« May décember » un grand film de Todd Haines

« May décember » un grand film de Todd Haines




Pour préparer un nouveau rôle, une actrice célèbre (Natalie Portman) vient en Géorgie rencontrer celle qu’elle va incarner à l’écran.



Gracie a défrayé la presse à scandale vingt ans plus tôt. Il s’agit de l’affaire Marie Kay Letourneau qui a eu lieu dans les années 90

Joe (Charles Melton) jeune coréen avait douze ans lorsqu’il avait été surpris avec Gracie (Julianne Moore) âgée de trente-six ans dans la réserve de l’animalerie où ils travaillaient.
film relation hors norme
Pour lui, elle avait tout quitté, fait de la prison où était né son premier enfant. Aujourd’hui tout est rentré dans l’ordre ; Gracie a épousé Joe et leurs deux derniers enfants s’apprêtent à quitter la maison. Depuis, la famille vit au cœur de la bourgeoisie blanche américaine où fleurissent les sous-entendus, l’hypocrisie faite de petits détails (comme le dépôt d’excréments devant la maison du couple).

Placé sous le signe d’une rencontre dans une animalerie, le film multiplie les scènes où il est question du monde animal. Gracie chasse en solitaire et Joe passe son temps à regarder l’éclosion de chrysalides comme la métaphore d’un possible envol. Quelques plans de l’animalerie donnent à voir une meute de chiens. Le monde animal grouille autour de ce couple finissant. Entre les deux femmes se tissent des liens de proximité et de rivalité comme cette étrange scène où Elisabeth cherche à jouir dans la réserve de l’animalerie). Elisabeth est solitaire.

Le fait divers n’est pas la préoccupation de Todd Haines, mais plutôt l’enquête qui produit une réflexion sur un couple longtemps après la tempête médiatique. Le film parle à la fois d’une union hors normes et de comment ne pas la trahir. C’est le rôle Natalie Portman auquel le spectateur emboîte le pas. C’est avec elle que nous découvrons le présent du couple. Ce n’est pas un film sur la lecture des événements avec des flashbacks ou un autre procédé narratif mais plutôt une approche des liens entre les deux femmes ; ils induisent la possibilité de vampirisme étroitement liée au voyeurisme. Mais ce qui est au cœur de récit aujourd’hui, est aussi la question du consentement, traitée ici avec habileté et intelligence.

Il fallait ces deux grandes actrices pour porter ce récit à l’écran. Il fallait aussi la musique de Michel Legrand utilisée dans le film « Le Messager » de Joseph Losey. Dans cet autre film, un enfant découvrait une aventure entre une bourgeoise et un palefrenier ; elle ponctue le film d’un climat oppressant.