Lecture : rencontre coups de coeur

Lecture :  rencontre coups de coeur

Rencontre coups de coeur lecture du mercredi 8 juillet 2020

Parmi les différentes activités de l’association Vivre aux Chaprais, les réunions Coups de coeur de lecture animées par Françoise Romain se sont poursuivies en respectant les règles sanitaires.

Grand moment de détente pour cette rencontre Coups de coeur lecture, chez Berthe qui avec son compagnon nous avaient ouvert les portes de leur belle maison en pleine nature. Chouchoutées, nous avons pu reprendre le cours de nos échanges fâcheusement interrompus en mars par la covid et ses conséquences. Dans des conditions optimales, c’est le moins que l’on puisse dire!

Réunion lecture juillet 20
Nous étions cinq lectrices assidues et malgré le nombre restreint du fait de la saison estivale qui voit les occupations familiales s’installer, les présentations d’ouvrages n’en furent pas moins passionnantes. Le thème initial était La Rencontre et chacune a trouvé matière à suivre ce fil , même s’il fallait dénouer quelques écheveaux parfois !
Nous avons également évoqué la situation difficile liée au manque de salle attribuée à Vivre aux Chaprais dans le quartier, qui ne facilite par nos réunions. Nous espérons qu’une solution sera trouvée dans les mois prochains pour notre activité, mais aussi pour toutes celles pratiquées par l’association qui reste malgré les circonstances, dynamique.
D’ores et déjà, une prochaine réunion est fixée au mercredi 9 septembre , dans un contexte un peu particulier….Mais chut! nous vous en parlerons le moment venu…

Les ouvrages

Dernière nuit à Twisted River de John Irving

John Irving dernière nuit
Cette histoire commence dans le nord du New Hampshire, vers la frontière canadienne, dans le milieu rude des flotteurs de bois par la disparition d’un jeune canadien arrivé la veille et emporté par les eaux.
C’est l’histoire d’une fuite à la suite d’un meurtre accidentel.
Dominic, maigrichon et boiteux est cuisinier à la cantine des flotteurs de bois, il élève seul son fils Daniel de 12 ans depuis le décès accidentel de sa femme, les employées sont des femmes dont Jane, Indienne plantureuse, maîtresse officielle du connétable (shérif) , homme violent et alcoolique. Dominic entretient une relation discrète avec Jane qui s ‘occupe souvent de l’enfant qui l’adore. Une nuit Danny qui a entendu de nombreuses histoires d’ours, se réveille, entend des bruits inquiétants…

Là commence une longue fuite, plusieurs vies de rencontres en rencontres de personnages extraordinaires, de fuite en fuite, Daniel devient père à son tour, et devient écrivain. Ketchum, l’ami qui a promis à sa mère de veiller sur Daniel est toujours là mais ne peut empêcher la vengeance du shérif.
Le début m’a semblé long, lent, par moments ce sont des leçons de cuisine (je n’ai pas noté les recettes, le chef était réputé et on le croit sans peine) mais très vite on est pris dans le récit et on ne lâche plus.

Berthe

 

Entre deux mondes de Olivier Norek

Olivier Norek Entre deux mondes
Prix du polar Les petits mots des libraires, prix de la ligue de l’imaginaire Cultura et prix du polar du Parisien.

L’auteur :

Olivier Norek, 45 ans est écrivain et scénariste.

Il est lieutenant de police à la section Enquête et Recherche du Service Départemental de la Police Judiciaire (SDPJ) en Seine Saint-Denis (93).

Il travaille d’abord en tant que bénévole chez Pharmaciens sans frontières durant trois années, lors desquelles il participe à la réhabilitation d’un hôpital à Saint-Laurent-du-Maroni en Guyane, ainsi que de l’approvisionnement en matériel médical des hôpitaux et camps de réfugiés des territoires en guerre de l’ex-Yougoslavie (1994-1995).

Il devient gardien de la paix à Aubervilliers, puis rejoint la PJ au service financier, puis au groupe de nuit chargé des braquages, homicides et agressions. Après avoir réussi le concours de lieutenant, il choisit Bobigny au sein du SDPJ 93, à la section enquêtes et recherches (agressions sexuelles, enlèvement avec demande de rançon, cambriolage impliquant un coffre-fort…).

Il écrit quelques textes et participe en 2011 à un concours de nouvelles. Il décide de se mettre en disponibilité pour écrire son premier roman « Code 93 » (2013), un polar réaliste qui nous plonge dans le quotidien des policiers en Seine-Saint-Denis.
« Territoires » (2014), présenté en exclusivité à l’occasion du 6ème Festival International des Littératures Policières de Toulouse Polars du Sud, est la suite de « Code 93 ».

Son 3ème livre, qui met en scène le capitaine Coste, « Surtensions », paraît en 2016. Il obtient le prix du polar européen du magazine « Le Point » et le Grand Prix des lectrices Elle – Policiers 2017.
En 2017, il publie « Entre deux mondes » où il aborde un sujet brûlant d’actualité : le parcours de migrants arrivant en France. Il remporte l’Étoile du Parisien du meilleur polar 2017. Norek a travaillé à l’écriture de la sixième saison de la série télévisée française « Engrenages » (2017).

Il a reçu le prix du Polar Babelio 2019 pour « Surface » (Éditions Michel Lafon), prix Maison de la presse 2019. Les droits de ses romans sont déjà acquis afin d’être passés en série télévisée.
Il fait partie du collectif d’artistes La Ligue de l’Imaginaire.

L’histoire:

«Adam avait été jusqu’ici un policier exemplaire, formaté, confiant en son pays et en son dirigeant.
Et plein d’espoir quand, avec les révolutions arabes, un vent de démocratie avait soufflé sur la Syrie.
Comme en Tunisie ou en Egypte, le peuple réalisait soudain que le combat pour ses libertés était possible.
Mais ce mouvement, aussi noble qu’en soient les causes, fut rapidement réprimé dans le sang de milliers de manifestants, menant le pays dans une guerre civile.
Et profitant de cette faiblesse, comme un virus dans un corps exténué, l’Etat islamique enfonça encore un peu plus profondément les griffes de sa violence et de son obscurantisme.
Il y eut dès lors, pour deux bourreaux, une seule et même victime. La dictature de Bachar el-Assad et la folie de Daesh, contre le peuple syrien désarmé.
C’est à la suite de cette révolte pacifique, assassinée par l’armée, qu’Adam avait décidé de s’impliquer. Refusant de n’être qu’un simple témoin de l’agonie de son pays, il fit allégeance à une cellule rebelle de l’Armée syrienne libre et devint un opposant du gouvernement de la manière la plus risquée. En l’infiltrant, via la police militaire.»

Cet homme laisse partir sa femme Nora et sa fille Maya, pour leur offrir une vie meilleure ne peut envisager le pire. Ces deux êtres vulnérables en face de passeurs sans scrupules, partent sur une de ces embarcations dont nous avons toutes entendues parler. En rêvant d’une vie plus sécurisée loin du sang et des souffrances. Mais Nora et Maya n’arriveront jamais à Calais, lieu du rendez-vous donné par Adam à sa femme et sa fille.
Il va donc intégrer la Jungle de Calais, les chercher jour après jour, avec une photo qui devient la seule réalité de leur existence.
C’est ainsi que l’on découvre la dureté de ce camp où la loi du plus fort règne tout autant que sur les terres qu’ils ont quittées. Adam rencontre ainsi Kilani, jeune noir de 10 ans, muet car on lui a coupé la langue afin qu’il ne puisse raconter ce qu’il a subi.
Leurs deux solitudes s’unissent avec tendresse et discrétion, sans s’avouer les choses, sans poser les mots, juste parce qu’ils sont deux êtres humains qui se battent pour vivre et pour qui tendre la main est une simple évidence.
Au milieu de tous ces personnages, il y a Bastien ce flic qui s’interroge et tente de comprendre avec toutes ses failles et sa bienveillance, sa femme Manon et sa fille Jade qui seront une aide précieuse au maintien d’une humanité qui permet d’alléger le propos.
Kilani sera aidé pour passer en Angleterre après un terrible malentendu entre lui et Adam. Quant à ce dernier, il a compris que sa femme et sa fille sont mortes et il est devenu un fantôme de cette jungle démantelée, qui néanmoins se recrée petit à petit.

Mon avis

C’est une oeuvre dont on ressort enrichi, parce qu’on réalise que toutes ces images de guerres quotidiennes qui se déroulent si loin de nous, sont en réalité à nos portes.
J’ai éprouvé de l’empathie pour la majorité de ces personnages, qui cherchent à s’impliquer.
Mais je me suis aussi sentie dépassée par les événements, sans savoir ce que j’aurais fait, si j’aurais eu le courage de réagir.
On comprend à quel point le monde est gris et complexe, et que parfois faire de son mieux est insuffisant.
Bref, un roman dont on ne ressort pas indemne.

Françoise:

 

Chansons Bretonnes et L’enfant et la guerre de Jean Marie Gustave Le Clézio

JMG Le Clézio chanson bretonne

Deux contes

Le premier raconte les vacances de l’auteur en Bretagne de 1948 à 1954. La Bretagne est le berceau de la famille Le Clézio.
Le texte se compose de petits tableaux qui m’ont donné l’impression de feuilleter un album de photos.
Ces enfants vacanciers (Le Clézio et son frère) rencontrent les enfants du coin. Ils s’occupent, ils font du vélo, ils vont chercher le lait à la ferme etc..

L’auteur part à la rencontre de trésors engloutis, quand la marée est basse. Mais sa rencontre est plus originale : il s’agit d’ un poulpe qui lui chatouille les doigts de pied!
L’été en Bretagne est agréable, on est plongé dans un monde disparu, mais on ne sent pas la nostalgie, on apprécie seulement les bons moments de ces vacances.

Le deuxième conte est un récit à bâtons rompus d’un vieux monsieur de 80 ans qui se rappelle son enfance pendant la guerre à Nice.
L’auteur a vécu les premières années de sa vie entouré de femmes, les hommes qui restaient était âgés.

Il a ressenti le fracas de la guerre toute proche, la mort, la peur du monde extérieur, le confinement et surtout la faim.
Mais il a rencontré des gens chaleureux dans la vallée de la Vésubie où son grand-père, sa grand-mère, sa mère, son frère et lui se sont réfugiés.

Une des séquelles de la guerre, pense l’auteur est qu’ il a appris à lire l’heure tardivement car la pendule de Roquebillière était arrêtée.

En dépit du contexte tragique, la narration est agréable à lire, sans souvenirs négatifs à part la faim.

Marie-France

La Muse de Rita Cameron

La muse Rita Cameron

La Muse est le premier roman de l’auteure américaine Rita Cameron. Il est paru en France en 2018 chez Milady (maintenant les éditions Hauteville).
Il s’agit d’un roman qui retrace la vie d’Elizabeth (dite Lizzie) Siddal, célèbre modèle pour les peintres préraphaélites : elles est surtout connue pour avoir posé pour l’Ophelia de John Everett Millais et pour avoir été la muse et compagne de Dante Gabriel Rossetti.

J’adore les peintres Préraphaélites et je connaissais vaguement la vie de Lizzie Siddal, j’étais donc curieuse d’en savoir plus par le biais de ce roman.

La Muse est un roman assez captivant même si les derniers chapitres ont été assez éprouvants à lire, vu la détresse psychologique et physique de Lizzie à la fin de sa vie (courte, puisqu’elle est morte à un peu plus de 30 ans). Le roman est également bien documenté et très fidèle à la vie de la vraie Lizzie Siddal, malgré quelques raccourcis ou petites différences.
On prend beaucoup de plaisir à revivre à travers ce roman certains grands moments de l’histoire des Préraphaélites, comme la première exposition de leurs toiles à l’Académie, la fameuse séance de pose pour l’Ophelia de Millais…

Je le recommande, qu’on aime et connaisse les Préraphaélites ou qu’on ait justement envie de les découvrir par le biais d’un bon roman.

Sandrine

 

 

Ce qu’il advint du sauvage blanc de François Garde

Sauvage blanc

L’auteur :
Ecrivain et haut fonctionnaire de l’administration française, né en 1959 et diplômé de l’ENA.
Auteur d’essais et de romans, souvent en prise avec l’histoire et la politique, les voyages et les pays lointains.
Le roman :
A sa sortie en 2012, ce roman, inspiré d’une histoire authentique a obtenu de nombreux prix, dont le prix Goncourt du premier roman. Il nous conte la vie de Narcisse Pelletier, jeune matelot français, abandonné par un malheureux concours de circonstances sur une plage d’Australie. Il est recueilli par une vieille femme d’une tribu d’Aborigènes qui le soigne sans tendresse mais avec efficacité. Pendant dix sept ans, il vit au sein de la tribu et oublie ses origines, sa langue et même son nom. Mais il est capturé par un équipage australien et ramené à Sydney. Son cas éveille la curiosité et la sympathie d’un noble français, épris de voyages et de découvertes scientifiques, Octave de Vallombrun. La rencontre de ces deux êtres va changer leur vie à tous deux. S’ensuit une longue « rééducation » du sauvage blanc : il retourne avec son mentor dans son pays d’origine, sans perdre pour autant le mode de vie dont il a été imprégné, et donc connaît de sérieuses difficultés d’adaptation malgré les efforts de monsieur de Vallombrun.
Ce qui m’a intéressée :
Le sujet lui-même, inspiré d’ une histoire vraie, mais dont s’affranchit totalement l’auteur, qui pose le problème, une fois de plus, de l’inné et de l’acquis, et en filigrane des théories sur les races, la curiosité scientifique du XIX°siècle et la naissance de l’anthropologie. Ce thème est à rapprocher de celui du film de Truffaut, « l’enfant sauvage »
Le récit de la vie de Narcisse dans la tribu, bien que l’auteur ait été critiqué sur ce point pour avoir imaginé cette vie en n’échappant pas aux représentations stéréotypées
L’évocation des relations entre les deux personnages principaux : Narcisse, sujet d’étude pour monsieur de Vallombrun, auquel il s’attache mais sans comprendre réellement le fossé qui les sépare et les réactions de Narcisse
La construction du récit : alternant les épisodes de la vie aborigène de Narcisse et la rééducation à laquelle procède le narrateur, cette deuxième partie étant présentée sous forme de lettres adressées au président de la société de géographie.

Catherine

Categories: Actualités, Lecture

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