Et si on refaisait l’histoire ?

Et si on refaisait l’histoire ?

Les Chaprais uchroniques, Besançon utopique (1)


Qu’est-ce qu’une uchronie ?
Un exercice littéraire et historique qui réécrit l’Histoire en partant d’un point de divergence. Imaginons que les Français tiennent sur la Meuse en 1940, vivrions-nous encore en IIIème République ?
Imaginons que Napoléon remporte la campagne de Russie, serions-nous encore dans un régime impérial ? C’est en tout cas le thème de la première uchronie écrite par Charles Renouvier en 1857.
Vous l’aurez compris, les uchronies peuvent prendre une multitude de formes mais beaucoup d’entre elles ont un cadre national ou international. Aujourd’hui, nous vous proposons un cadre régional et local. Imaginons que notre point de divergence parte d’un petit changement de lieu dans le quartier des Chaprais et c’est le développement de toute la région qui change….

Premier exemple : la gare change tout !

gare de la Mouillère
Vue originale de la gare de Besançon-Mouillère détruite quand ?

« Article paru dans l’Est Républicain du 28 février 2021
Rénovation de la ligne Besançon-Le Locle, limitation du trafic pendant cinq mois !
La gare de Besançon Mouillère va connaitre une légère baisse de son trafic. En coordination avec les CFF suisses, la SNCF va commencer les travaux sur la ligne entre Besançon et le Locle comme annoncé dans notre quotidien le 20 décembre dernier. La rénovation va se porter principalement sur le tronçon entre Gilley et le Locle. Cette partie du trajet sera totalement fermée à l’exploitation. Afin d’éviter que le trafic routier n’augmente, la ligne Besançon-Jougne va passer de dix à douze allers-retours par jour, de même des cars de substitution permettront de se rendre à Morteau et au Locle.
« Les trajets vers Belfort, Pontarlier, Ornans ou encore Dijon ne seront en rien impactés par ces travaux contrairement aux dires de certains» fait remarquer Anatole Vuillemot, le chef de la première gare régionale. « Nous n’avons rien laissés au hasard d’autant que la rénovation de la ligne va permettre de gagner cinq minutes sur le trajet ».
SNCF Réseau en concertation annonce également la rénovation de son centre régional basé dans le quartier de la Viotte, le coût de l’opération est estimé à cinq millions et devrait occasionner quelques désagréments pour les Chapraisiens voisins de l’imposant centre de la région Bourgogne-Franche-Comté. La décision a néanmoins été saluée par la municipalité qui y voit un nouveau signe fort de « l’attractivité de Besançon et des cent septante mille habitants que comptent la ville ». Maxence Pourchot

Comment Besançon-Mouillère peut-elle avoir une telle importance ?

Il faut revenir aux sources de la construction des gares bisontines. Le choix de la gare de Besançon à la Viotte en 1856, a été débattu et critiqué par les Bisontins qui préféraient un emplacement plus proche de la boucle, tandis que les propriétaires de la ligne Dijon-Belfort préféraient dans le quartier de Viotte, un accès plus facile donc un lieu moins onéreux que le bord du Doubs. Autre élément, Besançon s’est battue à cette époque pour posséder une ligne internationale vers la Suisse, sans succès puisque cette ligne passe encore aujourd’hui par Dole, Mouchard et Frasne. La ligne Besançon-Le Locle n’est qu’une compensation, aux requêtes bisontines. La gare Besançon-Mouillère a été inaugurée en 1884 et détruite en 1963.

Voir un article consacré au choix de la gare Viotte

gare Viotte


Suite de notre uchronie chapraisienne :

Chevrolet aux Chaprais ?

avec un article économique de « L’éclair Comtois », 6 mars 2021

Chevrolet, un constructeur centenaire en route vers l’hydrogène.
Dans l’ombre du nouveau géant de l’industrie automobile, Stellantis, l’autre constructeur comtois, Chevrolet affiche une santé de fer dans un contexte morose en raison de la crise sanitaire avec un bénéfice en léger recul de 738 millions d’euros sur l’année 2020. Son président, Henri-Louis Chevrolet, arrière-petit-fils du fondateur, Louis, vient d’annoncer un plan stratégique baptisé « Chevrolet 2030 ».
Ce plan comprend un investissement de deux milliards d’euros afin de permettre de permettre au constructeur d’origine bisontin de prendre le virage de l’hydrogène et de réaliser 100% de ses modèles dans l’hydrogène ou en électrique. Le groupe va d’ailleurs rejoindre son rival montbéliardais et Total dans une société commune de fabrication de batteries qui seront produites à Mandeure (Doubs).
Au sein des ateliers de l’usine bisontine du groupe, la nouvelle a été accueillie avec une certaine réserve par les syndicats qui ont encore en mémoire les vagues de licenciements de ces dernières décennies parfois selon eux au nom de la rentabilité. « En 2014, le groupe réalisait des bénéfices et pourtant nous avons eu 200 de nos collègues qui sont restés sur le tapis, nous attendons donc de voir si ces investissements vont encore davantage robotiser la production. Je rappelle que nous étions 3000 en 1978, nous sommes 5 fois moins aujourd’hui » alarme Jean-Marc Thiebaud, syndicaliste SUD.
Henri-Louis Chevrolet balaie d’un revers de main ces inquiétudes « Les Chaprais sont à Chevrolet, ce que Sochaux est à Peugeot, croyez-vous vraiment que nous allons encore réduire les effectifs avec le risque de faire disparaitre le site ? C’est grotesque. L’usine de Fontaine-Argent recevra un investissement de 80 millions d’euros qui vont lui permettre de rester parmi les sites les plus compétitifs du groupe ! »


Un train responsable de ce géant automobile….


Beaucoup l’ignorent, mais c’est pourtant le chemin de fer qui est responsable de la création de l’entreprise bisontine. Joseph Pinot dans son dernier livre, « la voiture des horlogers » paru aux éditions Citre rappelle cette invraisemblable hasard « La famille de Louis Chevrolet, originaire de La-Chaux-de-fonds s’est établie à Besançon grâce au chemin de fer.

Usine horlogère Universo rue Louis-Joseph Chevrolet à la Chaux de Fond en Suisse

Le développement de la ligne internationale Besançon-Jougne en 1856 a conduit dans les décennies suivantes à une immigration massive des Suisses dans notre région. L’arrivée des Helvètes et de leur savoir-faire a créé de multiples industries notamment dans le domaine horloger qui ont alimenté ces vagues d’immigration. En effet, les ressortissants de Berne trouvaient facilement des emplois à leur descente à la gare de Besançon-Mouillère.

Louis Chevrolet en 1914

Parmi eux donc, les Chevrolet. Le père de Louis a travaillé dans l’industrie horlogère avant que son fils ne trouve une place au sein d’un fabricant local de voitures, Louis Ravel. Quand ce dernier a cédé sa place à Théodore Schneider, Louis a commencé à montrer un certain talent pour entretenir et piloter les véhicules de l’atelier. C’était l’époque des courses automobiles, les frères Chevrolet, Louis mais aussi Gaston et Arthur ont remporté de très nombreux titres. Ils ont accumulé un certain capital qui leur a permis de s’associer à Schneider puis de racheter ses parts dans les années 1920 ».

La suite est connue, au moment de la taylorisation de l’industrie automobile, les Chevrolet s’inspirant de techniques de l’industrie horlogère parviennent à augmenter les cadences de production qui vont permettre à la marque de traverser la crise des années 1930. Le groupe ouvre d’ailleurs d’autres usines durant cette terrible période : A Chalezeule (fermée en 1979) et à Hyères. Spolié par les Allemands sous l’occupation, les Chevrolet transforment les ateliers des Chaprais en une usine moderne avant d’ouvrir d’autres sites dans des pays à bas coûts principalement en Asie et en Afrique du Nord dans les années 1970-80. La Chevrolet « Utinam » développée en 1978 est encore à ce jour le modèle le plus vendu du groupe avec 3.5 millions d’unités vendues.
La marque bisontine s’est également développée par le rachat d’autres entreprises automobiles comme Alcyon en 1963 ou plus récemment le constructeur suédois Saab en 2016. Enfin, il n’est pas possible de finir sans parler de la renaissance réalisée autour de la marque Hispano-Suiza en 1985 dans le domaine des voitures de luxe et qui est aujourd’hui fabriquée dans les premiers ateliers de la marque Avenue Fontaine-Argent à Besançon.

Statue en mémoire de Louis Chevrolet située parc Micaud.



Chevrolet à Besançon ? Pas si impossible que cela…

Les Chevrolet ont dans notre réalité habité à Beaune pendant quelques années avant d’émigrer aux Amériques. Les Chevrolet n’étaient cependant pas très doués pour les affaires, la légende veut en effet que Louis Chevrolet soit mort en 1941 en étant simple mécanicien dans une usine à l’effigie de sa marque qu’il avait vendue bien des années auparavant. Mais si ce même Chevrolet était resté en France, sa destinée aurait-elle pu être différente ?

Atelier des moteurs Schneider


Enfin, les Chaprais ont un réel passé automobile, l’avenue Fontaine-Argent mais également la rue de l’Eglise ont connu des ateliers automobiles avec Mrs Ravel et Schneider. Les usines n’ont cependant pas résisté à la crise des années 30. Sur les terrains des ateliers, plusieurs constructions dont le lycée Saint-Joseph ont pris place.

Revoir l’article consacré aux ateliers automobiles

A suivre …