La fabrique d’horlogerie Fontainargent
A la fin des années 1920 (1928?) est créée une société anonyme, la Fabrique d’Horlogerie de Fontainargent, sise 19 rue Fontaine Argent, au capital de 602 000 F de l’époque. Une publicité parue dans l’annuaire Davoine daté de 1930, en Suisse, précise que cette fabrique produit des montres et des mouvements cylindre dont la spécificité est la suivante : 5 1/4 »’ ASSA (AS pour A. Schild Société Anonyme);6 1/2 »’ETA (ETA est une vieille manufacture horlogère suisse qui remonte à 1793; cette société existe toujours; 8 3/4 »’ROBERT. Les spécialistes apprécieront…
Rappelons que la rue Fontaine-Argent où était située cette fabrique était dans le prolongement de l’avenue Fontaine-Argent. Elle a été rebaptisée,en 1948, sur proposition de Jean Minjoz rue Tristan Bernard. Elle avait alors conservé sa numérotation. Les en-têtes de cette fabrique rendent comte de ce changement.
Les locaux actuels du 19 rue Tristan Bernard
Autre fait notable : la société anonyme devient SARL, après la guerre, au capital de 120 000F, puis, en 1950 au capital de 350 000F.
Il semble qu’elle ait eu comme directeur gérant, M. Joseph DROUHARD, du moins jusqu’en 1951. S’agit-il de ce bisontin né dans notre ville le 19 mars 1908 et décédé à Créteil le 22 février 1986?
En lisant, aux archives départementales, la correspondance échangée avec la Fédération Nationale de l’Industrie de la Montre, alors installée dans notre quartier, au n° 16 de l’avenue Carnot, nous pouvons entrevoir quelques aspects de la vie de cette entreprise: c’est ainsi, qu’en 1948 apprenant, par une circulaire de cette fédération, que des accords commerciaux viennent d’être signés avec l’Autriche, le Canada,l’Egypte, les Etats Unis, l’Inde, l’Iran, la Turquie, la Fabrique veut obtenir la liste des importateurs de ces pays.
Elle fait la même demande pour la Grande Bretagne puis l’Indochine. En novembre 1949, nous apprenons que 250 montres ont été commandées, pour l’exportation par un commissionnaire. Mais l’absence de mention de l’origine française de ces montres, que la Fédération doit accorder, représente un frein.
En décembre 1947; l’entreprise veut acheter des lampes d’établi appelées alors « quinquets » (d’où l’expression « ouvrir ses quinquets »…). Mais le commerce portant sur des objets métalliques est toujours, depuis l’Occupation, très réglementé. Il faut pour cela obtenir l’attestation du commerce chargé de la commercialisation de ces lampes : en l’occurrence l’Est Electric (ou Est Electrique?) ou Maison Bonnefoux, place Flore. Et la Fédération peut alors délivrer la quantité nécessaire de monnaie matière acier. Là, il s’agit de 24 kg.
En janvier 1949, il est sollicité, toujours auprès de la Fédération que 500 dollars lui soient accordés sur les crédits des devises rapatriées (le commerce des devises est alors très encadré), afin d’acheter une petite machine comptable américaine de marque FRIDEN.
En janvier 1950, il faut encore solliciter un bon pour obtenir du benzène. La même année, dans un courrier à la Fédération, il est précisé que les montres de la Fabrique sont assemblées à partir d’ébauches DAMA, MHS, Jeambrun et Parrenin. Mais elle n’a jamais,malgré ses protestations, pu obtenir d’ébauches suisses.
En 1951, 96 montres sont exportées pour un montant de 427 000 F.
L’entreprise sera déclarée en faillite le 18 avril 1954 et disparaîtra totalement du paysage bisontin.
Annonce légale parue dans La France Horlogère
Sources : archives départementales, annuaire Davoine, France Horlogère. Photos DR.