L’histoire de la rue de la Mouillère a fait le plein

L’histoire de la rue de la Mouillère a fait le plein

Une rue de petites entreprises notamment horlogères et la clinique Heitz d’un côté, le Casino et les Bains de l’autre


Chaque mois, les conférences d’histoire des Chaprais attirent la foule. Il faut refuser du monde. Désolé, la salle du Centre Pierre Mendès France ne peut pas recevoir davantage de participants.
Ce jeudi 9 février, c’est Delphine Lantuas, responsable de l’activité histoire de l’association Vivre aux Chaprais qui a brillamment animé cette réunion en présentant une masse de documents remarquables rassemblés par elle et les différents collectionneurs du groupe. Voici un petit aperçu de la première partie de son exposé.

rue de la Mouillère immeubles

Si les habitants actuels de la rue sont concentrés dans de grands immeubles côté impair, c’était plutôt l’inverse au XIX° siècle. De petites maisons côté pair et aucune construction côté impair.
Rue de la Mouillère plan 1862
Remarquez à droite le ruisseau de Fontaine Argent qui était encore à ciel ouvert et en haut à gauche la rue des Noyers (future rue Krug) très densément peuplée.
Progressivement des constructions se sont élevées en commençant par le haut (à l’angle de l’avenue Carnot)
Des horlogers s’installent là comme Paul Saintesprit au n° 3, Louis Pétolat au n° 5, Leroy au n° 7, Paul Humbert au numéro 13

L’immeuble nommé Champs Élysées à l’angle de l’avenue Fontaine Argent est remarquable à l’extérieur et à l’intérieur (son ascenseur qui ne dessert que l’étage supérieur) vers 1910
Carte postale ancienne de l'avenue Fontaine-Argent, au début du XX° siècle

Au rez-de chaussée une épicerie-bar et un dentiste à l’étage
rue de la Mouillère constructions
Après la deuxième guerre mondiale les constructions se multiplient
Auparavant on remarque d’autres entreprises

dont plusieurs sont au n° 13 comme une corroierie (travail du cuir après le tannage) , le marchand de fer Louis Grosperrin, la distillerie Faivre Chalon, l’horloger Humbert et la Gravure chimique … dans un passage qui rejoint le 14 de l’avenue Fontaine Argent
Faivre Chalon avenue Fontaine Argent 1900

le fabriquant de boutons Duverbecq, le serrurier-électricien Verdet

Au n° 11 se sont succédés des vétérinaires Gaston Prévot et André Perreau à côté d’ un entrepôt de Pateu-Robert

vétérinaire rue de la Mouillère

Au n° 15, le marchand de vins et cidres Louis Mouterde

Il a subi un grave incendie en 1904. La rue a d’ailleurs été plusieurs fois touchée par des incendies dont celui récemment en mars 2022, du bâtiment situé dans le passage du n° 13

incendie mouillère mars 22
La famille Grobost a établi au n° 15 une épicerie en gros

Plus bas, c’est la clinique du docteur Heitz

Clinique du dr Heltz
Son petit fils, présent dans la salle, le docteur Paul Heitz qui avait pris la succession a expliqué pourquoi et comment la clinique avait été agrandie à partir de 1964, avec une terrasse pour ne pas faire de l’ombre au SIDHOR
Rue de la Mouillère ex clinique

Ce remarquable bâtiment a été construit à l’angle de la rue des Chalets sur le terrain Marquis (un marchand de charbon, victime lui aussi d’un grave incendie
Rue de la Mouillère plan clinique Marquis

Les industriels bisontins de l’horlogerie comme Lip, Cheval et Augé se sont associés dans la SIDHOR (Société d’Investissement pour le Développement de l’Industrie Horlogère), au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Ils demandent en 1948 la construction d’une usine mutualisée au cabinet d’architecture d’Alfred Ferraz et de Lucien Seignol. Le bâtiment accueille un atelier de décolletage et taillage, un atelier de fabrique de ressorts, une manufacture de bracelets-montres et un atelier de fabrique d’assortiments.
Les architectes proposent un plan en croix de Saint-André de quatre niveaux posé sur un socle en rez-de-chaussée. Cette forme établit ainsi un partage des locaux et une bonne distribution de la lumière. Les poteaux en béton placés en retrait de la façade permettent l’installation de fenêtres en bandeaux, traitées en verre Thermolux sur une longueur de 133 m linéaires.

SIDHOR 23 rue de la Mouillère

L’entrée sur la rue de la Mouillère est surmontée du logotype sculpté de la société : l’aigle aux deux colonnes de Besançon posé sur un engrenage d’horlogerie. Il a été ravalé récemment.


aigle SIDHOR

A l’intérieur, le hall d’entrée de forme octogonale est éclairé par un lanterneau à deux niveaux de baies.
Par ce hall, on accède à l’escalier central à double révolution en béton armé, enroulé autour d’un ascenseur, qui distribue tous les ateliers.
escalier du SIDHOR

L’usine a cessé ses activités en 1982, les bâtiments, rachetés par un promoteur, sont divisés en bureaux et appartements.

Près du passage à niveau conduisant à la rue des Fontenottes se trouve actuellement un Petit Casino qui fut un hôtel-restaurant acquis en 1929 par Mlle Henriette Laclef (au 33 rue de la Mouillère)


Rue de la Mouillère jadis

La suite de l’exposé de Delphine Lantuas a été consacrée au côté pair de la rue avec le Casino, les Bains et les hôtels. On y reviendra.

histoire de la rue de la Mouillère par Delphine Lantuas

La prochaine réunion d’histoire aura lieu jeudi 9 mars à 15 h salle 4 du Centre Pierre Mendès France. Elle reprendra l’histoire des rues des Chaprais, du Cercle, du Château rose et de la Rotonde. Toutes les contributions sont les bienvenues. Réservation obligatoire par chaprais@gmail.com

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