Uchronie suite : une gare stratégique durant la guerre

Uchronie suite : une gare stratégique durant la guerre

Qu’est-ce qu’une uchronie ?

Un exercice littéraire et historique qui réécrit l’Histoire en partant d’un point de divergence. Imaginons que les Français tiennent sur la Meuse en 1940 ? Vivrions-nous encore en IIIème République ?
Imaginons que Napoléon remporte la campagne de Russie, serions-nous encore dans un régime impérial ? C’est en tout cas le thème de la première uchronie écrite par Charles Renouvier en 1857.
Vous l’aurez compris les uchronies peuvent prendre une multitude de formes mais beaucoup d’entre elles ont un cadre national ou international. Aujourd’hui, nous vous proposons dans un cadre régional et local, imaginons que notre point de divergences parte d’un petit changement de lieu dans le quartier des Chaprais et c’est le développement de toute la région qui change….

Voir le premier article sur la gare à la Mouillère, sur Chevrolet aux Chaprais

Sabotage à la gare de Besançon-Mouillère en 1944

Gare de la Mouillère avec la Citadelle

« Histoires comtoises, avril 2021

Août 1944, après quatre années d’attente, les Bisontins attendent avec impatience l’heure de la Libération. Les FFI multiplient les coups de main contre un ennemi dont la réaction se raidit au fur à mesure contre les troupes alliées se rapprochent de la région.
Quelques semaines suivantes, les soldats américains progressent en direction de la capitale bisontine en passant par le Plateau. Dans ce contexte, les FFI, en nombre, décident le 3 au soir d’engager les opérations pour chasser les troupes nazies de la ville. Les deux jours suivants, les insurgés se rendent maitre d’une bonne partie du centre et de ses faubourgs excepté l’axe de sortie en direction de Baume-les-Dames. Le Drapeau Tricolore flotte sur la citadelle de Vauban mais les ponts ont été détruits.
La situation patinant, le maire de Besançon, Henri Burger, est chargé par la Résistance de négocier une trêve. Se rendant dans la partie de la ville encore tenue par les ennemis, il tente pendant plusieurs heures en cette soirée du 5 de trouver un cessez-le-feu mais sans succès. La suite est racontée par l’ancien maire dans un article paru en 1964 « Le commandant allemand m’a proposé de quitter la villa (Hottler) où se tenait les négociations à Bregille afin de réaliser une sorte de pause. J’ai été emmené dans une voiture jusqu’au fort Beauregard où je voyais une vue majestueuse sur Besançon, le soleil finissait de se coucher. Tandis que l’officier allemand allumait une cigarette, j’ai entendu une puissante déflagration. J’ai cru un instant que c’était l’usine de Chardonnet puis j’ai compris que la gare avait été détruite en représailles d’actions armées ».
vestiges ruine
En direction des Pré de Vaux, des vestiges de l’ancienne gare ont été volontairement pour que les générations futures se souviennent des ravages passés.

La Résistance était divisée sur l’opportunité de négocier une trêve avec l’ennemi. Aussi pendant que le maire entamait des pourparlers avec les nazis, plusieurs groupes de résistants ont attaqué les positions allemandes le long de la route de Baume pour couper la probable retraite de la Wehrmacht.
Le choix de la gare n’est pas anodin. Malgré des tentatives désespérées de plusieurs cheminots résistants, les fuyards avaient commencé à détruire les rails allant en direction de Belfort pour ralentir la progression de la logistique alliée. De surcroît, les Allemands avaient emmenés avec eux un stock d’explosifs qui au vu de l’avance foudrayante des Franco-Américains devaient être « utilisés à des fins appropriées car intransportables » comme l’indique des instructions transmises par l’OKW, l’Etat-major nazi le 4 septembre 1944.
Fous de rage, les FFI bisontins ont alors lancé une offensive qui aboutit à la libération totale de Besançon le 6 septembre 1944 en fin de matinée. Les combats de Besançon ont provoqué la perte d’une centaine de civils  et d’une cinquantaine de FFI. Côté ennemi, environ 300 soldats allemands ont été tués et 3000 capturés. Selon l’historien britannique Alexander Kerlaw « la libération de Besançon par ses habitants a contribué à créer une désorganisation parmi les troupes allemandes de la région. Au lieu d’être bloqué à Belfort pendant un mois et demi, le front aurait pu certainement être plus bas et l’agglomération de Montbéliard occupée également sur une période un peu plus longue. »

gare détruite

Après de violents combats, la gare de Mouillère en ruines a été libérée.
Pour sa part, la destruction de la gare a fait peu de victimes civiles, les quelques résistants présents ayant réussi à faire évacuer les voisins immédiats de la gare. La « Mouillère » comme l’appelle affectueusement les Bisontins fut reconstruite avec des plans assez proches de l’ancienne gare à partir de 1947.
Maud Dhoutaud-Voray.

Et en réalité ?

C’est la gare Viotte, la gare stratégique qui a été détruite le 16 juillet 1943 par un bombardement britannique

Les décombres de la gare au matin du 17 juillet 1943 après le bombardement britannique.

La gare Viotte au matin du 17 juillet 1943 : cliché Marcel Bidoli, photothèque ville de Besançon, tous droits réservés.

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Tags: gare, guerre, Uchronie