillet 1931.
Il effectua tout d’abord des études chez les Jésuites à Ornans puis à Dole, avant d’intégrer, à l’âge de 20 ans l’Ecole des Beaux Arts à Besançon, puis, de 1952 à 1955, l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs à Paris. Sa famille lui ayant coupé les vivres, il travaille la nuit afin de subvenir à ses besoins, sur des chantiers en particulier dans le métro.
Sa première exposition se tient, à Besançon, en 1955, puis à Paris.
En 1960, il ouvre son atelier à Besançon et ajoute à ses talents, celui de la restauration des tableaux anciens.
Il recevra de nombreux prix : celui du Peintre, de la biennale de Menton et le fameux prix Fénéon.
Dans les années 60, il est à l’origine, avec le peintre Robert Fernier, du musée Courbet à Ornans.
Il est décédé le 15 novembre 1998.
En 1999 paraît un livre qui lui et consacré, aux éditions Cêtre. Vous pouvez le trouver dans toutes les bonnes librairies spécialisées, neuf ou d’occasion; ou encore sur les sites spécialisés sur le net.
Il laisse une œuvre dispersée de par le monde, tant dans des musées que chez des particuliers: plus de 3 000 tableaux!
La salle du conseil municipal de Montfaucon est décorée d’un de ses tableaux. Roland Gaudillière possédait une maison dans ce village.
Une importante rétrospective de ses oeuvres a été organisée en 2014 à la ferme de Courbet, à Flagey.
Toutes les droits des photos reproduites ici sont réservés. La reproduction en est donc interdite.
Petite devinette : Comment se nomme ce tableau, reproduit sans titre, à droite?
Samedi 26 décembre prochain, un conte de noël inédit, écrit par Michèle Jourdan, pour petits et grands, à partir d’une sculpture de Dominique Calame.
Merci Michèle pour cet article et merci Annie pour cet intéressant et émouvant portrait de ton époux que je n’ai pas connu jeune comme sur la photo. Ta maman et tes enfants en sont certainement touchés.
Biz, anny