Histoire de l’avenue Fontaine Argent (3) le lieu et le temps des usines et des ateliers
Nous poursuivons le compte rendu de la conférence animée par Delphine Lantuas jeudi 18 janvier 2024. Après l’origine (1), les belles constructions du début de l’avenue pour des notables (2), nous avançons dans le temps et l’espace. Voici un petit aperçu.
Des activités multiples dans l’avenue Fontaine Argent : distillerie, horlogerie, serrurerie, bois, automobile, parc à fourrage et marbrerie
L’îlot industriel du 14 avenue Fontaine Argent : distillerie Faivre Chalon, horlogerie Humbert,
Le numéro 14 appartient à tout un îlot industriel ayant également un accès au 13 rue de la rue de la Mouillère. Voir l‘article qui lui a été consacré, le 3 janvier 2022
La distillerie Faivre-Chalon s’y installe avant 1911 puis s’agrandit un peu plus tard.
Vers 1904, Paul Humbert a ouvert un atelier de fournitures pour l’horlogerie au fond de la cour
Il aurait employé jusqu’à 250 personnes
En 1923, la société Duverbecq s’installe ici, elle est spécialisée dans la fabrication de boutons.
Rappelons la présence des ateliers de serrurerie Verdet
Au numéro 16, figure en 1921 la maison, l’atelier et le magasin de Venance Borgnetta spécialisé dans les ciments et les asphaltes. La propriété passe aux mains de Mérien Lavaud en 1922 puis dans celle de sa fille épouse Sérex.
En 1931, on y trouve Charles Mouriaux négociant, spécialiste de la vente de vanille pulvérisée dont le magasin se situe rue d’Alsace.
Les constructions sont détruites en 1955 pour y construire un bâtiment plus moderne.
Serrurerie et chantier de bois aux numéros 13, 15 et 21
En face, au numéro 13 se trouvait en 1921 la maison, l’atelier et les bureaux de Paul Détot serrurier, En 1936, il est remplacé par son fils Gilbert. Le grand-père Obliger a commencé chez Détot.
Au n° 15, en 1921 on trouve un chantier de bois exploité par la famille Guillemin. Au milieu des années 20, le chantier de bois est racheté par la famille Greset. La société est connue sous le nom de Chantier du Gaulois (photo Marcelle Roy).
Dans les années 70, trois sociétés distinctes furent fondées : la scierie, le Chantier du Gaulois et, maintenant, le levage et manutention.
A noter qu’un chantier de bois de la ville de Besançon existait depuis 1911. Les recensements mentionnent le nom des surveillants qui demeurent sur place. En 1921 et 1926, se trouve ainsi Léon Valentin Nicod qui deviendra ensuite député communiste en 1945-1946 puis sénateur de 1946 à 1948 et conseiller municipal de 1947 à 1959. Il fut également journaliste, responsable de l’hebdomadaire régional du Parti communiste « Le semeur » ainsi que du journal « Le peuple comtois »
Automobiles et garage Thieulin au n° 20
Le garage des Chaprais fondé par Louis Thieulin en 1886 au 20 avenue Fontaine-Argent, distribuait des Panhard, Rochet, mais aussi des voitures Thieulin (première crée en 1889).
Il ne resterait qu’une seule auto Thieulin au musée de Lyon. Qui en possède une autre ?
Dans les années 30, le garage s’agrandit (du 20 au 24 av Fontaine-Argent) et acquit la parcelle à l’angle de la rue de Beauregard. Le garage devient la SA Thieulin en 1929, garage Renault jusqu’en 1955, puis Peugeot jusqu’au 1966, puis Fiat et enfin Opel
Démoli pour construire le grand ensemble immobilier « le dôme impérial » par SEGER
Le parc à fourrage de l’armée
Mis en chantier en 1876, terminé, il comprend : 3 grands magasins d’égale importance, un grand ensemble disposant d’un quai d’accès et 6 pavillons répartis ici et là (un seul subsiste). Seul le gardien et sa famille habitent à l’époque sur place, En 1921, une partie du Parc est occupée par le garage Thieulin. Une piscine fut construite par les allemands durant l’occupation. Puis en 1949, le parc d’un hectare et demi est abandonné, puis transféré de l’autorité militaire à la SNI qui s’est chargée depuis d’y construire et d’y gérer un groupe d’immeubles. Il ne reste que le pavillon d’entrée situé avenue Fontaine Argent et un bâtiment qui a été transformé en logements.
Les automobiles Th Schneider
En 1906, Louis Ravel fonde une société automobile au 28 avenue Fontaine Argent avant de s’associer en 1910 à Théodore Schneider pour former la société « Automobiles Th Schneider ».
Des interrogations sur ce prénom ont été levées, il ne s’agit pas de Théophile. Et d’ailleurs, il résulte d’un changement de patronyme évitant une consonance trop germanique.
La production s’orienta vers des modèles destinés à la compétition automobile. Privilégiant la robustesse, l’accessibilité et la simplicité d’utilisation, Louis Ravel décida d’équiper ses voitures de boîte à quatre vitesses, de transmission à cadran avec graissage automatique … La production devient importante (250 véhicules par an).
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Pendant la 1ère Guerre, l’usine fabrique de l’armement (obus), des camions, camionnettes et ambulances pour l’Armée
En juillet 1916, la société décide d’agrandir l’usine et de prolonger l’atelier « par une construction importante avec façade sur la rue des Docks ».
Louis Ravel a quitté la société, il fut remplacé par le carrossier bisontin Montjardet.
Patrick Frachebois, collectionneur d’automobiles Schneider a rappelé l’importance de cette entreprise trop méconnue. Il a montré quelques caractéristiques des véhicules. En particulier l’emplacement des radiateurs.
Selon Patrick Frachebois, il subsisterait une trentaine de voitures répertoriées dans le monde dont un nombre significatif en Australie !
Après la liquidation judiciaire de 1931, les actifs sont repris la SADIM qui poursuit la fabrication de tracteurs jusqu’en 1937. Le site est racheté en 1938 afin de construire le lycée Saint-Joseph.
Les tailleurs de pierre et marbreries
En 1893, on dénombre 8 marbriers à Besançon dont 7 aux Chaprais
Au n° 33 se trouvait une fabrication de briques et anciennement un marbrier, Joseph Cerutti.
En 1923, est créée la SA Anciens établissements Micciollo et Cie spécialisée dans la fabrication de pierres dures reconstituées et d’agglomérés au n° 29 et 31. Parmi ses administrateurs figure l’architecte Boutterin. L’entreprise est installée au 7 de la rue de Belfort, elle participe à l’édification de plusieurs monuments aux morts.
Les ouvriers de l’entreprise Micciolo
La marbrerie Roussel au n° 48 spécialisée dans la sculpture de monuments aux Morts. On peut noter, en particulier, la réalisation du monument aux Morts de Roche lez Beaupré.
La famille Choisel au n° 50 est originaire de Haute Saône (Apremont)
Il y a aussi l’entreprise Vve Virot au 31 de l’avenue
La proximité des cimetières explique la spécialisation des activités dans ce secteur
Au n° 33, Léon Chabod est menuisier, spécialisé dans la fabrication de cercueils.
Un menuisier Roux était actif encore dans les années 60-70
Au numéro 54, on note la présence de deux fossoyeurs en 1901 Edouard Cédal et Constant Houillon
Les photos sont tous droits réservés.
Merci à la dizaine de contributeurs de documents et de témoignages.