Emmanuel Vantard, directeur du Foyer des Oiseaux
Interview de M Emmanuel Vantard directeur du Foyer Les Oiseaux
réalisée mardi 3 mars 2015, texte relu et complété, publié le 12 mars 2015
Depuis quand le Foyer existe-t-il ?
Il été construit en 1963 sous l’impulsion de l’association du foyer des jeunes travailleurs de Franche-Comté fondée en 1957 dont le 1er Président était de M Weil, industriel de la confection à Besançon. C’était l’époque de l’exode rural massif, il fallait des solutions d’hébergement pour les jeunes venus des campagnes environnantes pour travailler en ville. « Assurer l’accueil, l’hébergement, l’éducation et d’une façon générale toute l’aide matérielle et morale aux Jeunes Travailleurs », telle était sa vocation il y a 50 ans.
Combien de personnes résident-elles ici ? Qui sont-elles ?
C’est de l’ordre de 150. Cela peut varier d’un mois à l’autre, l’objectif étant de minimiser les contraintes d’accès au logement, les jeunes peuvent entrer ou sortir rapidement. On n’a pas de liste d’attente mais on est presque complet. Les jeunes logés ici ont entre 16 et 30 ans. Le Foyer est mixte depuis 1974, actuellement la proportion de garçons est de l’ordre de 60 % et 40 % de filles.
Vous proposez des hébergements à un prix situé entre 386 et 519 euros mensuels, n’est-ce pas cher pour des jeunes ?
Nous proposons différents types de logements (et non pas de l’hébergement !), allant de la chambre individuelle au studio, ainsi que des T3 en colocation. Tous sont meublés et équipés de sanitaires privatifs. Les jeunes s’acquittent d’une redevance qui comprend les charges (eau, électricité, chauffage, taxes, entretien, …), et diverses prestations comme le petit déjeuner, la fourniture et le blanchissage des draps, un accès à internet… L’établissement est aussi équipé d’ascenseurs, d’un garage pour deux roues, d’un accès sécurisé par badge et on assure une présence 24h/24. Donc non, à tout considérer, ce n’est pas cher. Nous sommes également conventionné avec l’Etat ce qui permet aux jeunes de recevoir l’APL et de réduire le coût du logement. Mais il est certain que nous accueillons des jeunes ayant un minimum de revenus et ayant un projet à défaut d’un emploi (un projet de formation par exemple). Les jeunes qui viennent ici ne trouvent pas seulement un logement mais également tout un accompagnement avec des possibilités de rencontre, de loisirs et de culture.
Vous avez aussi des personnes de passage ?
Oui, nous sommes affiliés à la Fédération Unies des Auberges de Jeunesse (FUAJ) et accueillons dans ce cadre des personnes de passage. Cela reste une activité annexe, principalement en période estivale. C’est un plus pour l’établissement en terme de mixité des personnes accueillies.
La restauration est aussi une activité importante ?
La restauration est une activité importante dans le sens qu’au-delà de sa fonction de « production alimentaire », elle se conçoit comme un espace de convivialité, de socialisation, de « vivre ensemble », … Elle est ouverte à tous sous condition d’adhésion à l’association. En plus des jeunes résidents qui fréquentent la restauration, il y a aussi des artisans, des salariés d’entreprises et d’administrations proches, des retraités qui aiment se retrouver ici et boire un café ensuite. C’est l’occasion de sortir de l’isolement.
Ajoutons que le foyer est équipé d’un composteur électromécanique qui permet de recycler les déchets organiques de la restauration et ceux des habitants proches du quartier qui le souhaitent. C’est une démarche éco-citoyenne et une ouverture supplémentaire du foyer sur le quartier.
Autant que le logement et les activités socio-éducatives et culturelles, la restauration associative fait partie intégrante du notre projet « habitat jeunes ».
A côté de l’hébergement et de la restauration, vous offrez de nombreuses animations et activités culturelles ?
La dimension culturelle est une particularité des Oiseaux. Depuis que l’ASEP est devenue autonome dans un autre local rue Résal, nous avons conservé les activités culturelles : du cinéma orienté art et essais le jeudi soir, des concerts ou spectacles vivants deux mardis par mois, des expositions renouvelées tous les 15 jours, et bien sûr la guinguette du dernier vendredi du mois qui a toujours un gros succès.
La programmation est réalisée par Olivier Brenet en fonction d’une ligne que nous avons définie. Voir la variété des spectacles proposés aux Oiseaux
Pour les concerts, sauf événement particulier, nous privilégions la scène locale. Nous accueillons des groupes qui ont déjà fait un peu leurs preuves.
Il y a aussi des animations (plus internes) qui sont proposées aux jeunes tel que des tournois de ping-pong, de billard, de la peinture, des sorties de ski, ou tout simplement un barbecue, un repas à thème. La participation des jeunes est variable.
Vous ne privilégiez pas l’aide sociale individuelle ?
Disons que nous sommes dans un accompagnement socio-éducatif qui se décline et se pratique de manière différente. Nous proposons aux jeunes un soutien, un étayage selon les nécessités individuelles et collectives. Ce mode d’accompagnement laisse une latitude d’action aux individus, en cohérence avec notre volonté d’accompagnement vers l’autonomie. Cependant, et lorsque les problématiques individuelles s’avèrent trop importantes, les partenariats développés avec d’autres structures d’accueil de la jeunesse prennent le relais. Ils offrent la possibilité d’une orientation au besoin, vers des dispositifs plus efficients et adaptés.
La plupart de vos offres culturelles et animations sont gratuites. Comment équilibrez vous votre budget ?
En effet, l’axe de gratuité est un élément fondamental de la politique culturelle de l’établissement. Nous souhaitons par ce biais favoriser un accès à une culture de qualité à destination de tous les publics. Beaucoup de personnes qui fréquentent nos activités culturelles, notamment du quartier, ne le feraient pas si c’était payant, quelque soit le tarif. Et puis notre programmation éclectique attire des personnes d’horizons différents, ce qui est aussi le but recherché et qui rejaillit positivement sur les résidents du foyer.
Pour parler budget, nous bénéficions pour les activités socio-éducatives et culturelles du soutien du Fonjep, de la CAF, du Département et de la Ville de Besançon. C’est un soutien primordial dans la réalisation de nos actions en direction de la jeunesse qui reste néanmoins partiel et qui ne couvre pas toutes les charges relatives à ces activités. Nous sommes donc en permanence en recherche de financements complémentaires. Le budget global de l’association tend à s’équilibrer en 2014, mais les équilibres restent « très fragiles ».
Le contexte de réduction des finances publiques nous inquiète particulièrement. Gageons que la jeunesse et la cohésion sociale n’auront pas trop à en pâtir…
Comment fonctionne cette structure ?
L’établissement est géré par une association de loi 1901. Le Conseil d’administration est composé de 14 membres élus et de membres invités. Il est présidé par Claude Koesler. Au niveau des services, nous sommes 34 salariés pour 30 ETP (équivalent temps plein).
Depuis quand êtes vous directeur ? Suite à quelle formation ?
Après d’autres postes similaires dans le milieu associatif, j’ai pris la direction des Oiseaux en janvier 2011. A la base j’ai une formation d’animateur professionnel, puis je me suis formé à la direction et obtenu un diplôme de dirigeant d’entreprise de l’économie sociale.
Quel lien avez-vous avec les Chaprais et que pensez-vous du quartier des Chaprais ?
Ne résidant pas dans le quartier, je ne peux pas donner un avis très développé. Je trouve le quartier plutôt calme. Je contribue à son animation en engageant, par exemple, le foyer dans la fête de quartier ou en hébergeant au foyer des associations du quartier, comme le club de l’Amitié (3ème âge). Nous accueillons aussi 2 AMAP, une chorale, des conférences… Tout ceci, avec nos activités culturelles et la restauration, contribue aussi à l’animation du quartier. Le Foyer est plutôt en bon terme avec le voisinage. Une fois que les gens sont venus nous voir, les préjugés peuvent tomber.
Que manque-t-il dans le quartier ?
Je relaie une demande concrète des jeunes du foyer. Beaucoup n’ont pas de voiture, ils voudraient pouvoir se déplacer en vélo. Nous suggérons à la ville d’étudier la possibilité de placer une station de Vélocité à proximité. Face à cette demande de vélos, on a bien essayé d’y répondre en interne, mais la gestion d’un parc de vélos est difficile si on n’est pas du métier.
Voir la page consacrée à la rue des Cras, Voir le portrait du directeur de l’ASEP